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Vers un dénouement pour Matignon entre Bertrand et Cazeneuve
Xavier Bertrand ou Bernard Cazeneuve ? Cinquante jours après la démission du gouvernement Attal, un dénouement semble proche pour Matignon, avec une possible annonce mercredi d'Emmanuel Macron.
Le chef de l'Etat est pressé de toutes parts d'arrêter un choix sans plus tarder après deux semaines de consultations, qui se focalisent depuis lundi sur ces deux personnalités de droite et de gauche.
Le verdict pourrait finalement tomber mercredi. C'est "l'objectif", relève une source dans le camp présidentiel, en assurant que le président des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, tenant de la droite sociale, et l'ex-Premier ministre Bernard Cazeneuve sont toujours dans la course.
Selon plusieurs ministres démissionnaires, Xavier Bertrand semble tenir la corde. "Mais ce matin, le président interrogeait encore", pointe l'un deux. Emmanuel Macron a eu en tout cas de nouveaux échanges dans la journée, confirme un proche.
Après près de deux semaines de consultations, l'équation reste inchangée : comment éviter une censure immédiate du futur Premier ministre, dans une Assemblée fragmentée, où aucun des trois blocs n'a de majorité absolue et chaque chef de gouvernement potentiel est susceptible d'être censuré ?
Devant cette majorité introuvable, au terme de législatives qu'il a lui-même convoquées, Emmanuel Macron penche pour un Premier ministre "politique" plutôt qu'une personnalité issue de la société civile.
La piste de Thierry Beaudet -- un homme inconnu du grand public, président du Conseil économique, social et environnemental (Cese) - surgie subitement lundi a donc fait long feu.
Selon un proche du président, Xavier Bertrand comme Bernard Cazeneuve assurent déjà "plus de stabilité" que Lucie Castets, la candidate du Nouveau Front populaire, éconduite par Emmanuel Macron. "Il y a à leur égard des réticences, des lignes rouges de fond et de méthode, mais pas forcément de censure immédiate", veut-on croire de même source.
- Troisième nom ? -
Tous deux semblent toutefois à la merci d'une censure immédiate du Rassemblement national, des Insoumis et de la gauche de gouvernement. En maintenant ces deux options, le président semble pour sa part faire le pari contraire ou prendre son risque.
A défaut, Les Républicains (LR) qui ont ouvert mardi la porte à la nomination de Xavier Bertrand, après avoir campé sur leur refus de toute participation à un gouvernement ou à une coalition, pourraient offrir un autre candidat.
Certains évoquent ainsi déjà le maire LR de Cannes et président de l'Association des maires de France (AMF), David Lisnard. Mais un troisième nom était jugé comme peu probable mercredi par un conseiller de l'exécutif.
A gauche, les Insoumis -- qui ont refusé mardi de s'entretenir à nouveau avec le président -- continuent d'affirmer qu'ils censureront tout autre Premier ministre que Lucie Castets.
Quant aux socialistes, dont le soutien serait indispensable à une coalition, ils ont fermé la porte à Xavier Bertrand et ne l'ont pas ouverte à Bernard Cazeneuve -- le bureau national du parti a écarté mardi soir une proposition de non censure d'un gouvernement mené par l'ancien Premier ministre de François Hollande.
Ce serait "une forme d'anomalie" de choisir Bernard Cazeneuve, "le seul homme de gauche qui s'est battu contre le Front populaire", a jugé sur TF1 leur Premier secrétaire Olivier Faure.
- Impatience -
Il a toutefois appelé à une "négociation entre formations politiques, groupes parlementaires, qui permette d'asseoir sur le fond un programme de gouvernement", un signal perçu comme positif dans le camp présidentiel.
"Qu'importe le nom (du Premier ministre), nous voulons abrogation ou moratoire de la réforme des retraites, hausse des salaires et un budget en augmentation pour investir dans les services publics", a également plaidé sur RTL le secrétaire national du Parti communiste Fabien Roussel.
Le RN s'oppose pour sa part frontalement au patron des Hauts-de-France, qu'il juge trop hostile à ses idées et ses électeurs. Si le RN et le groupe Ciotti votaient une censure déposée par la gauche, celle-ci pourrait obtenir jusque 335 voix, largement au-dessus des 289 voix requises.
Le RN, qui censurerait aussi un gouvernement Cazeneuve, se montre moins hostile à d'autres personnalités de droite, comme l'ancien ministre centriste Jean-Louis Borloo cité par Sébastien Chenu sur LCI, car il "se comporte bien" à son égard.
En "dernier ressort", le RN pourrait accepter "un gouvernement technique", selon Marine Le Pen qui, consultée mardi soir par Emmanuel Macron, a posé certaines conditions comme l'instauration de la proportionnelle aux législatives dans l'optique d'une nouvelle dissolution dans un an.
Pour la cheffe de file des écologistes Marine Tondelier, "les Français n'en peuvent plus de ce feuilleton institutionnel à rebondissements". Et le chef des Républicains au Sénat Bruno Retailleau a exigé sur BFMTV la nomination d'un Premier ministre "dans les prochaines heures".
F.Carias--PC