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Allemagne: les taxis volants de Lilium sauvés par un repreneur
Le fabriquant allemand Lilium, pionnier dans le développement d'avions-taxis électriques, évite la liquidation grâce à un repreneur trouvé in extremis après un vif débat sur la capacité de l'Allemagne à soutenir de jeunes entreprises innovantes.
C'est un consortium "expérimenté d'investisseurs européens et nord-américains", dont l'identité n'est pas dévoilée, qui vient à la rescousse de l'une des start-up les plus en vue du pays, a annoncé mardi l'entreprise fondée en 2015 en Bavière.
Mobile Uplift Corporation GmbH, l'entité repreneuse enregistrée à Munich (sud), va acquérir les actifs de Lilium pour un montant non dévoilé.
Dans un secteur aérien mis au défi de réduire ses émissions de CO2, Lilium développe des jets électriques à décollage vertical promettant de transporter quatre à six passagers sur des distances allant jusqu'à 175 kilomètres, à une vitesse de 250 km/h.
Le sort de cette jeune pousse, qui avait déposé le bilan en octobre faute de liquidités, a suscité un vif débat en Allemagne, les uns y voyant un futur champion technologique abandonné par les pouvoirs publics, les autres se montrant sceptiques sur la solution technique et industrielle proposée par Lilium.
- Promesses non tenues -
Après le refus des députés allemands, cet automne, de contribuer au sauvetage de l'entreprise avec une garantie de 50 millions d'euros, la polémique s'était enflammée.
"Financer un appareil destiné aux riches avec l'argent des contribuables est une idée controversée en politique", avait commenté le journal économique Handelsblatt.
"C'est à cause d'eux que la créativité allemande se délocalise aux États-Unis, en France ou en Chine", avait tonné le chef du gouvernement régional de Bavière, Markus Söder, favorable à une aide publique.
La question est d'autant plus sensible dans une Allemagne qui doit réinventer son modèle économique et miser sur des industries d'avenir au moment où les secteurs traditionnels comme l'automobile et la chimie battent de l'aile.
Lilium était jusqu'alors financé uniquement par des investisseurs privés des États-Unis et de Chine, qui ont couvert près de 1,5 milliard de dollars de pertes cumulées à ce jour.
"Aucun programme aéronautique réussi au monde n'a jamais été mené sans un soutien public" aux côtés de fonds privés, estimait en octobre le patron de Lilium, Klaus Roewe, prenant l'exemple d'Airbus chez qui il a passé 30 ans de sa carrière.
Mais le financement n'est pas seul en cause, jugent les plus critiques : Lilium "ne s'est pas effondré à cause de l'absence d'une intervention étatique, mais en raison de l'incapacité à fournir des résultats concrets après des années de financement", observe le quotidien Süddeutsche Zeitung.
Alors qu'il y a trois ans, au moment de son entrée en Bourse, Lilium promettait un lancement commercial de ses avions en 2024, celui-ci est désormais annoncé pour 2026 avec un premier vol habité au début de l'année 2025.
- Ignorer le nouveau Tesla -
Le repreneur présenté mardi constitue "une avancée majeure", assure Klaus Roewe dans un communiqué.
La finalisation de la transaction début janvier devrait permettre la reprise des activités et des quelque 800 salariés renvoyés vendredi dernier.
Lilium revendique une centaine de commandes fermes, dont 50 en provenance de la compagnie aérienne publique saoudienne Saudia, et environ 700 pré-commandes dans le monde.
En parallèle, l'entreprise avait annoncé au printemps un investissement en France pour une usine d'assemblage et de fabrication de batteries.
Dans le même secteur, Volocopter, un autre acteur majeur de la mobilité aérienne en Allemagne, fait face aussi à des difficultés.
Son patron, Dirk Hoke, estime que le débat sur le développement de cette industrie est une "erreur", alors que la Chine a fait de ce secteur une priorité nationale et que d'autres pays, comme les États-Unis, développent déjà les infrastructures nécessaires.
Même constat pour Daniel Wiegand, un des fondateurs de Lilium : "il est fondamentalement faux de dire : prouvez-moi d'abord que toute la technologie est là, et ensuite j'investirai. C'est exactement l'erreur que nous commettons trop souvent ici en Allemagne (...) On ne peut pas investir seulement lorsque le risque est nul", disait-il dans une interview cet automne.
Ajoutant : "les critiques bruyants d'aujourd'hui sont les mêmes qui ne croyaient pas au succès de SpaceX ou Tesla il y a 20 ans".
A.Magalhes--PC