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Remaniement: Castex s'apprête à passer la main "sans remords, ni regrets"
"Très simple, très classique", la lettre de démission est prête: le Premier ministre Jean Castex est sur le point de quitter Matignon, laissant le champ libre aux spéculations qui parient sur une femme pour le remplacer en vue des législatives de juin.
"C’est une nouvelle ère qui s’ouvre", a commenté dimanche auprès du Parisien Jean Castex. Celui qui s'est auto-proclamé "Premier ministre de l'intendance" a affirmé partir "sans remords, ni regret", après 20 mois à Matignon.
Les yeux se tournent désormais vers le chef de l'Etat Emmanuel Macron, qui reçoit lundi à déjeuner le président du Conseil européen Charles Michel. Il avait assuré il y a une semaine à Berlin qu'il savait déjà le nom de son prochain Premier ministre, doté selon lui d'un profil "social", "écologique" et "productif".
Depuis, les rumeurs vont bon train. Seule certitude, croit savoir son entourage: ce sera une femme. D'autant que 74% des Français sont pour, selon un sondage Ifop publié dans le JDD.
Pour le chef du Modem François Bayrou, allié d'Emmanuel Macron, il faut une personne, homme ou femme, qui ait "du leadership, de l'expérience. Et il faut une empathie assez grande avec le président de la République" car "quand le président de la République déteste le 1er ministre les choses ne peuvent que tourner mal", a-t-il souligné dimanche au Grand Jury, citant le cas de François Mitterrand et de son Premier ministre Michel Rocard (1988-1991).
- Vautrin ? -
Après ceux de la ministre du Travail Elisabeth Borne et de l'ex-ministre de la Santé Marisol Touraine, le nom qui revient avec insistance est celui de Catherine Vautrin, ancienne ministre de la Cohésion sociale de Jacques Chirac, qui avait apporté son soutien à Emmanuel Macron avant le 1er tour de la présidentielle.
"Elle a beaucoup d'expérience et travaille à fond ses dossiers, elle a des convictions à la fois modérées et très solides, elle aime les gens et a un fond profondément humaniste: trois traits de caractère qu'on ne retrouve pas si souvent en politique", plaide un élu local proche de la présidente de la communauté urbaine du Grand Reims.
Problème: cette ancienne députée LR, qui avait milité contre le mariage homosexuel en 2012 et 2013, hérisse à gauche.
"C'est une femme de qualité incontestablement" mais "est-ce qu'elle est prête à renier toutes les idées qu'elle a défendues depuis si longtemps", a critiqué l'eurodéputée LR Nadine Morano sur Europe 1.
Pointe aussi le nom de la vice-présidente du Sénat Valérie Létard, estampillée "bébé Borloo" pour avoir débuté en politique à Valenciennes au coté du centriste Jean-Louis Borloo, avant d'être secrétaire d'Etat chargée des technologies vertes dans son ministère de l'Ecologie de 2009 à 2010, au sein du gouvernement Fillon. Elle coche aussi la "case sociale" puisqu'elle a été secrétaire d'Etat à la Solidarité dans le même gouvernement Fillon de 2007 à 2009.
- "Machiste" -
Si c'est une femme, Edith Cresson, la seule à avoir occupé le poste (1991-1992), lui souhaite dans le JDD "beaucoup de courage" avec une classe politique "machiste".
Le choix est d'autant plus attendu qu'il viendra confirmer ou non l'orientation qu'entend se donner le chef de l'Etat, qui a promis de tenir compte de la colère exprimée par de nombreux Français pendant la crise des "gilets jaunes" et lors de l'élection présidentielle, et de changer de méthode.
"La composition du nouveau gouvernement, l'identité des grands ministres, l'identité du ou de la Première ministre peut avoir une importance très forte sur les élections législatives", a souligné dimanche soir sur LCI le sondeur Frédéric Dabi, de l'Ifop.
Il rappelle que "la nomination d'Edouard Philippe en 2017 avait permis à la majorité présidentielle de casser la droite en plusieurs morceaux".
Mais, relève-t-il, "l'impatience des Français" se focalise surtout "sur des questions d'inflation, de pouvoir d'achat, d'environnement et de sécurité" auxquelles il va falloir répondre dans un contexte anxiogène de crise du Covid et de guerre en Ukraine qui favorisent l'envolée les prix de l'énergie et de l'alimentation.
Pour l'heure, le bloc présidentiel est crédité de quelque 26% d'intentions de vote aux législatives et conserverait une majorité à l'Assemblée, défié toutefois par la Nouvelle union populaire écologique et sociale entre LFI, EELV, PS et PCF (Nupes), qui obtiendrait 28% et le Rassemblement national (24%) de Marine Le Pen.
Ces oppositions accusent Emmanuel Macron de "casse sociale", fustigeant notamment la réforme de la retraite à 64-65 ans annoncée.
Le chef de LFI Jean-Luc Mélenchon, qui a recueilli 22% des voix au premier tour de la présidentielle, a lui annoncé dimanche vouloir porter le Smic à 1.500 euros nets en cas de succès de Nupes aux législatives.
F.Ferraz--PC