Portugal Colonial - Alain Krivine: enfant de Mai 68, "révolté" toute sa vie

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Alain Krivine: enfant de Mai 68, "révolté" toute sa vie
Alain Krivine: enfant de Mai 68, "révolté" toute sa vie

Alain Krivine: enfant de Mai 68, "révolté" toute sa vie

Figure de l'extrême gauche et candidat à deux reprises à l'élection présidentielle, Alain Krivine, décédé samedi à l'âge de 80 ans, a consacré sa vie au militantisme "révolté", dans le sillage des événements de Mai 68.

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Leader pendant trois décennies de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) qu'il a cofondée en 1974, il est resté toute sa vie profondément trotskiste, affirmant en 1993: "Plus je vieillis, plus je suis révolté".

Né le 10 juillet 1941 à Paris, Alain Krivine est issu d'une famille de la petite bourgeoisie juive, immigrée d'Europe centrale.

Très vite, ses frères aînés, qui passent tous par le Parti communiste, tracent la route à suivre.

Direction, en 1955, l'Union de la jeunesse républicaine de France (UJRF), avant de devenir l'année suivante responsable de l'ensemble des lycéens communistes de Paris.

Krivine est ensuite le principal dirigeant du courant de gauche de l'Union des étudiants communistes (UEC) du secteur "Sorbonne-Lettres", dont il est exclu en 1965 après avoir critiqué la direction du PCF.

En 1966, jeune professeur d'Histoire, il fait partie des fondateurs de la Jeunesse communiste révolutionnaire (JCR).

- Episode fondateur -

Membre des réseaux de soutien au Front de libération nationale (FLN) algérien à Paris, Alain Krivine est profondément influencé par les événements de Mai 68, auxquels il participe activement.

Avec la JCR, il encadre et anime le mouvement étudiant à Paris dont il devient rapidement un des leaders, aux côtés de Daniel Cohn-Bendit, Jacques Sauvageot et Alain Geismar.

"Quand les flics sont entrés à la Sorbonne le 3 mai, et qu'ils nous ont embarqués dans les cars, le Quartier latin est parti en ébullition. On ne savait pas d'où ça venait, c'était spontané", raconte-t-il en 2018, un demi-siècle plus tard, au sujet de cet épisode fondateur.

"Des milliers d'étudiants ont pris des bouteilles de bière sur les tables des bars et cognaient les flics en képi ! J'ai dit à mes copains : +Mais qu'est-ce qu'il se passe ?+ C'était le début de Mai 68".

Mais après le discours de Charles de Gaulle le 30 mai, il comprend que le mouvement a échoué. La JCR est dissoute et Krivine se retrouve emprisonné un mois à la prison de la Santé.

Obligé de faire son service militaire, il apprend quelques mois plus tard depuis sa caserne à Verdun que le bureau politique de la toute nouvelle Ligue communiste (LC) l'a désigné candidat à l'élection présidentielle de 1969.

Un an après Mai 68, la France entière découvre donc Krivine, cheveux frisés, lunettes sur le nez, et son programme: détruire l'ordre capitaliste et redistribuer les richesses. Il n'obtient que 1,06% des suffrages.

- "Shooté au mouvement social" -

En 1973, la Ligue communiste est à son tour dissoute, à la suite d'affrontements entre quelques-uns de ses membres et des militants d'extrême droite, avant de renaître brièvement sous le nom de Front communiste révolutionnaire (FCR).

Puis, Alain Krivine crée en 1974 la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) dont il restera le leader historique pendant plus de trente ans. Il se présente cette année-là une nouvelle fois à la présidentielle et obtient 0,37% des suffrages.

Les années 1990 sont marquées par son opposition à la guerre du Golfe, au traité de Maastricht et, en 1995, à la réforme des retraites en France.

"Il est shooté au mouvement social", disait de lui Jean-Christophe Cambadélis, figure du PS et issu du trotskisme.

"Etre révolutionnaire, c'est vouloir remettre à l'endroit une société à l'envers", dit-il, défendant ardemment sa ligne "100% à gauche".

Journaliste à l'hebdomadaire "Rouge", l'organe du parti, et député européen entre 1999 et 2004, il démissionne du bureau politique de la LCR en 2006, tout en restant porte-parole du mouvement jusqu’à sa dissolution en 2009.

Au moment de prendre sa retraite, il confiait: "On a beaucoup plus de raisons de se révolter qu’en 1968. La barbarie s'est aggravée. J'attends un Mai 68 qui réussisse, un Mai 68 avec un programme".

P.Sousa--PC