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Barnier prépare sa feuille de route, avec beaucoup d'obstacles sur son chemin
Michel Barnier réunit vendredi son gouvernement pour s'accorder sur la feuille de route qu'il présentera mardi devant l'Assemblée nationale et tenter d'assoir son autorité déjà mise à mal par certains ministres, le tout sous la "surveillance" de l'extrême droite et un budget très contraint.
Le Premier ministre doit prononcer sa déclaration de politique générale (DPG) le 1er octobre dans le contexte inédit d'une "multicohabitation" selon les termes du président du Conseil constitutionnel Laurent Fabius.
Cohabitation avec le président même si les deux hommes réfutent ce terme, cohabitation à l'Assemblée nationale, où il ne dispose d'aucune majorité absolue même en additionnant les élus du centre et de la droite qui le soutiennent, et cohabitation entre les forces au sein même de son gouvernement.
Il semble de ce fait peu probable que Michel Barnier demande un vote, comme il peut le faire, à l'issue de son discours.
La gauche a déjà prévu de déposer une motion de censure, tandis que l'extrême droite agite la menace, sans dire à quelle échéance, et dispose ainsi du "baiser de la mort", dixit un parlementaire Liot.
Avant ce séminaire à Matignon prévu de 15H00 à 18H00, le Premier ministre a reçu l'ensemble des forces syndicales et patronales qui ont salué son "écoute" mais sans déceler ses intentions.
Il a aussi réuni mercredi soir, autour d'une même table, les groupes politiques de sa coalition, après plusieurs couacs et le recadrage de deux ministres EPR (Ensemble pour la République, ex-Renaissance). Il l'avait déjà fait la semaine dernière pour accélérer la finalisation de son équipe.
- "Le patron" -
"Il veut montrer qu'il est le patron, il n'a aucun intérêt à apparaître faible", fait valoir un cacique de la macronie. Un proche de Michel Barnier met aussi en avant son "autorité". "C'est l'ancien monde qui vient à la rescousse du nouveau. Il applique les bonnes vieilles méthodes de travail".
Mais le coup de fil du Premier ministre à Marine Le Pen, qui n'avait pas apprécié que le nouveau locataire de Bercy Antoine Armand refuse de travailler avec le RN, a exaspéré jusque dans le camp présidentiel.
"C'est bien joli de draguer Marine Le Pen, mais si c'est pour perdre les macronistes", grince un ancien ministre EPR.
Une cadre Renaissance regrette même la participation de son parti au gouvernement, "le dépassement, c'est terminé. Et la lutte contre l'extrême droite… On a Marine Le Pen qui appuie sur le bouton, le Premier ministre qui se couche, c'est absolument dévastateur".
"Armand a été recadré, mais Retailleau lui personne ne le recadre", s'offusque un député MoDem, dont le parti a hésité à entrer au gouvernement.
Michel Barnier a certes réuni à Matignon jeudi les ministres Bruno Retailleau (LR, Intérieur) --qui "tient les mêmes discours" que l'extrême droite selon l'allié du RN Eric Ciotti--, et Didier Migaud (ex PS, Justice) qui, à peine nommés, avaient engagé un bras de fer par médias interposés.
Mais il ne s'agissait "pas du tout" d'un recadrage, selon l'entourage du Premier ministre, juste de "travailler sur les lignes communes sécurité et justice" de sa déclaration de politique générale.
- "Cap austéritaire" -
Outre l'immigration, qui a déjà fracturé l'ex-majorité, plusieurs sujets seront difficiles à arbitrer, comme la proportionnelle, à laquelle le parti allié Horizons et LR ne sont pas favorables, le texte sur la fin de vie, auxquels sont opposés plusieurs ministres conservateurs, ou encore les impôts, que les macronistes ne veulent pas augmenter.
Or Michel Barnier doit résoudre la quadrature du cercle budgétaire, avec un déficit qui pourrait dépasser les 6% du PIB en 2024.
L'équilibre entre coupes dans les dépenses et recettes fiscales supplémentaires s'annonce très délicat à trouver, alors que la France est visée par une procédure de déficit excessif par la Commission européenne.
Privilégiant une réduction des dépenses, le ministre du Budget macroniste Laurent Saint-Martin a exclu une "augmentation d'impôts généralisée".
Michel Barnier a lui évoqué de possibles hausses ciblées sur les contribuables les plus riches et les grandes entreprises, brisant un tabou.
Le président de la commission des Finances Eric Coquerel (LFI) a dénoncé un "cap (...) austéritaire" et déploré une possible hausse de la fiscalité "homéopathique".
G.M.Castelo--PC