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Israël et Iran échangent des menaces après le tir de 200 missiles par Téhéran
Israël a menacé de riposter au lancement mardi par l'Iran de quelque 200 missiles vers son territoire pour venger la mort des chefs du Hezbollah libanais et du Hamas palestinien, Téhéran répondant qu'il frappera "toutes les infrastructures" israéliennes s'il est attaqué.
"L'Iran a commis une grave erreur ce soir et en paiera le prix", a déclaré mardi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. "Nous nous en tiendrons à ce que nous avons fixé: celui qui nous attaque, nous l'attaquons".
L'attaque massive de l'Iran contre Israël, la deuxième en près de six mois, est "terminée", a fait savoir Téhéran, selon qui "90% des missiles" ont atteint leur cible. Le chef d'état-major iranien, le général Mohammad Bagheri, a promis que l'Iran frappera" avec une plus grande intensité" et visera "toutes les infrastructures" du pays si Israël met à exécution sa menace de représailles.
Selon Israël, la plupart des missiles ont été interceptés par le système de défense "Dôme de fer". Le Pentagone a indiqué que des navires américains avaient eux aussi tiré une dizaine de missiles intercepteurs en soutien d'Israël.
L'attaque a fait deux blessés légers en Israël, selon les secours, et un Palestinien a été tué par des éclats de missile à Jéricho, en Cisjordanie occupée, selon un responsable palestinien.
Les sirènes ont retenti à travers tout le pays et l'espace aérien israélien a été fermé.
Des journalistes de l'AFP ont vu des explosions dans le ciel et entendu des dizaines de détonations. Des centaines de personnes à la gare routière centrale de Jérusalem-Ouest ont trouvé refuge dans un parking souterrain. Certains ont prié, d'autres ont consulté leurs téléphones. Environ une heure après l'attaque, l'armée a appelé la population à sortir des abris.
- Le Mossad visé -
Les Gardiens de la Révolution, armée idéologique iranienne, ont affirmé avoir "visé le cœur" d'Israël, pour venger la mort du chef du Hezbollah pro-iranien Hassan Nasrallah, du chef du Hamas palestinien Ismaïl Haniyeh et d'un de leurs commandants, Abbas Nilforoushan, tué en même temps que Nasrallah vendredi au Liban.
Le chef d'état-major iranien a affirmé que les missiles avaient visé "les trois principales bases aériennes militaires du régime sioniste, le Mossad (les services secrets israéliens, NDLR), centre de la terreur, la base aérienne de Nevatim pour les avions F-35 et la base aérienne de Hatzerim, qui a été utilisée pour assassiner le martyr Nasrallah".
"La République islamique d'Iran a respecté les normes nécessaires et n'a ciblé que les bases militaires", a souligné le général Bagheri dans une déclaration à la télévision nationale iranienne.
"Si le régime sioniste, qui est devenu fou, n'est pas contrôlé par ses soutiens américain et européen et veut poursuivre ces crimes ou agir contre notre souveraineté et notre intégrité territoriale, l'opération comme celle de ce soir sera répétée avec une plus grande intensité et toutes les infrastructures du régime seront visées", a averti le général Bagheri.
L'Iran a exercé son "droit à l'autodéfense", a écrit sur X le ministre iranien des Affaires étrangères, Seyed Abbas Araghchi. "Nous avons agi ainsi après avoir fait preuve d'une immense retenue pendant près de deux mois, afin de laisser la place à un cessez-le-feu à Gaza", a-t-il poursuivi.
- "Action terminée" -
"Notre action est terminée à moins que le régime israélien ne décide d'inviter à de nouvelles représailles", a-t-il averti.
Le 13 avril, en riposte à une frappe meurtrière imputée à Israël sur le consulat iranien à Damas, l'Iran avait tiré vers Israël quelque 350 drones explosifs et missiles, la première attaque directe du genre, baptisée "Promesse honnête". La plupart des missiles avaient été interceptés par Israël avec l'aide de pays étrangers, surtout les Etats-Unis.
"Les Etats-Unis soutiennent pleinement, pleinement, pleinement Israël", a déclaré mardi le président américain Joe Biden, ajoutant que des discussions étaient "en cours" avec Israël sur la réponse à apporter.
L'attaque iranienne a été dénoncée par l'Union européenne, la France, le Royaume-Uni, le Japon ou encore l'Espagne.
Le Conseil de sécurité de l'ONU doit se réunir d'urgence mercredi pour discuter de l'escalade des hostilités au Moyen-Orient.
Israël est en guerre contre le Hamas à Gaza depuis une attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien contre son territoire le 7 octobre 2023.
Israël combat aussi le Hezbollah libanais qui a ouvert un front contre Israël en soutien au Hamas, son allié, au lendemain du début de la guerre.
Vendredi, le puissant chef du Hezbollah Hassan Nasrallah a été tué dans un raid israélien dévastateur dans la banlieue sud de Beyrouth.
Le 31 juillet, Ismaïl Haniyeh, le chef du Hamas, avait été tué dans un attentat alors qu'il se trouvait à Téhéran. L'Iran et le Hamas ont accusé Israël.
Juste avant l'attaque iranienne de mardi, six civils ont été tués dans un attentat à l'arme automatique et à l'arme blanche à Tel-Aviv, mené par deux tireurs qui ont été "neutralisés", selon la police.
Après les durs coups portés au Hezbollah, dont plusieurs chefs militaires ont été tués par Israël, et après une semaine de frappes au Liban, Israël a averti que la guerre n'était pas finie.
- Frappes au Liban et à Gaza -
Tôt mercredi, l'armée israélienne a annoncé avoir frappé des "cibles terroristes du Hezbollah" dans la banlieue sud de Beyrouth, après avoir ordonné aux habitants du quartier d'évacuer.
Une source des services de sécurité libanais a confirmé cette frappe. La chaîne de télévision du Hezbollah, Al-Manar, a fait état de 11 raids israéliens au sud de Beyrouth en deux heures.
Le ministère libanais de la Santé a annoncé mardi soir que 55 personnes avaient été tuées et 156 blessées par des "frappes de l'ennemi israélien" en 24 heures dans le pays.
L'unité de gestion des catastrophes avait annoncé avant la publication de ce bilan quotidien que 1.873 personnes avaient été tuées au Liban depuis un an.
Mardi, l'armée israélienne avait annoncé des raids au sol contre le Hezbollah dans le sud du Liban et appelé les habitants de 27 localités à évacuer.
La Force intérimaire de l'ONU au Liban, déployée à la frontière avec Israël, a néanmoins assuré ne pas avoir détecté d'incursion israélienne, de même que l'armée libanaise et le Hezbollah.
Selon un responsable israélien, il s'agit de "raids localisés d'une ampleur très limitée", destinés à "éloigner les menaces contre les communautés civiles du nord d'Israël", cibles des tirs du Hezbollah.
Mercredi à l'aube, l'armée israélienne a également annoncé avoir attaqué deux écoles dans le nord de la bande de Gaza et une troisième dans le centre, utilisées selon elle par le Hamas comme centres de commandement.
Selon la Défense civile de Gaza, cinq personnes ont été tuées par un missile israélien dans l'ouest de la ville de Gaza, et huit autres dans une attaque contre une maison dans l'est de la même ville.
E.Borba--PC