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De retour au pays, l'ambassadeur sud-africain expulsé des Etats-Unis défie Trump
L'ambassadeur d'Afrique du Sud expulsé des Etats-Unis est rentré dimanche au pays en disant n'avoir "aucun regret" d'avoir défendu ses "valeurs" en critiquant Donald Trump, qui ne cesse de s'en prendre à Pretoria depuis son retour au pouvoir.
Les Etats-Unis avaient ordonné le 14 mars à Ebrahim Rasool de quitter leur territoire après avoir été déclaré "persona non grata" par le chef de la diplomatie américaine, Marco Rubio, qui l'a accusé d'être un "homme politique raciste qui déteste l'Amérique" et le président américain Donald Trump.
L'ambassadeur sud-africain à Washington avait ce jour-là accusé Donald Trump de "mobiliser un suprémacisme contre le pouvoir en place".
Donald Trump a multiplié les critiques envers l'Afrique du Sud depuis son retour au pouvoir en janvier. En février, il a annoncé couper les aides américaines à Pretoria en l'accusant de vouloir exproprier les fermiers blancs, par le biais d'une loi selon lui discriminatoire envers cette minorité, descendante de colons européens.
Il a également attaqué l'Afrique du Sud pour sa plainte pour génocide à Gaza visant Israël, dont M. Trump est un indéfectible soutien, devant la Cour internationale de justice.
"Nous n'avons pas choisi de rentrer chez nous, mais nous rentrons sans regrets", a déclaré dimanche M. Rasool devant plusieurs centaines de personnes venues l'accueillir à son arrivée à l'aéroport du Cap après un voyage de plus de 30 heures via Doha, la capitale qatarie.
"Nous aurions aimé revenir et avoir un accueil comme celui-ci en ayant détourné les mensonges d'un génocide blanc en Afrique du Sud, mais nous n'avons pas réussi en Amérique sur ce point", a-t-il déclaré avec un mégaphone.
Cet ancien militant anti-apartheid a défendu ses propos sur Donald Trump, affirmant qu'il analysait un phénomène politique et avertissant les Sud-Africains que "l'ancienne façon de faire des affaires avec les États-Unis n'allait pas fonctionner".
"Ces Etats-Unis ne sont pas les États-Unis d'Obama ou de Clinton, ce sont des Etats-Unis différents, et par conséquent notre langage doit changer, non seulement en matière transactionnelle, mais aussi face à un groupe qui a clairement identifié une communauté blanche marginale en Afrique du Sud comme membre de son corps électoral", a-t-il ajouté.
- "Un insigne de dignité" -
L'expulsion de l'ambassadeur Rasool est une mesure "sans précédent" et un "développement regrettable", avait souligné le ministère des Affaires étrangères à Pretoria après l'annonce de cette décision.
L'Afrique du Sud, qui préside actuellement le Groupe des 20 principales économies mondiales (G20), a déclaré cette semaine qu'elle considérait l'amélioration de ses relations avec les États-Unis comme une "priorité". "Ils sont notre deuxième partenaire commercial après la Chine", a souligné le président Cyril Ramaphosa.
Au niveau économique, l'Afrique du Sud craint notamment d'être exclue des accords AGOA qui donnent accès à certains produits africains au marché américain sans droits de douane, et dont elle est un des principaux bénéficiaires.
Selon M. Rasool, qui doit remettre un rapport au président Ramaphosa lundi, Pretoria ne devrait pas essayer de rétablir ses liens avec Washington "sans sacrifier nos valeurs".
"La déclaration de persona non grata est destinée à vous humilier (...) mais je (la) porterai comme un insigne de dignité, de nos valeurs et du fait que nous avons fait ce qu'il fallait", a-t-il encore déclaré dimanche.
Son expulsion a suscité énormément de réactions dans la première économie d'Afrique. Le parti de gauche radical EFF, arrivé quatrième aux élections de l'an passé avec un peu moins de 10% des voix, a accusé Donald Trump d'être le "grand sorcier d'un Ku Klux Klan mondial".
Le président américain n'a pas fourni les preuves de ses accusations de politique discriminatoire de Pretoria envers la minorité blanche, également formulées par son allié Elon Musk, natif d'Afrique du Sud. M. Trump a également invité ces fermiers à s'installer aux Etats-Unis.
Pretoria a dénoncé une "campagne de désinformation et de propagande". Selon divers experts et analystes, aucune terre n'a été confisquée et la loi dénoncée par M. Trump précise que le gouvernement doit payer une compensation "équitable" pour toute expropriation.
E.Borba--PC