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Ukraine: la bataille pour Kiev continue, les Occidentaux accentuent la pression
La bataille pour le contrôle de Kiev se poursuit dimanche, alors que les Occidentaux accentuent encore la pression sur Moscou, en excluant des banques russes de la plateforme interbancaire Swift et en s'apprêtant à livrer davantage d'armes à l'Ukraine.
Au quatrième jour de l'offensive lancée par Vladimir Poutine, les sirènes d'alarme anti-aérienne ont retenti à Kiev dans la nuit de samedi à dimanche, a indiqué le Service officiel des communications spéciales, appelant les habitants à se réfugier dans les abris de la capitale. Les forces russes "poursuivent leur offensive pour verrouiller Kiev" après avoir "terminé leur regroupement" sur le front nord, a de son côté affirmé l'armée ukrainienne samedi soir.
L'armée russe avait reçu samedi après-midi l'ordre d'élargir son offensive sur l'Ukraine, affirmant que Kiev avait refusé des négociations. "Toutes les unités ont reçu l'ordre d'élargir l'offensive dans toutes les directions, en conformité avec le plan de l'offensive", a déclaré le porte-parole du ministère de la Défense, Igor Konachenkov, dans un communiqué.
- "Paria" -
La violence de l'intervention russe a poussé samedi les Occidentaux à adopter un nouveau train de sanctions plus dures: ils ont notamment décidé d'exclure de nombreuses banques russes de la plateforme interbancaire Swift, un rouage essentiel de la finance mondiale, a annoncé le gouvernement allemand, qui préside le forum du G7.
Une action qui "empêchera les banques d'effectuer la plupart de leurs transactions financières mondiales, et par conséquent, les exportations et importations russes seront bloquées", a souligné la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.
Par ailleurs, les partenaires occidentaux ont décidé de restreindre davantage l'accès de la banque centrale russe aux marchés des capitaux, et de "paralyser les actifs de la Banque centrale russe" afin d'empêcher Moscou d'y recourir pour financer le conflit en Ukraine, selon les mots de Mme von der Leyen.
Les nouvelles sanctions vont enfin s'en prendre aux oligarques russes et à leurs familles pour les empêcher d'obtenir la nationalité de pays occidentaux.
La Russie est désormais un "paria économique et financier mondial", faisant face à un rouble en "chute libre", et un groupe de travail "traquera" les "yachts, jets, voitures de luxe et maisons de luxe" des oligarques russes, a synthétisé samedi soir un haut responsable américain.
Les Occidentaux avaient déjà franchi un palier vendredi en imposant des sanctions personnelles au président russe Vladimir Poutine et à son chef de la diplomatie, Sergueï Lavrov.
- "Signes d'une résistance" -
Rompant avec sa politique traditionnelle de refus d'exporter des armes létales en zone de conflit, l'Allemagne a annoncé samedi la fourniture à Kiev d'un millier de lance-roquettes antichars et de 500 missiles sol-air.
Washington de son côté a annoncé samedi l'envoi d'une nouvelle aide militaire à l'Ukraine, d'un montant de 350 millions de dollars, alors qu'un haut responsable du Pentagone disait à l'AFP voir "des signes d'une résistance ukrainienne viable".
"Nous pensons que les Russes sont de plus en plus frustrés par leur perte d'élan au cours des dernières 24 heures, notamment dans le nord de l'Ukraine", a-t-il ajouté.
Les Pays-Bas ont annoncé livrer 200 missiles antiaériens Stinger, la République tchèque a dit envoyer des armes pour une valeur de 7,6 millions d'euros, et la Belgique a indiqué fournir à Kiev 2.000 mitrailleuses et 3.800 tonnes de fuel.
Et la France a déclaré à son tour samedi soir avoir "décidé la livraison additionnelle d'équipements de défense aux autorités ukrainiennes".
- "Unités de sabotage" -
Au moins 198 civils, dont trois enfants, ont été tués et 1.115 personnes blessées depuis jeudi, selon le ministre ukrainien de la Santé, Viktor Liachko.
"Notre armée contrôle Kiev et les villes clés autour de la capitale", a assuré samedi Volodymyr Zelensky sur Facebook, affirmant avoir "cassé le plan" de Moscou. Le président ukrainien a appelé la population à prendre les armes et juré de rester à Kiev.
Dans la capitale, désertée par ses habitants, des combats ont opposé samedi les forces russes et ukrainiennes. Le couvre-feu a été étendu jusqu'à lundi 08h00 et toute personne dans la rue sera traitée en ennemi, a annoncé le maire, l'ex-boxeur Vitaly Klitschko.
Des soldats ukrainiens en patrouille ont assuré à l'AFP que les forces russes étaient en position de tir à quelques kilomètres de là. Sous un ciel bleu, la carcasse d'un camion militaire pulvérisé par un missile fumait encore au milieu des débris, tandis que des détonations étaient entendues au loin.
Un immeuble résidentiel d'une trentaine d'étages a été frappé de plein fouet samedi par un missile qui a fait des dégâts importants, sans que les autorités ne fassent état de victimes dans l'immédiat.
Des "unités de sabotage" de Moscou se trouvent dans la ville, mais pas encore des formations régulières de l'armée russe, a dit le maire de la capitale.
- Moscou ne donne pas de bilan -
Jusqu'à présent, le ministère russe de la Défense n'a pas évoqué d'offensive sur Kiev, faisant état uniquement de tirs de missiles de croisière sur des infrastructures militaires, d'avancées dans l'Est - où l'armée appuie les séparatistes des territoires de Donetsk et Lougansk - et dans le Sud ukrainien, où les forces russes sont entrées jeudi depuis la péninsule de Crimée, annexée par Moscou en 2014.
Des unités russes ont été identifiés à Borodianki (à 70 km au nord-ouest de Kiev), à Butcha, dans la banlieue nord-ouest de la capitale, et à Vychgorod, dans sa banlieue nord, a indiqué sur Facebook l'armée ukrainienne.
A travers le pays, des dizaines de militaires ukrainiens ont perdu la vie dans les combats, selon l'armée ukrainienne qui affirme aussi infliger de lourdes pertes à l'armée russe. Moscou ne donne aucune information quant à son bilan.
La Pologne affirme que 115.000 Ukrainiens ont franchi la frontière depuis jeudi, jour du début de l'invasion de l'Ukraine. Neuf centres d'accueil ont été mis en place.
Le Haut-commissariat des Nations unies aux réfugiés avait auparavant estimé à plus de 116.000 le nombre de réfugiés à avoir fui vers les pays voisins.
burx/am
S.Pimentel--PC