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L'ONU inquiète de la situation humanitaire à Gaza après de nouveaux ordres d'évacuation
L'ONU s'est inquiétée lundi de sa capacité à fournir de l'aide humanitaire dans la bande de Gaza, au lendemain de nouveaux ordres d'évacuation israéliens faisant craindre une aggravation de la situation dans le territoire palestinien ravagé par la guerre entre Israël et le Hamas.
Déclenchée le 7 octobre après une attaque meurtrière du mouvement islamiste palestinien sur le sol israélien, la guerre ne connaît pas de répit dans la petite langue de terre côtière assiégée, malgré les tentatives des pays médiateurs --Egypte, Qatar, Etats-Unis-- d'obtenir un cessez-le-feu.
Alors qu'un nouveau cycle de négociations a débuté jeudi au Caire avec les Israéliens, le porte-parole du Conseil de sécurité nationale américain, John Kirby, a fait état lundi de "progrès" dans les discussions en cours sur une trêve assortie de la libération d'otages - emmenés à Gaza lors de l'attaque du Hamas - en échange de prisonniers palestiniens détenus par Israël.
"Nous nous attendons à ce que ces discussions (...) continuent au moins ces prochains jours", a-t-il indiqué, assurant qu'une vaste attaque menée dimanche contre Israël par le Hezbollah libanais, un allié du Hamas, "n'a pas eu de conséquences" sur les discussions.
Dans la bande de Gaza, l'armée israélienne a appelé dimanche les habitants à quitter plusieurs zones de la ville de Deir el-Balah, dans le centre, affirmant que ses troupes allaient y "agir avec force contre le Hamas et les autres groupes terroristes".
Le bureau des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha) s'est dit lundi "particulièrement inquiet" de cet ordre concernant notamment des secteurs où se trouvaient des travailleurs humanitaires des Nations unies et d'ONG.
"Cette décision remet en cause tout un centre humanitaire qui avait été mis en place à Deir el-Balah à la suite de l'évacuation de Rafah (sud) en mai dernier, et elle a un impact considérable sur notre capacité à fournir un soutien et des services essentiels", a déploré l'Ocha.
Le personnel de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) "implanté" parmi la population locale peut lui continuer à travailler, a dit Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général des Nations unies. Mais cette aide représente "une demi goutte d'eau dans l'océan".
Le directeur général de l'Organisation mondiale de la santé, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, a déclaré que les établissements de santé situés à proximité risquaient désormais "de ne plus fonctionner", dont l'hôpital des Martyrs d'al-Aqsa.
- "Où allons-nous?" -
Sur son brancard, entourée de ses effets personnels, Tamam Al-Raï, s'apprêtait à quitter ce grand établissement de santé, sans savoir où aller. "J'ai été amputée. On nous a dit +évacuez+ mais (...) où allons-nous nous faire soigner?"
La guerre a provoqué un désastre humanitaire et sanitaire et déplacé la plupart des 2,4 millions de Gazaouis.
Elle a débuté le 7 octobre, quand des commandos du Hamas ont mené une attaque d'une ampleur inédite sur le sol israélien qui a entraîné la mort de 1.199 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP à partir de données officielles israéliennes.
Ce jour-là, 251 personnes ont aussi été enlevées: 105 sont toujours retenues à Gaza, dont 34 déclarées mortes par l'armée.
Israël a juré de détruire le Hamas, qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007 et qu'il considère comme terroriste, de même que les Etats-Unis et l'Union européenne.
Son armée a lancé en riposte une offensive d'envergure dans le territoire palestinien qui a fait au moins au moins 40.435, selon le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas qui ne détaille pas le nombre de civils et combattants tués. D'après l'ONU, la plupart des morts sont des femmes et des mineurs.
Lundi, de nouvelles frappes et tirs ont secoué plusieurs secteurs de la bande de Gaza, selon des journalistes de l'AFP et des témoins. Au moins cinq personnes ont été tuées dans une frappe ayant visé une maison dans la ville de Gaza (nord), d'après des médecins.
- Toujours une "menace" d'attaque -
Après plus de dix mois de guerre, Israël et le Hamas s'accusent mutuellement de faire échouer les négociations pour une trêve.
Le mouvement islamiste ne participe pas aux pourparlers actuels mais une délégation du Hamas a rencontré dimanche au Caire les médiateurs égyptiens et qataris, selon un cadre du mouvement.
Les discussions achoppent notamment sur le contrôle du "couloir de Philadelphie", une bande de terre le long de la frontière entre Gaza et l'Egypte, et sur les prisonniers palestiniens susceptibles d'être échangés contre des otages.
La guerre a aussi provoqué des tensions dans la région.
Dimanche, sur la frontière nord d'Israël, l'armée israélienne a annoncé avoir déjoué une "bonne partie" d'une vaste attaque du mouvement islamiste libanais Hezbollah pro-iranien.
Téhéran s'est félicité lundi de cette attaque, estimant qu'Israël avait "perdu son pouvoir offensif et dissuasif".
Le Hezbollah avait menacé Israël d'une riposte après la mort d'un de ses chefs militaires, Fouad Chokr, tué le 30 juillet dans une frappe israélienne près de Beyrouth.
Il a présenté son attaque de dimanche comme la "première phase" de la riposte, mais son chef, Hassan Nasrallah, a ensuite semblé sous-entendre que les représailles à la mort de Chokr pourraient être finies.
Le Pentagone a toutefois affirmé que la "menace" d'une attaque contre Israël de l'Iran et de ses alliés régionaux planait toujours, ces derniers ayant aussi menacé de répondre à l'assassinat imputé à Israël du chef du Hamas Ismaïl Haniyeh, à Téhéran le 31 juillet.
Interrompus depuis dimanche, les vols Air France et Transavia à destination de Tel-Aviv et Beyrouth devraient cependant reprendre mardi.
C.Cassis--PC