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Le président sud-coréen déchu résiste à son arrestation
Le président sud-coréen déchu résiste à son arrestation / Photo: Philip FONG - AFP

Le président sud-coréen déchu résiste à son arrestation

Le président sud-coréen déchu Yoon Suk Yeol résiste jeudi pour le troisième jour consécutif à son arrestation, promettant de "se battre jusqu'à la fin" contre les autorités qui cherchent à l'interroger sur sa tentative ratée d'imposer la loi martiale.

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Le Bureau d'enquête sur la corruption des hautes personnalités (CIO), qui centralise les investigations sur le coup de force du 3 décembre, a jusqu'au 6 janvier pour exécuter le mandat d'arrêt délivré par un tribunal de Séoul contre M. Yoon.

Le CIO a demandé ce mandat d'arrêt après que le président déchu a ignoré trois convocations consécutives pour être interrogé. Le service de sécurité présidentiel, invoquant le secret-défense, empêche par ailleurs les enquêteurs d'entrer au domicile et au bureau de M. Yoon pour perquisitionner.

Yoon Suk Yeol avait sidéré la Corée du Sud dans la nuit du 3 au 4 décembre en imposant la loi martiale et en envoyant l'armée au Parlement pour tenter de le museler, un épisode qui avait rappelé au pays les heures sombres de la dictature militaire.

Il avait été forcé de faire marche arrière quelques heures plus tard, les députés ayant réussi à entrer dans le Parlement et à voter une motion exigeant la levée de la loi martiale pendant que leurs assistants bloquaient les portes de l'hémicycle avec des meubles et que des milliers de manifestants prodémocratie se rassemblaient à l'extérieur.

Yoon Suk Yeol a été destitué par le Parlement le 14 octobre et fait l'objet d'une enquête pour "rébellion", un crime passible de la peine capitale.

Depuis que le mandat d'arrêt a été lancé mardi, des partisans et des détracteurs de M. Yoon manifestent quasiment en permanence près de sa résidence à Séoul, s'invectivant mutuellement par-dessus les policiers qui les séparent.

- "Délirant" -

L'ancien procureur vedette de 64 ans n'a manifesté aucune contrition depuis sa destitution, allant jusqu'à envoyer un message de défiance à sa base.

"La République de Corée est actuellement en danger en raison des forces internes et externes qui menacent sa souveraineté, et des activités des éléments anti-étatiques", a-t-il écrit dans une lettre distribuée à ses partisans qui campent près de son domicile, et dont l'authenticité a été confirmée à l'AFP par son avocat Yoon Kab-keun.

"Je jure de me battre à vos côtés jusqu'à la fin pour protéger cette nation", a-t-il ajouté, en révélant qu'il regardait les manifestations devant chez lui en direct sur YouTube.

Un message "délirant", a dénoncé Jo Seoung-lae, le porte-parole du Parti démocrate, principale force d'opposition, accusant M. Yoon d'incitation à la violence.

Le président déchu, qui n'a pas le droit de quitter le pays, se trouve toujours à Séoul, a confirmé son avocat à l'AFP. Son équipe juridique a intenté un recours contre le mandat d'arrêt, soutenant qu'il est "illégal et invalide".

Le chef du CIO, Oh Dong-woon, a averti que quiconque tenterait d'empêcher l'arrestation de M. Yoon pourrait lui-même faire l'objet de poursuites.

Il est déjà arrivé, en 2000 et 2004, que les autorités sud-coréennes échouent à arrêter des élus recherchés par la justice parce qu'une foule de partisans avait empêché la police de s'emparer des suspects pendant les sept jours durant lesquels les mandats d'arrêt étaient valides.

M. Yoon est actuellement suspendu, dans l'attente que la Cour constitutionnelle valide ou invalide d'ici la mi-juin la destitution votée par les députés. Il reste sur le papier le président du pays.

La crise s'est aggravée vendredi quand le Premier ministre Han Duck-soo, qui assurait l'intérim de la présidence, a été à son tour destitué par le Parlement.

Les pouvoirs présidentiels sont désormais entre les mains du ministre des Finances Choi Sang-mok, qui a promis de faire tout son possible pour mettre fin au chaos politique.

Depuis, M. Yoon a partiellement accédé à une demande de l'opposition en nommant deux nouveaux juges à la Cour constitutionnelle, dont trois des neuf sièges sont vacants. Cette cour doit se prononcer à la majorité des deux tiers pour confirmer la destitution du président, faute de quoi celui-ci retrouvera automatiquement son fauteuil.

A.S.Diogo--PC