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Après des décennies de présence, les avions de chasse français quittent le Tchad
Les avions de chasse français, qui par le passé sont souvent intervenus en appui au pouvoir tchadien, ont quitté N'Djamena, mardi, première étape du retrait historique de l'armée française du Tchad après plus de soixante ans de coopération militaire.
Le départ des Mirage fait suite à l'annonce par le Tchad, fin novembre, au moment de l'anniversaire de son indépendance, de mettre fin aux accords de sécurité et de défense qui le liaient à la France depuis la fin de la colonisation.
"Prenant acte de cette décision (...) les armées françaises retirent ce jour la capacité chasse présente à N'Djamena", a déclaré mardi l'état-major des armées françaises dans un communiqué.
Le ministre tchadien des Affaires étrangères, Abderaman Koulamallah, a pour sa part salué dans un communiqué "le départ définitif des avions de chasse Mirage (....) première étape du désengagement des forces militaires françaises stationnées au Tchad", avant "le désengagement progressif des forces terrestres dans les semaines à venir".
Deux Mirage 2000D accompagnés d'un avion ravitailleur ont décollé peu avant 12H30 GMT de la base aérienne de Kossei, a affirmé à l'AFP une source française proche du dossier. Le troisième a décollé plus tard.
"Les modalités du désengagement des autres capacités militaires françaises présentes au Tchad font l'objet de coordination avec les autorités tchadiennes", a indiqué l'état-major français.
Des avions de combat français ont été stationnés au Tchad quasiment sans discontinuer depuis l'indépendance en 1960, servant à la formation et l'entraînement des militaires tchadiens.
Ils constituaient également un appui aérien qui s'est avéré primordial à plusieurs reprises pour stopper des rebelles cherchant à s'emparer du pouvoir.
Le Tchad était un maillon clé de la présence militaire française en Afrique, constituant le dernier point d'ancrage de Paris au Sahel après les retraits forcés de ses troupes au Mali, au Burkina Faso et au Niger.
Ni Paris ni N'Djamena n'ont communiqué de calendrier précis sur le processus de retrait en cours.
Selon une des sources françaises proches du dossier, une première réunion bilatérale de coordination s'est tenue vendredi. "Ce n’est pas eux qui ont demandé à ce qu'on parte aussi rapidement, c’est nous qui voulons garder le contrôle sur le retrait", a-t-elle précisé.
- Interventions répétées -
Paris déployait jusque-là près de 1.000 personnels militaires sur trois emprises au Tchad - dont une majorité sur le camp Kossei.
Une réduction était toutefois prévue dans le cadre d'une reconfiguration de la présence militaire française au Sénégal, en Côte d'Ivoire et au Tchad, avec des consultations dans les pays concernées menées par l'envoyé personnel d'Emmanuel Macron en Afrique, Jean-Marie Bockel.
Par le passé, l'aviation française est intervenue en soutien de l'armée tchadienne, engagée au Tibesti à la fin des années 1960, contre des rebelles pro-libyens à la fin de la décennie suivante et dans les années 1980 (opérations Tacaud, Manta et Epervier).
Les Mirage sont aussi intervenus en 2006 et 2019. Cette fois-ci, le président Idriss Deby - père de l'actuel chef de l'Etat - avait demandé l'appui aérien des Français pour l'aider à stopper une colonne d'une cinquantaine de pick-up de rebelles de l'Union des forces de la résistance (UFR) en chemin vers la capitale depuis la Libye.
Paris se servait aussi du détachement aérien au Tchad comme point d'appui régional: les Mirage sont intervenus en Centrafrique lors de l'opération Sangaris au milieu des années 2010 et surtout en appui des opérations Serval puis Barkhane au Mali, au Burkina Faso et au Niger.
- "A couteaux tirés" -
La décision de N'Djamena de dénoncer l'accord de défense avec son vieil allié a pris Paris de court, alors que l'influence d'autres puissances - notamment russe - se fait de plus en plus présente dans la région sahélienne.
"Le peuple tchadien aspire à un avenir où la souveraineté nationale est pleinement respectée", a souligné le ministre des Affaires étrangères tchadien dans son communiqué.
De son côté, le président Mahamat Deby Itno avait indiqué que cette rupture ne constituait "en aucun cas un rejet de la coopération internationale ni une remise en question de nos relations diplomatiques avec la France".
Si les Tchadiens ont résilié l'accord de défense, "ils sont en train de se rendre compte de tout ce qu'ils sont en train de perdre", a estimé une des sources proches du dossier, évoquant des relations "à couteaux tirés" entre partisans du retrait et d'autres qui y étaient défavorables pour des raisons de sécurité nationale.
A.Magalhes--PC