- Déçus de la politique, les jeunes Tunisiens veulent massivement quitter le pays
- Après la "disparition" d'un ministère de la Ville, bientôt une disparition des crédits?
- En Seine-Saint-Denis, la modernisation bienvenue du plus vieux tramway d'Ile-de-France
- Médecine: les spécialistes plaident pour pouvoir s'adresser des patients entre eux
- WTA 1000 de Pékin: Gauff renverse Badosa et jouera la finale
- Près de Bordeaux, une serre expérimentale prépare les vignes du futur
- Turquie: la lutte contre l'inflation reste inefficace, reprochent des experts
- A l'Assurance maladie, la réforme des médecins conseil passe mal
- Prix de l'Arc de Triomphe: 16 pur-sang anglais courrent après un titre mondial
- Liban: missions périlleuses pour récupérer les animaux dans les maisons bombardées
- Masters 1000 de Shanghai: entrée en lice sereine pour Alcaraz et Sinner
- En Caroline du Nord, une vallée quasi-coupée du monde après l'ouragan
- MotoGP: Bagnaia gagne le sprint au Japon et réduit l'écart avec Martin
- Top 14: le Stade français et le Racing 92 pour éviter la crise
- L1: contre Toulouse, Lille veut surfer sur la vague de son exploit
- Retour sur le "lieu du crime": Trump en meeting où il avait failli être tué
- Dans les villages du Népal, la grande menace des lacs glaciaires
- Taïwan: le bilan du typhon Krathon monte à quatre morts
- En Gironde, Glucksmann prépare son parti pour contrer Mélenchon
- Brésil: X a déposé l'argent pour régler ses amendes mais... sur un mauvais compte
- Honduras: arrestation de l'assassin présumé du défenseur de l'environnement Juan Lopez
- Liban: le Hezbollah fait état de nouveaux combats avec l'armée israélienne
- Basket: Paris rate ses débuts en Euroligue
- Biden appelle Israël à ne pas frapper les sites pétroliers iraniens
- Ligue 1: Vrai coup de frein pour l'OM
- Un boulot le jour, un autre le soir, les électeurs américains essaient de joindre les deux bouts
- Wall Street clôture en hausse, record pour le Dow Jones
- Des dizaines de ports américains rouvrent après la fin de la grève des dockers
- Assurance chômage: la ministre du Travail pour une reprise des négociations "très rapide"
- A un mois de la présidentielle, Biden s'inquiète que le scrutin ne soit pas "pacifique"
- Exonérations de cotisations: le gouvernement veut récupérer 5 milliards d'euros en 2025 selon des sources syndicales
- Foot/Dopage: La suspension de Paul Pogba réduite à 18 mois par le TAS
- Services postaux dans les territoires: l'Etat maintient sa part de 50 millions d'euros (presse)
- Harris et Trump à tambour battant dans les Etats-clés à un mois de la présidentielle
- Vive émotion en Haïti après la mort d'au moins 70 personnes, tuées par un gang
- "Pas question de toucher à l'AME", selon la ministre de la Santé
- Des vidéos des viols de Mazan diffusées pour la première fois en présence du public
- Mort de Robert Boulin: les enquêteurs sur la piste d'un "truand", décédé en 1986
- Loups: une nouvelle évaluation en décembre, possible "moment clé pour augmenter la capacité de prélèvement", déclare Barnier
- Venezuela: l'opposant en exil affirme que sa famille a reçu des menaces
- La présidentielle américaine vue par des électeurs des Etats les plus disputés
- Macron plaide pour un espace francophone uni face aux crises
- Au chevet des éleveurs, premières annonces agricoles pour le gouvernement Barnier
- Réévaluation des retraites: Barnier "ouvert" à d'autres solutions parlementaires
- La Bourse de Paris termine en hausse, profitant de l'emploi américain
- En Corse, levée de la grève qui paralysait les ports et aéroports
- RDC: la vaccination contre le mpox commence samedi à Goma
- Les dockers américains reprennent le travail après trois jours de grève
- Foot: la justice de l'UE bouleverse les règles des transferts en tranchant le cas Diarra
- Espagne: Mbappé dans le groupe du Real pour la réception de Villarreal
Dans l'Arauca, le retour aux armes et au sang
Ici "c'est la peur!": dans l'Arauca, dans le nord-est de la Colombie, frontalier du Venezuela, la guerre est déclarée entre deux guérillas rivales, qui s'affrontent au dépend d'une population prise en étau.
Depuis début 2022, l'Armée de libération nationale (ELN, guévariste) et des dissidents des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), qui rejettent l'accord de paix signé en 2016 avec cette puissante guérilla marxiste, se livrent une lutte sans merci.
"L'enjeu est le contrôle territorial du département et des multiples trafics avec le Venezuela", via la rivière frontalière Arauca, résume, sous couvert d'anoymat, un politologue basé dans la région.
Le bilan est à ce jour d'une cinquantaine de morts. Pas de confrontation militaire majeure, mais une vaste chasse à l'homme au quotidien, avec son cortège d'assassinats, enlèvements, menaces et règlements de compte, a constaté l'AFP.
Un spectaculaire attentat à la voiture piégée a cependant marqué une nette escalade, le 19 janvier dans la ville de Saravena. Attribué aux dissidents des FARC, l'attaque visait le siège d'associations sociales, accusées par ces mêmes dissidents d'être proches de l'ELN.
