Portugal Colonial - La question du huis clos posée à l'ouverture du procès d'un mari qui faisait violer sa femme inconsciente

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La question du huis clos posée à l'ouverture du procès d'un mari qui faisait violer sa femme inconsciente

La question du huis clos posée à l'ouverture du procès d'un mari qui faisait violer sa femme inconsciente

Le procès de Dominique P., retraité accusé d'avoir drogué sa femme et recruté des inconnus pour la violer pendant dix ans, à leur domicile de Mazan, dans le sud de la France, s'est ouvert lundi à Avignon avec pour première joute l'épineuse question du huis clos.

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Le procès de cette affaire rarissime impliquant 50 co-accusés, prévu jusqu'en décembre, va-t-il se dérouler en public, comme l'ont réclamé l'ensemble des parties civiles, dont Gisèle P., l'épouse du principal accusé ? Ou au contraire aura-t-il lieu en l'absence du public et de la presse, comme l'ont souhaité l'avocat général et la défense ?

Cheveux roux coupés au carré et lunettes de soleil rondes, la principale victime, Gisèle P., 72 ans, "souhaite une publicité totale, publique, jusqu'au bout" des débats, a expliqué l'un de ses avocats, Stéphan Babonneau.

La cour criminelle du Vaucluse s'est retirée en fin de matinée pour trancher cette question, après avoir fait l'appel des accusés.

Dominique P., 71 ans, le mari et principal accusé, un homme robuste aux cheveux blancs, vêtu d'un t-shirt noir, s'est montré un brin provocateur lors de la vérification de son identité lançant: "Mon domicile, vous le connaissez, c'est la prison".

- "Un procès hors norme" -

Dans la salle, entourés de leurs conseils, les accusés comparaissant libres portent pour certains un masque anti-Covid sur le visage, lunettes de soleil en prime parfois, dans cette salle pouvant accueillir une centaine de personnes.

Emblématique de la question de la soumission chimique, ce procès devrait se tenir jusqu'au 20 décembre devant la cour criminelle du Vaucluse, exclusivement composée de magistrats professionnels.

Avant le début du procès, une quinzaine de membres de deux collectifs féministes, "Les Amazones d'Avignon" et "Osez le féminisme 84", ont manifesté devant le palais de Justice. Habillées de noir, elle ont notamment scandé "Violeurs, on vous voit, victimes, on vous croit".

"C'est enfin un procès très concret pour une femme mais aussi pour toutes les victimes de viol", a expliqué à l'AFP l'une d'elles, Anissia Docaigne. "On espère que la justice sera intransigeante, avec des peines pour tous les accusés", a-t-elle ajouté.

"C'est un procès hors norme" parce que "l'accusé principal veut emmener avec lui dans sa folie 50 accusés", a déclaré à l'AFP l'avocat de deux prévenus, Roland Marmillot.

Le mari a reconnu que, certains soirs, il administrait de puissants anxiolytiques à sa femme, à son insu. Du Temesta le plus souvent. Et il date les premiers faits de 2011, quand le couple vivait encore en région parisienne, puis ceux-ci se sont poursuivis jusqu'à l'automne 2020, après le déménagement du couple à Mazan en 2013.

Les accusés, dont 18 en détention provisoire, sont des hommes âgés de 21 à 68 ans au moment des faits.

Pompier, artisan, infirmier, gardien de prison, ou encore journaliste ; célibataires, mariés ou divorcés.

"Il n'y a pas de profil type du violeur. Le violeur, c'est Monsieur Tout-le-Monde", expliquait à l'AFP Véronique Le Goaziou, chercheuse associée au Laboratoire méditerranéen de sociologie, spécialiste des violences sexuelles.

La majorité des accusés sont venus une fois, dix plusieurs fois, jusqu'à six nuits parfois. Ils ne souffrent d'aucune pathologie psychique notable, selon des experts, qui pointent toutefois leur sentiment de "toute-puissance" sur le corps féminin.

Beaucoup maintiennent qu'ils pensaient seulement participer aux fantasmes d'un couple libertin.

Mais, selon le mari et principal accusé, 71 ans aujourd'hui, "tous savaient" que son épouse était droguée à son insu. Et pour l'instruction, "chaque individu disposait de son libre arbitre" et aurait pu "quitter les lieux".

Pour les hommes, recrutés sur coco.fr, un site de rencontres fermé depuis juin car accusé d'être un repaire de prédateurs sexuels, les consignes étaient strictes, afin de ne pas réveiller la victime: ni parfum ni odeur de cigarette, et se réchauffer les mains en les passant sous l'eau chaude.

- "Aucun souvenir" -

Et Gisèle P., ne s'est rendue compte de rien et a tout appris à 68 ans, lorsque l'enquête a débuté à l'automne 2020, après presque 50 ans de vie commune: son mari venait d'être surpris dans un centre commercial en train de filmer sous les jupes de clientes.

En fouillant son ordinateur, les enquêteurs découvrent des centaines de photos et vidéos d'elle, visiblement inconsciente, violée par des inconnus.

Pour elle, le procès s'annonce comme "une épreuve absolument terrible", avait confié Me Antoine Camus, un de ses avocats, à l'AFP. Elle "va vivre pour la première fois, en différé, les viols qu'elle a subis pendant dix ans", car elle n'en a "aucun souvenir".

Dominique P., qui participait aux viols et les filmait, ne réclamait aucune contrepartie financière.

Traqué par le pôle "cold cases" de Nanterre en région parisienne, le principal accusé a été mis en cause dans deux autres dossiers, un meurtre avec viol à Paris en 1991 qu'il nie, et une tentative de viol en Seine-et-Marne en 1999, qu'il reconnaît, après avoir été confondu par son ADN.

P.Sousa--PC