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La gauche dénonce "le hold-up électoral" du gouvernement Barnier dans sa première motion de censure
La gauche a demandé mardi à l'Assemblée nationale la censure du gouvernement Barnier et dénoncé "un hold-up électoral", le Premier ministre réfutant toute illégitimité.
"Vous m'aviez informé avant même que j'ouvre la bouche, que je constitue mon gouvernement" que "vous alliez me censurer", a affirmé le nouveau locataire de Matignon devant les députés, déplorant une motion de censure "a priori".
Michel Barnier a aussi contesté l'idée que son gouvernement soit illégitime, considérant que sa "majorité relative" était la "moins relative" possible au Palais-Bourbon, fracturé depuis les élections législatives en trois blocs, dont aucun ne dispose de la majorité absolue.
Juste avant, Olivier Faure avait fustigé le "détournement démocratique" du gouvernement, fruit selon lui d'un "hold-up électoral, souhaitant que cette motion de censure permette un "moment de vérité" pour voir "qui s'oppose au gouvernement et qui ne s'oppose pas".
Le patron du parti socialiste a cependant pris au mot l'appel au "compromis" de Michel Barnier en l'invitant à "avancer sur la base (des) amendements" que les socialistes déposeront sur le projet de budget pour 2025.
La chorégraphie de la motion de censure est toujours empreinte de solennité, mais elle s'est aussi banalisée depuis 2022. Il s'agira, selon le décompte de l'Assemblée nationale, de la 35e motion de censure du second quinquennat d'Emmanuel Macron.
- Survivre -
Michel Barnier devrait y survivre sans trop de difficultés.
Les 192 députés signataires devraient la soutenir (le député GDR de Nouvelle-Calédonie Emmanuel Tjibaou ne devrait pas la voter), avec une partie des indépendants de Liot. Mais la barre des 289 voix est inatteignable sans les voix des 141 députés de l'alliance RN-Ciotti.
Car les cadres d'extrême droite, Marine Le Pen en tête, n'ont pas l'intention de renverser le gouvernement à ce stade, se satisfaisant d'avoir le couperet entre les mains pour peser sur les choix de l'exécutif.
"On a choisi de ne pas verser dans le chaos, de ne pas censurer immédiatement Michel Barnier pour lui donner la possibilité de développer un projet (...). Si ça ne nous convient pas, on censurera", assure le président-délégué du groupe Sébastien Chenu.
Évoquant des "tartuffes de la censure", le député LFI Manuel Bompard a critiqué une extrême droite qui a promis "la rupture" pendant les législatives devenue la "béquille de la continuité du macronisme".
"Marine le Pen est en train d'aider ce gouvernement à ponctionner 40 milliards dans les dépenses publiques", a fustigé devant la presse Alexis Corbière, député du groupe Ecologiste et Social.
Quant aux membres ou ex-membres du camp présidentiel, heurtés par la composition très à droite du gouvernement, ils ne semblent pas enclins encore à le censurer.
- Réunion tendue -
Toujours inquiet de certaines pistes budgétaires, le député MoDem Erwan Balanant n'imagine "personne à ce stade aller vers une motion de censure". "On ne peut pas se payer le luxe d'une crise politique", abonde Laurent Marcangeli, chef des députés Horizons.
Stella Dupont, qui a quitté le groupe macroniste, ne censurera pas non plus à ce stade, en attendant la présentation jeudi des budgets de l'État et de la Sécurité sociale pour 2025.
Avant ce débat sur la motion de censure, Michel Barnier a pourtant eu une réunion tendue avec les députés macronistes sur fond de désaccords sur le budget.
En arrivant, le chef du gouvernement avait souhaité "fluidifier" les relations avec le principal groupe de la coalition gouvernementale, après des crispations sur les hausses d'impôt ou la ligne à droite toute du ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau.
"Il faut qu'on apprenne à se connaître", avait reconnu le chef du gouvernement, se disant "très fier" de compter des macronistes dans son gouvernement, dont Antoine Armand (Economie) et Laurent Saint-Martin (Comptes publics) "qui font un important travail" sur le budget.
Mais, selon un participant, l'ambiance est devenue "délétère" après les questions critiques des députés. "Quand il a repris la parole, il a dit qu'il n'acceptait aucune critique et avait passé l'âge de recevoir des leçons", a résumé l'élu, ne se souvenant pas "qu'en sept ans une réunion se soit si mal passée avec un Premier ministre".
"Il est hyper susceptible" a renchéri un autre, quand d'autres députés ont relativisé ces "piques".
Le budget, qui prévoit 60 milliards d'euros d'économies, dont 40 de réduction de dépenses et 20 de hausses d'impôts, ne fait pas l'unanimité dans les rangs des macronistes, qui ont prévu de se réunir en fin de journée pour arbitrer leurs propositions puis de tenir une conférence de presse mercredi.
sac-far-lum-sl-are/sde/dch
L.Carrico--PC