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Ronen Bar, le chef du Shin Bet devenu la bête noire de la droite israélienne
Ronen Bar, le chef du Shin Bet devenu la bête noire de la droite israélienne / Photo: YOSSI ZELIGER - AFP/Archives

Ronen Bar, le chef du Shin Bet devenu la bête noire de la droite israélienne

Limogé vendredi par le gouvernement israélien de Benjamin Netanyahu, le chef du Shin Bet Ronen Bar s'est attiré les foudres de la droite pour avoir notamment évoqué un "terrorisme juif" et multiplié les enquêtes visant le pouvoir.

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Traits marqués, cheveux ras poivre et sel, cet officier de 59 ans a gravi pendant trois décennies les échelons qui l'ont mené à la tête des services de sécurité intérieure israéliens, à laquelle il est nommé en octobre 2021 par la précédente majorité.

M. Netanyahu a justifié son limogeage, qui doit prendre effet au plus tard le 10 avril, par une "perte de confiance professionnelle et personnelle persistante".

Ancien de l'unité d'élite de l'armée israélienne Sayeret Matkal -- comme M. Netanyahu --, Ronen Bar a pour sa part jugé son départ motivé par "l'interêt personnel" du dirigeant, évoquant "les enquêtes en cours sur les événements qui ont conduit au 7-Octobre" et celle sur des versements présumés du Qatar à des proches de celui-ci.

L'officier, dont l'annonce du limogeage a provoqué des manifestations, a assuré qu'il continuerait à "remplir son rôle", et qu'il se défendrait devant les "instances appropriées", ce qui laisse présager une bataille judiciaire avec l'exécutif.

Arabophone, diplômé en sciences politiques et en philosophie de l'Université de Tel-Aviv et titulaire d'un master d'administration publique à Harvard, Ronen Bar, né en décembre 1965, entre au Shin Bet en 1993, selon les médias israéliens.

- Nombreuses opérations -

Il commence comme agent de terrain dans l'unité opérationnelle de l'organisation, participant à de nombreuses opérations dans la bande de Gaza, en Cisjordanie occupée et au Liban.

En 2011, il est nommé chef de la Division des opérations et dirige celle qui conduit à l'assassinat d'Ahmed Jabari, le commandant de facto de la branche armée du Hamas.

Trois ans plus tard, il mène les opérations de recherche de trois adolescents israéliens kidnappés à Hébron, puis, leurs corps retrouvés, la traque de leurs meurtriers.

En 2018, il est promu numéro deux de l'organisation. Puis, le 11 octobre 2021, il prend la tête du Shin Bet pour un mandat de cinq ans.

Mais rapidement, ses prises de positions créent des dissensions avec le gouvernement de Benjamin Netanyahu, revenu au pouvoir fin 2022 et soutenu par l'extrême droite favorable à la colonisation. Ronen Bar dit lutter aussi contre le "terrorisme juif" qui, selon ses propos rapportés par les médias, contribue à alimenter le "terrorisme palestinien".

- 7-Octobre et "Qatargate" -

En 2023, il avertit le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir (extrême droite) que l'action de la police à Jérusalem-Est, annexée par Israël, crée un sentiment de punition collective et de harcèlement parmi la population palestinienne. Il lui demande aussi de ne pas se rendre sur le Mont du Temple -- ou esplanade des Mosquées --, site ultra-sensible de la Vieille ville de Jérusalem. Mais le ministre ignore ses mises en garde.

En mars 2023, dans un contexte de manifestations de masse contre une réforme judiciaire initiée en janvier, il dit à M. Netanyahu, encore dans des propos rapportés par les médias, qu'il y a une "convergence entre les menaces de sécurité et la situation sociale en Israël".

Selon Yossi Shain, professeur de sciences politiques à l'Université de Tel-Aviv, son sort est scellé par sa mise en cause de l'exécutif dans le fiasco de l'attaque sanglante du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, et par l'enquête du Shin Bet sur l'affaire, baptisée "Qatargate" par les médias, impliquant des proches de M. Netanyahu pour des versements occultes présumés du Qatar.

Son limogeage est aussi "une promesse qu'il (M. Netanyahu) avait faite à Itamar Ben Gvir et (au ministre des Finances d'extrême droite) Bezalel Smotrich pour assurer sa coalition", explique l'universitaire, soulignant que Ronen Bar était devenu leur "bête noire".

Après avoir quitté le gouvernement le 19 janvier pour protester contre la trêve conclue avec le Hamas, M. Ben Gvir a été officiellement rétabli dans ses fonctions de ministre de Sécurité nationale mercredi. Trois jours après l'annonce par M. Netanyahu du limogeage imminent de M. Bar.

P.Serra--PC