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Recueillement et appels au calme en Corse après la mort de Colonna
En Corse, l'heure était au recueillement mardi, au lendemain de la mort du militant indépendantiste Yvan Colonna, avec des "Gloire à toi Yvan" qui ont fleuri sur les murs, sur fond d'appels au calme, notamment du chef de l'Etat.
Des "Gloria à tè !" inscrits en noir donnent le ton de l'émotion suscitée par le décès, après trois semaines de coma, du le plus connu de France, qui purgeait une peine de prison à perpétuité pour l'assassinat en 1998 du préfet Claude Erignac. Des faits qu'il a toujours niés.
Dans les kiosques, la Une de Corse-Matin attire le regard: la main d'une femme, les ongles peints, caressant une affiche du visage du militant nationaliste.
Pour Gilles Simeoni, président autonomiste du Conseil exécutif de Corse, sur Twitter, la mort d'Yvan Colonna "est une injustice et une tragédie, qui vont marquer l’histoire contemporaine de la Corse et de son peuple".
"La Corse traverse une crise identitaire, et avec Yvan Colonna, elle a trouvé son incarnation, son martyr", analyse Dominique, 60 ans: "Je crains, je redoute qu'après le deuil ça éclate", poursuit cette Corse, revenue s'installer il y a une vingtaine d'années dans l'île, interrogée dans les rues d'Ajaccio.
Globalement, peu acceptent de parler, par respect pour la famille. Mais l'émotion est là. A Ajaccio, plusieurs centaines de jeunes --250 selon les autorités-- ont ainsi manifesté dans le calme mardi matin, passant allumer des bougies devant la cathédrale, derrière une banderole de tête en hommage à l'ancien berger de Cargèse, "Yvan martiriu di à causa corsa" (NDLR: Yvan martyr de la cause corse).
"On veut montrer notre soutien à la famille", explique Chjara Secondi, 17 ans, qui espère qu'il n'y aura pas de mouvement de colère jusqu'aux funérailles, dont la date n'a pas encore été annoncée. Mais "à un moment donné le peuple corse va témoigner de sa colère", car "les jours qu'on vient de passer appellent à un changement profond", pense quand même Gérôme Bouda, 41 ans.
Un autre rassemblement est prévu à Bastia dans l'après-midi.
Dans ce contexte, le président de la République Emmanuel Macron a estimé sur France Bleu que "le plus important est que le calme se maintienne", saluant au passage "l'esprit de responsabilité" des élus corses.
"Je souhaite le retour à l'ordre en Corse et j'appelle tous nos compatriotes corses au calme et à la retenue", avait exhorté dès lundi soir la candidate LR à la présidentielle, Valérie Pécresse.
- Du Pays basque à la Nouvelle-Calédonie -
Sulidarita, une des associations de défense des prisonniers politiques corses, était elle dans un autre registre. "Malheur à l'Etat français assassin", a ainsi promis sur Twitter sa secrétaire générale Katti Bartoli.
L'agression d'Yvan Colonna le 2 mars à la prison d'Arles (Bouches-du-Rhône), par un détenu "jihadiste", avait suscité une colère quasi unanime dans l'île, de nombreux Corses estimant que cette agression n'aurait jamais eu lieu si le militant avait été transféré en Corse comme il le demandait de longue date.
"Toute la lumière sera faite sur l'enchaînement qui a conduit à cette situation qui n'est pas acceptable", a de nouveau promis le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal mardi, au sujet de l'agression du militant corse, violemment agressé par un codétenu radicalisé qui s'était acharné sur lui pendant huit minutes, sous le regard d'une caméra de surveillance et sans aucune intervention des gardiens.
Pour tenter d'apaiser la situation, le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, avait passé trois jours sur l'île en fin de semaine dernière, levant le tabou d'une possible autonomie de l'île. Il avait alors annoncé que les conclusions de l'enquête administrative sur l'agression de l'ancien berger de Cargèse devraient être rendues publiques d'ici la fin de cette semaine.
L'audition à l'Assemblée nationale du chef d'établissement de la centrale d'Arles, prévue initialement mercredi, a été reportée d'une semaine, "afin de respecter le deuil de la famille".
"Si la loi avait été appliquée et Colonna rapproché, ce drame ne se serait pas produit", a répété mardi matin Michel Castellani, député nationaliste corse, sur franceinfo.
Après l'Assemblée nationale de Catalogne ou le parti basque Sortu, qui ont dès lundi soir apporté le soutien de ces deux régions à forte couleur nationaliste, c'est le FLNKS, partisan de l'indépendance de la Nouvelle-Calédonie, et l'Union sociale des travailleurs kanaks, qui ont fait part de leur soutien mercredi.
M.Gameiro--PC