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Roumanie: le Premier ministre pro-européen en tête du premier tour de la présidentielle
Le Premier ministre pro-européen Marcel Ciolacu est arrivé dimanche en tête du premier tour de la présidentielle en Roumanie marquée par une percée de l'extrême droite qui pourtant n'est pas assurée de se qualifier.
Selon les experts, elle a profité d'un climat social et géopolitique tendu dans ce loyal Etat membre de l'UE et de l'Otan, situé aux portes de l'Ukraine.
Le dirigeant social-démocrate est crédité de 25% des suffrages, devant Elena Lasconi (18%), maire centre-droit d'une petite ville, et deux candidats nationalistes (15 à 16% chacun), selon des sondages réalisés à la sortie des urnes.
M. Ciolacu, 56 ans, a remercié ses électeurs pour lui avoir accordé cette première place, un résultat "clair comme de l'eau de roche", tout en appelant à attendre le dépouillement complet pour savoir qui il affrontera le 8 décembre.
Mme Lasconi, ancienne journaliste de 52 ans reconvertie en politique, a également appelé à la prudence. "Les scores sont très serrés, il n'est pas encore temps de célébrer", a-t-elle déclaré.
A l'extrême droite, le chef du parti AUR (Alliance pour l'unité des Roumains) George Simion, 38 ans, que les pronostics avaient donné deuxième, est pour l'instant quatrième, juste derrière Calin Georgescu, un candidat prorusse de 62 ans qui a créé la surprise.
M. Simion ne s'est toutefois pas avoué vaincu. "Nous verrons les résultats des urnes", a-t-il déclaré, promettant "deux autres batailles", lors des législatives du 1er décembre et une semaine plus tard pour le second tour de la présidentielle.
- L'extrême droite "grande gagnante" -
"L'extrême droite est de loin la grande gagnante de cette élection", a commenté pour l'AFP le politologue Cristian Pirvulescu, soulignant qu'elle avait remporté près d'un tiers des votes.
C'est un bouleversement pour ce pays de 19 millions d'habitants qui a jusqu'ici résisté aux postures nationalistes, se démarquant de la Hongrie ou de la Slovaquie.
Avec son discours passionné aux accents mystiques et conspirationnistes, George Simion, fan de Donald Trump, a capitalisé sur la détresse d'une partie de la population appauvrie par la forte inflation.
Quant à son rival M. Georgescu, il doit son score à une campagne TikTok devenue virale, focalisée sur la nécessité de stopper l'aide à l'Ukraine. "Ce soir, le peuple roumain a crié pour la paix. Et il a crié très fort, extrêmement fort", a-t-il réagi.
Après dix ans au pouvoir de Klaus Iohannis, fervent soutien de Kiev devenu très impopulaire à cause notamment de ses coûteux voyages à l'étranger financés avec l'argent public, les électeurs ont donc porté leur dévolu sur trois candidats anti-système, derrière le Premier ministre.
A Bucarest, plusieurs habitants ont confié à l'AFP leur envie de "changement, de voir enfin les choses bouger", comme Andreea Irimie, enseignante de 29 ans, venue voter par un froid dimanche ensoleillé, d'autres évoquant leur peur de la guerre.
La Roumanie, partageant une frontière de 650 kilomètres avec l'Ukraine et bordée par la mer Noire, joue un rôle stratégique "vital", rappelle dans une étude le groupe de réflexion New Strategy Center. Tant pour l'Otan, dont elle abrite plus de 5.000 soldats, que pour le transit des céréales ukrainiennes.
Fort de ces bons scores à la présidentielle, l'extrême droite devrait bénéficier d'"un effet de contagion" aux législatives du 1er décembre, entre les deux tours de la présidentielle, pronostique M. Parvulescu. Ce qui augure de négociations difficiles pour former une coalition.
Les sociaux-démocrates, héritiers de l'ancien parti communiste structurant la vie politique du pays depuis plus de trois décennies, gouvernent actuellement en coalition avec les libéraux du PNL.
T.Batista--PC