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Les personnes âgées, victimes moins connues du virus de la bronchiolite
Les personnes âgées, victimes moins connues du virus de la bronchiolite / Photo: Pascal POCHARD-CASABIANCA - AFP/Archives

Les personnes âgées, victimes moins connues du virus de la bronchiolite

Le virus responsable de la bronchiolite chez les nourrissons fait aussi des victimes chez les personnes âgées, avec des conséquences souvent graves mais beaucoup moins connues, que pourrait empêcher l'arrivée imminente de différents vaccins.

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Chaque hiver, la bronchiolite est sous le feu des projecteurs: ses symptômes chez les tout-petits sont impressionnants (toux et respiration sifflante), bien que l'épisode soit généralement sans danger --sauf complications. Cette année notamment, elle a été à l'origine d'une épidémie d'une ampleur sans précédent depuis plus de dix ans.

Cette infection des petites bronches est le plus souvent due à un virus dit respiratoire syncitial (VRS) très répandu et très contagieux.

Ce que l'on sait beaucoup moins, c'est que ce virus touche aussi les adultes.

"Quand le VRS circule, généralement pendant cinq mois de l'année, il infecte toutes les tranches d'âge. Mais chez les personnes de plus de 60 ans, ses conséquences peuvent être bien plus graves que chez les nourrissons", explique à l'AFP Astrid Vabret, cheffe de service de virologie du CHU de Caen.

Certes, un adulte en bonne santé qui contracte le virus a de bonnes chances de développer une infection banale qui ressemble à un rhume, voire même d'être asymptomatique. Par conséquent, beaucoup de personnes transportent le virus et sont contagieuses sans le savoir.

Or, chez un sujet âgé, le virus peut entraîner une déshydratation, des difficultés respiratoires et des affections plus graves comme une pneumonie. Il peut également aggraver des affections chroniques telles que l'asthme, le diabète, ou des maladies du cœur et des poumons.

"Ces +décompensations+ peuvent être plus ou moins sévères. Dans certains cas, elles peuvent conduire en réanimation", souligne Bruno Crestani, pneumologue à l'hôpital Bichat (AP-HP) et président de la Fondation du souffle.

- "Limiter les épidémies" -

Selon les spécialistes, le VRS pourrait être tout aussi grave que le virus grippal. "Le problème, c'est que son poids est certainement très sous-estimé car les tests établissant son diagnostic ne se font que dans les hôpitaux, et encore, pas dans tous", glisse la Pr Vabret.

S'il existe en France une surveillance des cas de bronchiolite chez l'enfant, il n'y a pas l'équivalent pour les personnes adultes vulnérables.

"Le VRS est un virus qui ressemble beaucoup à la grippe", décrit Christophe Trivalle, gériatre à l’hôpital Paul-Brousse (AP-HP). "Jusqu'à présent on l'identifiait assez mal mais cela a un peu changé avec le Covid, qui a popularisé les tests PCR", ajoute-t-il.

Selon le géant pharmaceutique britannique GSK, l'infection entraînerait chaque année en Europe 270.000 hospitalisations et environ 20.000 décès à l'hôpital de patients âgés de 60 ans et plus.

Aux Etats-Unis, les Centers for Disease Control (les centres de contrôle et de prévention des maladies) estiment que le VRS entraîne chaque année l'hospitalisation de 60.000 à 160.000 personnes âgées, dont 6.000 à 10.000 décèdent.

La donne pourrait changer avec l'arrivée imminente de futurs vaccins. Le groupe pharmaceutique britannique GSK a annoncé jeudi avoir obtenu un avis favorable de l'Agence européenne du médicament (EMA) pour son vaccin destiné aux seniors contre le VRS.

La décision finale de la Commission européenne est attendue pour juillet 2023.

Les laboratoires Pfizer et Moderna développent par ailleurs chacun un vaccin VRS pour les personnes âgées, qui sont actuellement en cours d'examen.

"Le vaccin sera intéressant pour les personnes qui en ont le plus besoin, comme celles qui ont une maladie sous-jacente", estime Bruno Crestani. "Reste à savoir combien de milliers de personnes il va falloir vacciner pour protéger d'une hospitalisation ou d'un décès", ajoute-t-il.

Pour Christophe Trivalle, l'arrivée de vaccins chez l'adulte est plutôt une bonne nouvelle, à titre individuel, mais aussi "pour limiter les épidémies en collectivité comme dans les Ehpads".

E.Paulino--PC