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Trump veut rallier un Poutine récalcitrant à la trêve en Ukraine
Donald Trump veut convaincre mardi Vladimir Poutine d'accepter son projet de trêve en Ukraine et s'est déjà dit disposé à parler de "partage" de terres avec son homologue russe, une perspective extrêmement inquiétante pour Kiev.
Le président américain, qui a initié un spectaculaire rapprochement avec le maître du Kremlin, a écrit lundi sur sa plateforme Truth Social que de "nombreux éléments" sur une cessation des hostilités avaient "été convenus". "Mais beaucoup restent encore" à négocier, selon lui.
Le républicain, qui aborde les négociations diplomatiques comme un marchandage commercial, avait parlé dimanche de "partages" entre Moscou et Kiev, évoquant des "terres" et des sites de "production d'énergie".
Donald Trump semble donc prêt à discuter de l'octroi à la Russie de territoires ukrainiens occupés, pour convaincre un Vladimir Poutine jusqu'ici sceptique sur un cessez-le-feu et à plus long terme un accord de paix.
Le média américain Semafor croit savoir que le président américain envisage en particulier de reconnaître comme russe la péninsule ukrainienne de Crimée, annexée de force en 2014 par la Russie.
Le locataire de la Maison Blanche a aussi évoqué à plusieurs reprises mais de manière assez peu claire la situation de soldats ukrainiens selon lui "encerclés" par des forces russes, en demandant à la Russie de les épargner.
- "Sans conditions" -
Le chef de la diplomatie ukrainienne, Andriï Sybiga, a quant à lui martelé mardi que Moscou devait accepter une trêve "sans conditions".
La conversation téléphonique entre les présidents américain et russe est prévue pour durer de 13H00 à 15H00 GMT, selon le Kremlin. Elle pourrait toutefois démarrer plus tard, Vladimir Poutine participant en début d'après-midi (heure locale) à une réunion avec des entrepreneurs russes.
L'échange sera suivi avec anxiété à Kiev et avec grande attention dans les capitales européennes, où l'on redoute que Donald Trump n'accorde trop de largesses à son homologue russe, perçu comme une menace à l'échelle continentale.
Des représentants russes et américains négocient depuis que l'Ukraine a accepté, sous la pression de Washington, l'idée d'un cessez-le-feu inconditionnel de 30 jours.
Vladimir Poutine, qui a l'avantage militaire sur le terrain, a pris soin de ne pas refuser cette idée mais a publiquement exprimé des réticences.
"Il y a certaines ententes, bien sûr. Mais il y a aussi un grand nombre de questions liées à la poursuite de la normalisation de nos relations (avec Washington) et à la question ukrainienne, dont les deux présidents doivent discuter", a résumé mardi Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin.
Il a aussi présenté l'entretien Trump-Poutine comme "une conversation dans une chaîne d'actions visant à établir un dialogue".
- "Affaiblir" la Russie -
Alors que Washington a laissé entendre que certaines sanctions visant Moscou pourraient être levées en cas d'accord sur l'Ukraine, Vladimir Poutine a estimé mardi que les Occidentaux continueront quoi qu'il arrive d'essayer d'"affaiblir" la Russie.
Le président américain a repris sur plusieurs points la rhétorique et des contre-vérités du Kremlin, tout en vantant la possible coopération économique des Etats-Unis avec la Russie.
Il a déjà accédé à des revendications russes, en jugeant impossible le maintien de l'intégrité territoriale de l'Ukraine et son adhésion à l'Otan.
Donald Trump, qui s'est déjà entretenu une première fois, officiellement, avec Vladimir Poutine le 12 février, a aussi publiquement rabroué le chef de l'Etat ukrainien Volodymyr Zelensky à la Maison Banche.
Il avait ensuite suspendu l'aide militaire et en renseignements à Kiev, ne les rétablissant que lorsque l'Ukraine avait entériné son projet de trêve.
La Russie n'a pour sa part fait état d'aucune concession de fond, réclamant toujours cinq régions ukrainiennes dont la Crimée.
Vladimir Poutine a aussi jugé qu'une cessation provisoire des combats dépendrait de la situation dans la région russe de Koursk, où les forces de Moscou ont repris depuis début mars la quasi-totalité des territoires occupés par les troupes de Kiev, qui perdent ainsi une monnaie d'échange dans les négociations.
Des Russes, qui ont passé sept mois coupés du monde dans des localités sous contrôle ukrainien visées par de nombreux bombardements, ont pu sortir de la zone ces derniers jours.
Olga Chkouratova raconte à l'AFP tout juste quitter les "décombres" de son village de Gontcharovka. Elle y a perdu la semaine passée "papy" Nikolaï, son mari de 73 ans.
"Un obus est tombé et tout a été soufflé en une seconde: plus de maison, plus de garage, plus de grange. Et papy a été écrasé sous (le poids du) garage", explique-t-elle, émue.
H.Portela--PC