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Présidentielle: le drame ukrainien en toile de fond de la dernière semaine
Les candidats au premier tour de la présidentielle entament une dernière semaine de campagne en forme de marathon pour convaincre les électeurs, tandis que s'impose à eux, en toile de fond, le drame de l'Ukraine après la découverte de centaines de corps de civils dans la région de Kiev.
Sur France Inter lundi matin, le président sortant Emmanuel Macron s'est dit "favorable" à de nouvelles sanctions de l'Union européenne contre la Russie, notamment sur le pétrole et le charbon.
Il existe "des indices très clairs de crimes de guerre" dans la petite ville de Boutcha, et il est "à peu près établi que c'est l'armée russe" qui y était présente, a-t-il ajouté.
Le candidat écologiste Yannick Jadot a de nouveau réclamé un embargo sur les hydrocarbures russes, tandis que la socialiste Anne Hidalgo appelle à "cesser de payer le gaz de la honte".
Critiqué pour des positions jugées prorusses, le candidat LFI Jean-Luc Mélenchon a estimé que "les responsables russes doivent (...) répondre" des "crimes de l'armée russe".
A l'extrême droite, la candidate RN Marine Le Pen, qui avait refusé fin mars de qualifier Vladimir Poutine de "criminel de guerre", s'est résolue lundi à employer ces mots. Mais si Eric Zemmour a dénoncé un "crime infâme", estimant que Vladimir Poutine "salit l'image" de la Russie, il a fait valoir une difficulté selon lui à le "traîner" devant la Cour pénale internationale.
La guerre en Ukraine continue de marquer une campagne déjà asphyxiée à ses débuts par la crise du Covid, ce qui fait désormais craindre aux sondeurs une très importante abstention dimanche: elle pourrait atteindre quelque 30%, un record pour un premier tour de présidentielle sous la Ve République, souligne un sondage Ipsos SopraSteria paru dimanche.
- Risque d'"accident électoral" -
Chaque candidat tente aussi de gérer le duel installé depuis des mois entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen.
Le chef de l'Etat sortant, stabilisé autour de 27% tandis que la candidate RN a franchi le seuil des 20% fin mars, a déploré lundi que "ceux qui jouent avec les peurs montent" et souhaité "convaincre" les électeurs tentés par les extrêmes que ceux-ci "n'apportent pas la bonne réponse".
Pour le second tour, son avance s'est réduite dans la marge d'erreur des sondages (53% contre 47% à Marine Le Pen), inquiétant désormais la "macronie".
"A 52%-48% et même à 54%-46%, l'accident électoral est tout à fait possible" pour Emmanuel Macron, met en garde le politologue Pascal Perrineau lundi dans Les Echos.
Derrière, Jean-Luc Mélenchon est désormais installé à la troisième place à quelque 15%, devant Valérie Pécresse (LR) et Eric Zemmour (Reconquête!), au-coude-à-coude autour de 10%, puis Yannick Jadot, à 6%.
Confrontée au risque de voir certains de ses électeurs voter pour le président sortant ou les candidats d'extrême droite, Valérie Pécresse a réaffirmé lundi qu'Eric Zemmour et Marine Le Pen étaient "l'assurance réélection d'Emmanuel Macron".
"Quand on est pétainiste on n'est pas gaulliste, et quand on est d'extrême droite, on est poutiniste", a-t-elle fait valoir.
- Temps de parole égal -
L'appel d'Emmanuel Macron samedi au ralliement d'électeurs "de la social-démocratie au gaullisme, en passant par les écologistes qui ne (l’)ont pas encore rejoint", a, lui, rapidement reçu une fin de non-recevoir de la part de Yannick Jadot et Anne Hidalgo.
Et au sein de la gauche, l'appel à "voter utile", ou "voter efficace", de Jean-Luc Mélenchon a également essuyé les critiques de Mme Hidalgo, M. Jadot et du communiste Fabien Roussel, pour qui c'est le vote "de conviction" qui doit prévaloir au premier tour.
Les candidats misent désormais sur d'ultimes rendez-vous pour mobiliser leurs électeurs et convaincre les indécis: nouvelle interview d'Emmanuel Macron mercredi matin sur RTL et "déplacements de terrain" prévus selon un responsable de la majorité, émission "Elysée 2022" pour les douze candidats mardi, avec un temps de parole égal, et passages sur TF1 pour tous, deux par deux, en début de soirée au fil de la semaine.
Ce sera l'occasion pour les "petits" candidats Philippe Poutou (NPA), Nathalie Arthaud (LO) et Jean Lassalle (Résistons!) de se faire entendre.
Côté meetings, Jean-Luc Mélenchon renoue avec les images de synthèse des hologrammes de la campagne 2017: en chair et en os sur une scène à Lille mardi, il sera simultanément dans 11 autres villes.
La journée de jeudi concentrera à elle seule cinq meetings: Valérie Pécresse à Lyon, Marine Le Pen à Perpignan, Fabien Roussel à Lille, Philippe Poutou à Toulouse et Yannick Jadot à Nantes.
E.Borba--PC