Simeon Delgado, un gardien de 45 ans, père de trois enfants, a été tué dans l'explosion. "Cette maudite guerre nous l'a enlevé", pleure sa soeur Alba. "Une guerre où nous n'avons pas demandé à être, avec laquelle nous n'avons rien à voir".
Cet attentat "montre qu'ils sont prêts à tout", prévient le politologue.
- Loi du silence -
Au moins une dizaine de morts ont été recensés depuis une semaine. Le modus-operandi est presque toujours le même: un assassinat ciblé par des assaillants à moto, aussitôt disparus dans la nature.
"Tous les jours ils tuent. Souvent on ne sait même pas pourquoi. Comment ne pas avoir peur?", s'alarme Andres Padra, un leader indigène.
Le conflit se concentre autour d'une poignée de localités, un "triangle de la mort" le long de la rivière Arauca et plus en profondeur dans ce département de plaines agricoles et d'élevages.
Grand comme la Belgique, peu peuplé, l'Arauca tire l'essentiel de sa richesse des champs de pétrole de Cano Limon, ultra-sécurisés par l'armée, de l'agriculture et de la contrebande.
L'Arauca, "c'est un exécutif local rongé par la corruption, et une région frontalière qui est une machine à cash pour la guérilla", juge un acteur local indépendant. "Tout se transporte via la rivière: hommes, marchandises, et bien sûr la drogue".
Si ce n'était quelques tags sur les murs, ou la nervosité des militaires, les essaims de motos dans les rues et les badauds sirotant leur "tinto" (café) en terrasse pourraient laisser croire à une apparente normalité.
"Ne vous y trompez pas, tout le monde épie tout le monde", prévient un chauffeur.
Sur les rives de l'Arauca, où des Vénézuéliens embarquent les bras chargés de marchandises, l'irruption d'un visage inconnu suscite immédiatement la suspicion. On prend discrètement sa photo au portable.
Personne ne porte de casque à moto, "la guérilla l'interdit pour pouvoir identifier qui circule". "Ici il y a beaucoup de frontières invisibles très dangereuses", avertit le même chauffeur.
Rares sont ceux qui acceptent de témoigner, encore moins d'être cité : "Si tu donnes mon nom, demain je suis un cadavre", lâche un proche d'une victime.
A Saravena, la tension est palpable. Les rues se vident à la tombée du jour : les autorités ont décrété un couvre-feu nocturne et les dissidents des FARC ont, eux aussi, interdit toute circulation après 19H.
L'ELN joue ici à domicile. L'Arauca est un fief historique de ce mouvement qui y impose sa loi et son impôt "révolutionnaire".
Sa base sociale y est forte, avec de nombreux relais locaux. "Rien ne se fait sans l'aval de l'ELN, qui bénéficie d'une rente considérable avec son racket organisé sur l'exploitation pétrolière", décrypte l'analyste local. "Tout le monde paye, d'une manière ou d'une autre. L'ELN est invisible, mais ses hommes sont partout".
C'est aussi un conflit qui se joue des deux côtés de la frontière, alors que les relations sont excécrables entre les deux pays. La Colombie accuse le Venezuela chaviste de soutenir les guérillas colombiennes d'extrême-gauche, et de leur servir de base-arrière.
"Les violences ont d'ailleurs débuté l'année dernière en territoire vénézuélien, quand le 10e Front de la dissidence des FARC a commencé à disputer à l'ELN ses bases et ses points de rente, et s'est alors opposé directement aux forces vénézuéliennes", remarque le président du think-tank colombien Indepaz, Camilo Gonzalez Posso.
Après une guerre de plusieurs années, les deux guérillas avaient signé un pacte de non-agression en 2011. En 2016, les FARC ont déposé les armes et se sont donc retirées.
- "Défenseur du peuple" -
L'ELN voit aujourd'hui sa prédominance contestée par des dissidents des FARC à l'offensive qui, en deux ans, sont considérablement montés en puissance.
L'Arauca était l'une des rares régions où des groupes armés cohabitaient sans s'affronter, mais "la dissidence des FARC a été très active ces derniers mois pour essayer de prendre le contrôle des routes du narcotrafic vers le Venezuela et le Brésil", souligne une source sécuritaire à Bogota.
Face à cette flambée de violence, le gouvernement colombien continue de pointer du doigt le Venezuela. Il annonce l'envoi de renforts militaires pour "contrôler la frontière" et "protéger la population civile".
Sur le terrain, où les soldats évoluent dans un contexte très hostile, cette mobilisation ne se voit guère, si ce n'est autour des installations pétrolières.
Dans leurs communiqués, les belligérants se posent tous deux en "défenseur du peuple", s'accusant réciproquement de "complicité" avec l'Etat.
Rejetant toute accusation de narcotrafic, l'ELN promet "d'affronter" les dissidents des FARC, des "mercenaires" instrumentalisés par l'Etat colombien pour "attaquer la population et le mouvement social".
Les dissidents dénoncent, eux, la collusion de l'ELN avec l'éxécutif régional, sa main-mise sur le département. Et de citer nommément personnes, entreprises et ONG, désignés ainsi comme de futures cibles.
"Le problème dans tout ça est que chaque groupe s'attaque aux populations sympathisantes ou soutenant prétendument le groupe adverse", pointe le président d'Indepaz.
"Il y a déjà eu de nombreux assassinats en 2021", rappelle un responsable religieux. "Mais la dynamique s'est brusquement accélérée. Le pire est devant nous..."
M.A.Vaz--PC