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Bayrou, Cazeneuve... ou Lescure? Macron attendu à Paris pour nommer un Premier ministre
Après une visite en Pologne, Emmanuel Macron est attendu à Paris jeudi en début de soirée pour nommer un Premier ministre qui devra rechercher un accord pour survivre plus longtemps que l'éphémère Michel Barnier et faire adopter un budget, dans un paysage politique fracturé.
Quel nom pour extirper le pays d'une crise politique sans précédent ? François Bayrou, le fidèle allié centriste qui attend toujours son heure et semblait cette fois favori ? Ou bien Bernard Cazeneuve, pour récompenser les gages donnés par le Parti socialiste, dont certains députés, parmi lesquels l'ex-président François Hollande, adoubent in extremis l'ancien Premier ministre ?
A moins qu'à ces deux ténors, le chef de l'Etat préfère un animateur d'équipe moins connu des Français.
Jeudi après-midi, plusieurs députés du Rassemblement national, dont les cadres Sébastien Chenu et Jean-Philippe Tanguy, ont marqué successivement sur X leur hostilité à une nomination de Roland Lescure, ex-ministre macroniste de l'Industrie dont le nom a aussi circulé depuis mercredi. "Roland Lescure ? Motion de censure", a même écrit la porte-parole du groupe lepéniste Laure Lavalette, avant d'effacer son message.
Des sources parlementaires ont confirmé que le nom de ce député social-libéral des Français établis en Amérique du Nord, qui avait critiqué le poids du parti de Marine Le Pen dans la naissance du gouvernement Barnier, était en effet sur la table.
Il s'est rendu mercredi à l'Elysée... pour la remise de la Légion d'honneur à l'entrepreneur québecois Serge Godin, selon son entourage.
C'est "sérieux", avance même l'entourage du ministre démissionnaire de l'Intérieur, Bruno Retailleau, assurant que ce serait un "gros problème" pour son parti, Les Républicains, car Roland Lescure "porte une ligne inverse" sur l'immigration.
"Mais personne n'est accordé autour du président", tempère un proche d'Emmanuel Macron.
Sauf nouveau retard, toujours possible avec le locataire de l'Elysée, c'est en tout cas théoriquement le jour J.
Le président avait promis mardi après-midi un chef de gouvernement "dans les 48 heures". Un serment fait aux dirigeants de formations d'un arc allant des communistes à la droite, réunis en quête de compromis et en l'absence du RN et de La France insoumise.
Emmanuel Macron a quitté Varsovie vers 17H30 pour regagner Paris lors d'un vol d'environ deux heures. Une fois à l'Elysée, il pourrait recevoir son candidat et dévoiler son nom.
- "Pacte de non censure" -
Le président a tenté de s'assurer ces derniers jours que le futur exécutif bénéficiera d'un "pacte de non censure" de la part notamment du Parti socialiste, voire des Ecologistes.
François Bayrou, lui, propose de longue date au chef de l'Etat un gouvernement de ténors susceptibles de convaincre suffisamment de députés, sans attendre un accord formel entre les chefs de parti.
Le premier secrétaire du PS Olivier Faure avait refusé publiquement mercredi l'option Bayrou, plaidant pour un Premier ministre de gauche.
"Les Français veulent un peu d'enthousiasme, d'élan, de souffle, un truc nouveau quoi", a lancé à son tour jeudi la patronne des Ecologistes Marine Tondelier sur France 2, appelant Emmanuel Macron "à sortir de sa zone de confort".
Elle a rejeté ceux qui incarnent le "passé" à ses yeux: François Bayrou mais aussi l'ex-socialiste Cazeneuve, que le président avait consulté formellement en septembre sans toutefois le nommer, mais dont la cote semble être remontée ces dernières heures.
Celui qui est devenu avocat "est dans le même état d'esprit qu'auparavant, inquiet de la gravité de la situation, et conscient de l'impossibilité de se dérober si on fait appel à lui", glisse un député proche du dernier Premier ministre de François Hollande.
Dans l'aile droite de la macronie, on préférerait l'inamovible ministre des Armées Sébastien Lecornu, très proche du président, ou sa collègue Catherine Vautrin.
Certains redoutent aussi que LR, après avoir participé à l'aventure Barnier, se défile face à un gouvernement plus marqué à gauche.
- L'ombre Sarkozy -
A droite, François Bayrou suscite en outre une certaine hostilité: toute la journée de mercredi, les couloirs ont bruissé d'un veto de l'ex-chef de l'Etat Nicolas Sarkozy, qui ne digère pas son vote pour François Hollande face à lui lors de la présidentielle de 2012.
"Qui écoute encore Sarkozy chez les Républicains ?", faisait mine de s'interroger un allié du centriste pour balayer cette menace.
Il y a en tout cas urgence. La chute de Michel Barnier, renversé par les députés lors d'une censure inédite depuis 1962, laisse le pays sans budget pour 2025.
Un projet de loi spéciale pour éviter une paralysie de l'Etat a été présenté mercredi en Conseil des ministres et démarre son parcours parlementaire express qui devrait permettre son adoption la semaine prochaine. Mais il ne permet pas de reconduire de nombreuses dispositions anciennes ou nouvelles favorables aux Français et aux entreprises.
A.Motta--PC