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Présidentielle: jour J pour le débat télévisé, duel au sommet Macron/Le Pen
C'est l'heure du match retour: cinq ans après, Emmanuel Macron et Marine Le Pen se retrouvent mercredi soir pour le duel incontournable de l'entre-deux-tours de la présidentielle. Mais avec un écart plus serré qu'en 2017.
L'exercice ne bouleverse habituellement pas les dynamiques d'intentions de vote.
Mais cette fois, ce débat pourrait remobiliser certains électorats et "déplacer davantage de voix que ce qu'on a observé depuis le début de la Ve République", selon Brice Teinturier, directeur général délégué d'Ipsos France.
A quatre jours du second tour, les sondages donnent invariablement l'avantage au président sortant, avec 54 à 56,5% des intentions de vote contre 43,5 à 46% pour Marine Le Pen. Soit un écart de 8 à 12 points, quand Emmanuel Macron l'avait emporté en 2017 avec une avance de 32 points (66% des suffrages exprimés contre 34% à Mme Le Pen).
Mais une éventuelle forte abstention pourrait brouiller le jeu dimanche. Et les deux camps donnaient mercredi matin un avant-goût de la bataille au sommet à venir.
- "Tout et son contraire" -
Lors du débat, Emmanuel Macron "va insister sur les incohérences de Marine Le Pen, qui a quand même dit tout et son contraire sur tout en cinq ans, et singulièrement sur les sujets géopolitiques, stratégiques", a assuré le ministre délégué aux Transports Jean-Baptiste Djebbari, en citant l'Ukraine et le président russe Vladimir Poutine.
"Changer d’avis systématiquement sur tous les sujets (...), a minima c’est un défaut de clairvoyance, au maxima c’est une preuve conséquente d’incompétence", a-t-il affirmé sur Radio J.
Les deux candidats divergent sur presque tout: des retraites à l'écologie en passant par le port du voile, les libertés publiques et les institutions, le pouvoir d'achat, l'Union européenne et la diplomatie internationale, les relations avec la Russie.
Tentant d'élargir leur base électorale, ils ont aussi amendé certaines de leurs propositions phares: l'interdiction du port du voile dans l'espace public n'est plus la priorité pour Marine Le Pen, la retraite serait portée à 64 ans au lieu de 65 initialement proposé pour Emmanuel Macron, qui a aussi promis, dans un geste aux électeurs écologistes, un Premier ministre "directement chargé de la Planification écologique".
Le "point faible" du président sortant "et peut-être aussi son point fort, c'est de ne jamais douter de lui-même", a affirmé le président du RN Jordan Bardella sur France 2.
Alors que le "véritable point fort" de Marine Le Pen, selon lui, "est de parler du quotidien des gens". La défense du pouvoir d'achat a été placée au coeur de la campagne de la candidate d'extrême droite.
- "Valeurs de la droite" -
"Il n'y a pas de stress mais un peu d'appréhension parce que on sait que beaucoup de Français vont se décider sur ce débat", a-t-il ajouté.
Pour Mme Le Pen, qui s'est retranchée chez elle mardi, il s'agit de faire oublier l'échec du débat de 2017, le "plus gros" de sa carrière politique, au cours duquel elle était apparue fatiguée et mal préparée.
Contrairement à 2017, Emmanuel Macron se présente cette fois avec un bilan de président sortant à défendre et sera attaqué par sa concurrente sur son "mépris" et son "arrogance" supposés à l'égard des Français.
Mais il tentera aussi de la pousser dans ses retranchements concernant son programme, et de détricoter l'image lissée de celle qui reste à ses yeux "l'héritière" du "clan" Le Pen.
Marion Maréchal et Guillaume Peltier, vice-présidents du parti Reconquête! d'Eric Zemmour, ont de leur côté appelé Marine Le Pen à "ne pas oublier les valeurs de la droite" face à celles de gauche privilégiées pour attirer les électeurs de Jean-Luc Mélenchon.
Après moult tractations et tirages au sort, c'est finalement le pouvoir d'achat qui ouvrira ce débat d'une durée de 2H30. Marine le Pen, placée à droite de l'écran, prendra la parole en premier et en dernier, ont indiqué TF1 et France 2.
Outre le pouvoir d'achat, chacun des thèmes abordés - sécurité, jeunesse, international, compétitivité, environnement, modèle social, gouvernance - aura "un temps donné" de parole.
Après beaucoup de discussions, il y aura aussi "des plans d'écoute" (où l'on voit le candidat écouter celui qui l'interpelle). En 2017, ces plans avaient désavantagé Marine Le Pen, la montrant notamment noyée dans ses fiches.
Le leader Insoumis, qui a cumulé près de 22% des voix au premier tour, a pour sa part déjà enjambé le résultat de dimanche.
Il a appelé mardi soir à l'élire "Premier ministre" lors des législatives de juin, en donnant une majorité à son camp de gauche pour imposer une cohabitation à Marine Le Pen ou Emmanuel Macron.
A.Motta--PC