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Crise avec l'Espagne : le Venezuela refuse toute "ingérence" de Madrid
Les relations diplomatiques entre les deux pays se sont détériorées en grande partie après les déclarations jeudi de la ministre espagnole de la Défense, Margarita Robles, celle-ci ayant qualifié le Venezuela de "dictature".
Ces propos ont coïncidé avec la réception par le président du gouvernement espagnol Pedro Sanchez du candidat d'opposition à la présidentielle de juillet, Edmundo Gonzalez Urrutia, à qui l'Espagne a accordé l'asile.
"Nous n'accepterons aucune ingérence du gouvernement espagnol dans des questions qui relèvent de la compétence exclusive des Vénézuéliens et des Vénézuéliennes", a écrit dans un communiqué le ministre des Affaires étrangères Yvan Gil.
Ce dernier a aussi rappelé pour consultations l'ambassadrice du Venezuela en Espagne.
"Le gouvernement du Venezuela prendra les mesures nécessaires, dans le cadre du droit international et de la diplomatie de paix bolivarienne, pour protéger sa souveraineté", a-t-il poursuivi.
M. Gil, qui a reçu l’ambassadeur espagnol Ramon Santos vendredi matin, avait estimé la veille au soir que les propos de Mme Robles étaient "insolents et grossiers", ajoutant qu'ils témoignaient d'"une détérioration" des relations bilatérales entre Caracas et Madrid.
Le ministre espagnol des Affaires étrangères José Manuel Albares s'est efforcé de calmer le jeu vendredi.
"Convoquer un ambassadeur, je l'ai déjà fait à plusieurs occasions, et un rappel pour consultations sont des décisions souveraines de chaque Etat et, de ce fait, il n'y a rien à commenter", a-t-il déclaré sur la radio publique RNE.
"Ce que je peux vous dire en revanche, c'est que nous travaillons pour avoir les meilleures relations possibles avec le peuple frère du Venezuela", a-t-il assuré.
Cette poussée de fièvre diplomatique est survenue alors que le chef du gouvernement espagnol a reçu jeudi à Madrid Edmundo González Urrutia, qui revendique la victoire à la présidentielle du 28 juillet face à Nicolas Maduro, proclamé vainqueur pour un troisième mandat.
"Je (lui) souhaite chaleureusement la bienvenue", a affirmé le responsable socialiste dans un message diffusé sur X, disant que l'Espagne continuerait à "oeuvrer pour la démocratie, le dialogue et les droits fondamentaux du peuple frère du Venezuela".
- Sanctions américaines -
Les relations entre Madrid et Caracas avaient commencé à se détériorer jeudi après un appel du président du Parlement vénézuélien Jorge Rodriguez, le chef de campagne de M. Maduro pendant la campagne présidentielle, à rompre "toutes les relations" avec l'Espagne.
M. Rodriguez entendait ainsi protester contre un vote du Parlement espagnol, qui a entériné mercredi une résolution déposée par le Parti populaire (PP, droite), la principale formation d'opposition à Pedro Sánchez, demandant à Madrid de reconnaître Edmundo Gonzalez Urrutia en tant que président du Venezuela.
Cette proposition parlementaire n'a qu'une valeur symbolique, seul l'exécutif ayant le pouvoir de reconnaître comme président élu ce responsable politique arrivé en Espagne dimanche à bord d'un avion de l'armée espagnole après avoir fui le Venezuela, où il faisait l'objet d'un mandat d'arrêt.
L'Espagne, comme l'ensemble des autres Etats membres de l'Union européenne, réclame la publication complète des procès-verbaux émis par les bureaux de vote à l'issue de l'élection présidentielle, ce que les autorités vénézuéliennes n'ont pas fait, disant avoir été victimes d'un piratage informatique.
Le Conseil national électoral (CNE) a proclamé le président Maduro vainqueur du scrutin, avec 52% des voix. Mais ce résultat est contesté par l'opposition, qui assure, sur la base des procès-verbaux fournis par ses scrutateurs, qu'Edmundo Gonzalez Urrutia a obtenu plus de 60% des suffrages.
Faute de résultats complets, les pays de l'UE se sont refusés jusqu'à présent à reconnaître un vainqueur.
Ce n'est pas le cas des Etats-Unis, qui ont décidé de reconnaître M. Gonzalez Urrutia en tant que président et qui ont annoncé jeudi des sanctions à l'encontre de 16 proches de Nicolas Maduro, affirmant qu'ils avaient "entravé" le déroulement de la dernière présidentielle.
Caracas a immédiatement rejeté "avec la plus grande fermeté" des mesures jugées "illégitimes et illégales" et considérées comme une nouvelle "agression" de Washington.
A.P.Maia--PC