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Trump embarrasse le chef de l'Otan en parlant d'annexion du Groenland
Venu plaider la cause de l'Otan auprès de Donald Trump, le chef de l'alliance de défense, Mark Rutte, s'est retrouvé en délicate posture lorsque le président américain a répété son intention d'annexer le Groenland.
Le républicain a été interrogé dans le Bureau ovale sur sa volonté de rattacher aux Etats-Unis l'immense île arctique, un territoire autonome du Danemark, pays qui est membre fondateur de l'Otan.
"Cela va arriver", a-t-il assuré.
Désignant Mark Rutte, installé à ses côtés, Donald Trump a ensuite dit: "Je suis assis ici avec un homme qui pourrait jouer un rôle clé" dans cette affaire, et ajouté: "Vous savez Mark, nous en avons besoin pour la sécurité internationale."
"S'agissant du Groenland et de rejoindre ou non les Etats-Unis, je vais rester en dehors de cette discussion", a réagi l'intéressé, avec un petit rire embarrassé, en ajoutant qu'il ne voulait pas "entraîner l'Otan là-dedans".
Après des élections législatives, le Groenland cherche un gouvernement de coalition capable de déterminer la marche vers l'indépendance, pour contrer justement les appétits de Donald Trump.
- "Travail fantastique" -
Le président américain a toutefois eu des mots flatteurs pour son invité, estimant qu'il faisait un "travail fantastique" à la tête de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord.
Il a embrayé en assurant que l'Otan était "devenue bien plus solide grâce à (sa propre) action", lorsque, pendant son premier mandat (2017-2021), il avait réclamé que les pays membres augmentent leurs budgets de défense.
La visite intervient dans un moment délicat pour la guerre en Ukraine.
Donald Trump a jugé jeudi que Vladimir Poutine avait fait une déclaration "très prometteuse" sur une trêve dans le conflit déclenché par l'invasion russe de 2022, tout en jugeant qu'elle n'était "pas complète".
Le président russe a dit que son pays était "pour" un cessez-le-feu mais évoqué des "questions importantes à régler", après que les Etats-Unis et l'Ukraine ont élaboré un plan pour une trêve de trente jours pendant des discussions en Arabie Saoudite.
Mark Rutte a de son côté "salué" l'action de Donald Trump, jugeant qu'il avait "sorti (la situation en Ukraine) de l'impasse".
Il a aussi souligné que les dépenses de défense des Européens avaient fortement augmenté pendant le premier mandat Trump et évoqué les annonces faites depuis son retour au pouvoir le 20 janvier.
"Ce qui s'est passé ces dernières semaines est vraiment impressionnant" a dit l'ancien Premier ministre néerlandais, en soulignant par exemple les discussions en Allemagne sur d'énormes investissements militaires et les projets de l'Union européenne en la matière.
- Critiques -
Si les alliés des Etats-Unis prévoient pour certains de gonfler leurs dépenses militaires, c'est parce qu'ils s'inquiètent de la volonté affichée du président américain de rompre avec l'héritage diplomatique de la première puissance mondiale, et particulièrement avec son rôle de garante de la sécurité des démocraties occidentales.
Le milliardaire républicain de 78 ans n'a pas tempéré ses critiques contre l'Otan depuis son retour à la Maison Blanche, bien au contraire.
"S'ils ne paient pas, je ne vais pas les défendre", avait-il lancé récemment.
"Mon plus gros problème avec l'Otan (...) c'est que si les Etats-Unis avaient un problème et qu'on appelait la France ou d'autres pays que je ne nommerais pas en disant +on a un problème+, vous pensez qu'ils viendraient nous aider, comme ils sont censés le faire? Je n'en suis pas sûr...", avait également dit Donald Trump, s'attirant une réponse sèche du président français Emmanuel Macron sur le "respect" nécessaire entre pays alliés.
Derrière ces critiques de Donald Trump, c'est bien la raison d'être de l'Otan qui est questionnée, en particulier le célèbre article 5 qui pose le principe de défense mutuelle - si un pays membre est attaqué, tous les autres doivent se porter à son secours.
Cet article n'a été invoqué qu'une seule fois, après les attentats du 11 septembre 2001 à New York.
Washington veut désormais que les pays membres de l'alliance portent leurs budgets militaires à 5% du produit intérieur brut.
C'est bien plus que les 2% aujourd'hui en vigueur, un seuil qui n'a pas été atteint par 9 des 32 pays membres l'an dernier, selon l'Otan. Les Etats-Unis étaient à 3,4% en 2024.
T.Resende--PC