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Sans toit et peu d'espoir: des habitants de Gaza un an après le 7 octobre
Depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas le 7 octobre dans la bande de Gaza, les habitants ont tout perdu. A l'approche du premier anniversaire, l'AFP s'est entretenue avec trois d'entre eux qui racontent comment leur vie a changé.
- L'étudiant stoppé dans son élan -
Deux mois avant le 7 octobre, il a obtenu son diplôme de fin d'études secondaires et s'est inscrit à l'école supérieure des sciences appliquées de Gaza.
"J'étais toujours persuadé qu'un jour j'atteindrais mes objectifs", se souvient-il avec nostalgie dans les décombres de sa maison.
Mais avec la guerre, sa famille, qui a été déplacée de Khan Younès, leur ville du sud de la bande de Gaza, a dû vivre des mois dans un campement avant de retourner chez elle après un ordre d'évacuation à Rafah, aussi dans le sud.
Puis une bombe est tombée sur sa maison, détruisant les murs et tuant son ami Abou Hassan. Lui s'en est sorti avec un bras cassé.
Toutes les épreuves de la guerre ont entamé son optimisme, dit-il.
"On a l'impression que toutes les voies sont fermées (...), les besoins de première nécessité vont passer avant les études", dit-il.
L'étudiant espère néanmoins que la guerre va se terminer, que les habitants de Gaza vont cesser de souffrir et qu'il pourra "réaliser ses rêves et ses objectifs dans la vie universitaire" qu'il a planifiée.
- L'ambulancière et ses cinq enfants -
Maha Wafi adore son travail d'ambulancière à Khan Younès.
Elle aime aussi la vie avec Anis, son mari depuis vingt-quatre ans, leurs cinq enfants et leur belle maison à l'ouest de la ville.
Mais après le début de la guerre, raconte cette femme de 43 ans, la pression a "doublé" au travail et la vie familiale est devenue plus difficile en raison du déplacement de sa famille dans un camp de tentes et l'arrestation de son mari le 2 décembre.
Depuis, elle doit faire face aux difficultés de la guerre tout en travaillant et en s'occupant seule de ses cinq enfants.
"Vous vivez dans une tente (...), vous devez apporter de l'eau, chercher de l'essence, allumer un feu et faire face à toutes les difficultés", dit-elle en se souvenant des mois d'hiver avant la guerre, lorsqu'elle profitait du temps clément pour passer du temps avec ses enfants.
"Au bout du compte, c'est la vie dans un camp", lâche-t-elle.
"Tout cela représente une pression mentale pour une femme qui travaille", ajoute Mme Wafi, assise à côté de son ambulance.
Depuis le 7 octobre, elle a vu "des scènes difficiles comme des bouts de corps, des blessures, des martyrs". Elle a échappé de peu à la mort lorsqu'une voiture a été touchée par une frappe juste à côté de son ambulance.
Mais surtout, elle espère que son mari, "une personne désintéressée qui se consacre à aider les autres", sera libéré.
- Le père reparti plusieurs fois de zéro -
Avant le début de la guerre, Maher Zino, 39 ans, travaillait comme fonctionnaire. "Avec un salaire décent, se débrouillant bien", lui et sa femme Fatima ont élevé leurs trois enfants dans la ville de Gaza (nord).
Un an plus tard, sa famille a été déplacée "tellement de fois que j'ai du mal à compter", dit-il à l'AFP depuis son abri dans une oliveraie du centre de Gaza.
En passant de Gaza à Khan Younès, Rafah et de nouveau au centre de Gaza, la famille a dû repartir de zéro de nombreuses fois, "monter une tente, construire une salle de bain, acheter des meubles et des vêtements", raconte-t-il.
A plusieurs reprises, la famille s'est retrouvée sans ressources et a dormi dans la rue. M. Zino s'est senti impuissant, lui qui n'avait "jamais eu besoin de qui que ce soit".
"Je suis devenu un mendiant, je tendais la main aux gens, je devais demander des couvertures pour couvrir mes enfants, trouver des organisations caritatives qui puissent me donner une assiette de nourriture juste pour que mes enfants aient à manger", dit-il.
"C'est ce que la guerre nous a fait", ajoute-t-il depuis son nouvel abri où, avec sa femme, ils ont réussi à créer un semblant de vie familiale, avec un endroit pour dormir, un réservoir d'eau et des toilettes extérieures.
Comme Maha Wafi, M. Zino n'espère qu'une seule chose: "revenir à la situation d'avant le 7 octobre".
X.Brito--PC