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Le gouvernement italien fait appel aux banques pour boucler un budget très serré
Le gouvernement italien de Giorgia Meloni faisait appel aux banques pour boucler mardi un projet de budget pour 2025 extrêmement serré, à la recherche d'un délicat équilibre entre promesses électorales et nécessité de juguler les déficits.
Le conseil des ministres devait examiner dans la soirée une feuille de route esquissant les grandes lignes du budget que Rome doit adresser à Bruxelles, contenant des mesures pour environ 25 milliards d'euros, dont une partie pourrait être financée par les banques.
Les banques devraient contribuer à hauteur de "3 à 4 milliards d'euros" au financement du budget, a annoncé le vice-chef du gouvernement Antonio Tajani avant la réunion, tout en assurant qu'"il n'y aura pas de nouvelles taxes".
Farouche opposant à une taxation des superprofits des banques, M. Tajani avait estimé auparavant qu'une telle mesure aurait été digne de "l'Union soviétique".
"Les recettes proviendront principalement de la réduction et rationalisation des dépenses" et "il n'y aura pas d'augmentation d'impôts pour les particuliers et les entreprises", ont affirmé lundi soir des sources gouvernementales.
Un message qui visait à calmer les tensions au sein de la coalition de droite et d'extrême droite, divisée sur l'opportunité de taxer les superprofits des banques pour renflouer les déficits.
"Si quelqu'un doit payer davantage, que ce soit les banquiers qui paient et non les ouvriers", avait réclamé l'autre vice-chef de gouvernement, Matteo Salvini, chef de la Ligue (extrême droite), prenant le contrepied de M. Tajani.
Giorgia Meloni s'était attiré les foudres du monde des affaires en août 2023 avec l'annonce d'une taxe de 40% sur les "superprofits" des banques générés par la hausse des taux d'intérêt, avant de faire marche arrière.
- "Aucun nouveau sacrifice" -
Pour contourner l'écueil d'une taxe sur le secteur financier mal vue par les marchés, le gouvernement envisage d'étaler dans le temps les crédits d'impôts auxquels ont droit les banques et de durcir la fiscalité des stock-options de leurs dirigeants.
Le ministre de l'Economie Giancarlo Giorgetti avait jeté un pavé dans la mare en annonçant début octobre dans une interview avec l'agence Bloomberg que le budget "exigera des sacrifices de la part de tout le monde", aussi bien des "citoyens que des entreprises petites, moyennes et grandes".
Ces déclarations ont déclenché une mini-tempête à la Bourse de Milan et amené Giorgia Meloni à corriger aussitôt le tir, en démentant toute velléité d'augmenter les impôts et promettant qu’"aucun nouveau sacrifice" ne serait demandé aux Italiens.
Mise à l'index par l'Union européenne pour ses déficits "excessifs", tout comme la France, l'Italie est sous forte pression pour redresser ses comptes et baisser son énorme dette publique qui frôle les 3.000 milliards d'euros.
Le gouvernement Meloni s'est engagé à ramener le déficit public dès 2026 à 2,8% du produit intérieur brut (PIB), bien en dessous du plafond de 3% fixé par le Pacte de stabilité européen, un pari qui est cependant loin d'être gagné.
- Baisses d'impôts -
Pour freiner les dépenses, Rome presse les ministères de se serrer la ceinture, pour dégager environ 3 milliards d'euros d'économies, et compte faire le ménage dans certains abattements fiscaux.
Le budget devrait consacrer environ 15 milliards d'euros à des baisses d'impôts et de cotisations sociales pour les revenus modestes, des promesses électorales chères à Mme Meloni.
La cheffe du parti post-fasciste Fratelli d'Italia compte ainsi reconduire une baisse des charges sociales pour les salaires annuels jusqu'à 35.000 euros déjà en vigueur à titre temporaire.
Autre mesure phare à prolonger, voire pérenniser, la fusion des deux premières tranches d'impôt pour faire bénéficier les revenus annuels jusqu'à 28.000 euros d'un taux allégé de 23% au lieu de 25%.
Ces réductions d'impôts ne vont toutefois pas assez loin du goût des alliés de Giorgia Meloni, Matteo Salvini et Antonio Tajani, qui la pressent de baisser davantage la pression fiscale.
"Il y a peu d'argent" et "il ne peut être gaspillé", leur avait rétorqué Mme Meloni, les priorités étant surtout "le soutien aux jeunes, aux familles et à la natalité".
S.Pimentel--PC