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Soulagement en Europe après la victoire de la présidente moldave Maia Sandu
Soulagement en Europe après la victoire de la présidente moldave Maia Sandu / Photo: Daniel MIHAILESCU - AFP

Soulagement en Europe après la victoire de la présidente moldave Maia Sandu

Les alliés occidentaux de Moldavie ont salué lundi la réélection de la présidente pro-européenne Maia Sandu, une victoire qui masque cependant de fortes divisions dans cette ex-république soviétique où l'UE ne fait pas rêver tout le monde.

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Après une campagne tendue assombrie par des soupçons d'ingérences russes, la candidate de 52 ans a remporté le second tour des élections avec 55,41% des voix, contre 44,59% pour son adversaire Alexandr Stoianoglo soutenu par les socialistes prorusses.

Un soulagement pour l'UE, qui a officiellement ouvert en juin des négociations d'adhésion avec le petit pays de 2,6 millions d'habitants.

D'autant que le référendum du 20 octobre, visant à inscrire dans la Constitution l'objectif européen, a failli tourner court. Il a finalement été approuvé de justesse mais a fait craindre le pire.

"Les Moldaves ont montré une fois de plus leur détermination à construire un avenir européen malgré les tentatives hybrides de saper la démocratie", a réagi sur le réseau social X le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, avait livré plus tôt un message similaire.

Parmi les 27 Etats membres, le président français Emmanuel Macron s'est réjoui que la "démocratie" ait "triomphé de toutes les interférences et de toutes les manœuvres", le chancelier allemand Olaf Scholz saluant également "le cap européen" choisi par Chisinau.

Pour l'Ukraine voisine, candidate elle aussi à l'UE, les Moldaves ont fait "un choix clair", a déclaré son président Volodymyr Zelensky, appelant à "une Europe pacifique et unie".

Le Kremlin, qui dément "catégoriquement" les allégations d'ingérence, n'avait pas encore réagi.

- "Leçon d'humilité" -

Première femme à occuper, en 2020, les plus hautes fonctions dans cet Etat situé entre l'Otan et la sphère d'influence russe, Maia Sandu a évoqué "une leçon de démocratie" face à "une attaque sans précédent" de "forces hostiles et criminelles".

Désinformation, achat massif de votes, menaces de mort, cyberattaques et "transports organisés" d'électeurs: la police a signalé ces dernières semaines de nombreuses "tentatives de déstabilisation" présumées de Moscou.

Mais "c'est aussi une leçon d'humilité" pour elle et ses partisans, analyse pour l'AFP l'expert Andrei Curararu, du groupe de réflexion WatchDog, évoquant la déception de certains face au rythme lent des réformes et au marasme économique.

Dans son discours dimanche soir, l'ancienne économiste de la Banque mondiale a tendu la main à ceux qui ne l'ont pas choisie, s'exprimant même en russe aux côtés du roumain, la langue officielle, et a promis d'être "la présidente de tous".

Car le pays, l'un des plus pauvres d'Europe, est extrêmement polarisé, entre d'un côté une diaspora et une capitale majoritairement favorables à une intégration dans l'UE, et de l'autre les zones rurales et deux régions, la province séparatiste de Transdniestrie et la Gagaouzie autonome, tournées vers la Russie.

Maia Sandu a d'ailleurs perdu face à son rival sur le seul territoire de la Moldavie et doit sa survie à la forte mobilisation de la diaspora: sur les 326.000 bulletins de l'étranger, 270.000 ont voté pour elle.

"La Russie a certes exercé une influence sur le scrutin mais ce n'est pas la seule raison pour laquelle 44% des électeurs ont donné leur voix à Alexandr Stoianoglo", a estimé lundi Lucian Cristea, un étudiant de 27 ans interrogé par l'AFP.

"Une partie de la population partage des idées qui ne sont pas en accord avec les valeurs européennes", dit-il, évoquant des personnes de son entourage ayant un attachement "sentimental" à la Russie.

Dans ces conditions, l'expert de WatchDog met en garde contre l'issue des législatives prévues à l'été 2025. Si Maia Sandu ne tire pas les enseignements du scrutin, "nous n'aurons pas l'an prochain un parlement pro-européen", avertit M. Curararu.

Un scénario qui serait alors similaire à la celui de la Géorgie, autre ancienne république soviétique, où la présidente Salomé Zourabichvili pro-occidentale s'oppose au gouvernement, accusé de dérive autoritaire prorusse.

A.Motta--PC