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La Russie "élargit l'offensive" en Ukraine, nouvelles sanctions
La Russie a annoncé samedi élargir son offensive contre l'Ukraine malgré un tollé international grandissant, des sanctions qui se durcissent encore et l'annonce de nouvelles livraisons d'armes à Kiev, notamment par l'Allemagne.
Dans l'immédiat, "la nuit va de nouveau être difficile. Les soldats (russes) essaient toujours d'entrer dans Kiev", a écrit samedi soir sur son compte Telegram le maire de la capitale ukrainienne, l'ancien champion du monde de boxe Vitaly Klitschko.
Mais Berlin, qui y rechignait jusqu'à présent, s'est dit prêt samedi à une "limitation ciblée" de l'accès de la Russie au système d'échanges interbancaires Swift, ce qui pourrait ouvrir la voie à cette sanction considérée comme une des plus radicales dans le domaine économique, et à laquelle la France notamment s'est dite favorable.
L'Allemagne a également annoncé la fourniture à Kiev d'un millier de lance-roquettes antichars et de 500 missiles sol-air, rompant avec sa politique traditionnelle de refus d'exporter des armes létales en zone de conflit.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a salué samedi la décision allemande. "Continuez comme ça, Olaf Scholz ! La coalition anti-guerre en action !", a-t-il twitté à l'attention du chancelier allemand.
Mais le Kremlin a déjà déclaré se moquer des sanctions, et n'a fait que renforcer son invasion. "Toutes les unités ont reçu l'ordre d'élargir l'offensive dans toutes les directions", a déclaré le ministère russe de la Défense.
La Russie avait en fait posé pour condition que les Ukrainiens déposent les armes, ce que le président ukrainien Volodymyr Zelensky, dans plusieurs videos postées depuis le centre de Kiev, a exclu.
Au troisième jour de l'intervention lancée par le président russe Vladimir Poutine, des combats avaient lieu samedi, outre la capitale, dans nombre de villes ukrainiennes.
- "Une guerre vaine" -
Au moins 198 civils, dont trois enfants, ont été tués et 1.115 personnes blessées depuis jeudi, selon le ministre ukrainien de la Santé, Viktor Liachko.
"Notre armée contrôle Kiev et les villes clés autour de la capitale", a assuré Volodymyr Zelensky sur Facebook, affirmant avoir "cassé le plan" de Moscou. Il a appelé la population à prendre les armes et juré de rester à Kiev.
A Moscou, le porte-parole du ministère russe de la Défense, Igor Konachenkov, a réaffirmé que l'armée russe ne menait pas de frappes sur des zones résidentielles. Des reporters de l'AFP ont cependant vu plusieurs habitations touchées par des tirs à travers le pays.
De son côté, le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, s'est directement adressé samedi sur Twitter "au peuple russe", en russe.
"Vous ne méritez pas une guerre vaine avec vos voisins, vos amis et familles en Ukraine", a-t-il notamment écrit.
Washington a annoncé samedi l'envoi d'une nouvelle aide militaire à l'Ukraine, d'un montant de 350 millions de dollars, alors qu'un haut responsable du Pentagone disait à l'AFP voir "des signes d'une résistance ukrainienne viable".
"Nous pensons que les Russes sont de plus en plus frustrés par leur perte d'élan au cours des dernières 24 heures, notamment dans le nord de l'Ukraine", a-t-il ajouté.
Les Pays-Bas ont annoncé livrer 200 missiles antiaériens Stinger, la République tchèque a dit envoyer des armes pour une valeur de 7,6 millions d'euros, et la Belgique a indiqué fournir à Kiev 2.000 mitrailleuses et 3.800 tonnes de fuel.
Et la France a annoncé à son tour samedi soir, à l'issue d'un Conseil de défense avoir "décidé la livraison additionnelle d'équipements de défense aux autorités ukrainiennes".
- "Isoler totalement" Moscou -
"La guerre est revenue en Europe" et elle "durera", avait averti le président français Emmanuel Macron samedi matin à Paris.
Le pape François s'est entretenu au téléphone avec le président Zelensky et a exprimé sa "profonde douleur pour les événements tragiques" en Ukraine, a annoncé l'ambassade ukrainienne près le Saint-Siège..
Volodymyr Zelensky s'est également entretenu samedi avec le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres et lui a demandé de priver la Russie, "pays agresseur", de son droit de vote au Conseil de sécurité.
Lui et le Premier ministre britannique Boris Johnson ont souligné lors d'un appel téléphonique samedi "la nécessité d'isoler totalement la Russie diplomatiquement et financièrement", a annoncé Downing Street.
Côté diplomatie encore, la présidence du Bélarus a annoncé samedi que le président Alexandre Loukachenko, ces derniers mois très dépendant de l'appui du Kremlin, s'était entretenu avec son homologue français.
Emmanuel Macron a demandé que le Bélarus "exige au plus vite le retrait des troupes russes de son sol", et qui sont engagées dans l'invasion de l'Ukraine, a ensuite expliqué l'Elysée.
La Grèce a de son côté exigé que la Russie cesse ses attaques aériennes contre des civils en Ukraine, l'accusant du "meurtre" d'au moins dix Ukrainiens d'origine grecque.
- Affrontements à Kiev -
Dans Kiev, ville-fantôme désertée par ses habitants, des combats ont opposé samedi les forces russes et ukrainiennes. Le couvre-feu a été étendu jusqu'à lundi 08h00 et toute personne dans la rue sera traitée en ennemi, a annoncé le maire, Vitaly Klitschko.
Des soldats ukrainiens en patrouille ont assuré à l'AFP que les forces russes étaient en position de tir à quelques kilomètres de là. Sous un ciel bleu, la carcasse d'un camion militaire pulvérisé par un missile fumait encore au milieu des débris, tandis que des détonations étaient entendues au loin.
Le métro de Kiev est à l'arrêt et sert désormais d'abri antiaérien à la population.
Un immeuble résidentiel d'une trentaine d'étages a été frappé de plein fouet samedi matin par un missile qui a fait des dégâts importants, sans que les autorités ne fassent état de victimes dans l'immédiat.
Des "unités de sabotage" de Moscou se trouvent dans la ville, mais pas encore des formations régulières de l'armée russe, a dit le maire de la ville.
L'armée ukrainienne assure avoir détruit une colonne de cinq véhicules militaires, dont un char, sur l'avenue de la Victoire.
Elle a également affirmé dans la nuit de vendredi à samedi avoir abattu plusieurs appareils russes dont un gros-porteur Iliouchine Il-76, des informations impossibles à vérifier dans l'immédiat.
- Exode vers l'Ouest -
Jusqu'à présent, le ministère russe de la Défense n'a pas évoqué d'offensive sur Kiev, faisant état uniquement de tirs de missiles de croisière sur des infrastructures militaires, d'avancées dans l'Est - où l'armée appuie les séparatistes des territoires de Donetsk et Lougansk - et dans le Sud ukrainien, où les forces russes sont entrées jeudi depuis la péninsule de Crimée, annexée par Moscou en 2014.
Des unités russes ont été identifiés à Borodianki (à 70 km au nord-ouest de Kiev) à Butcha, dans la banlieue nord-ouest de la capitale, et à Vychgorod, dans sa banlieue nord, a indiqué sur Facebook l'armée ukrainienne.
Les forces russes "continuent leur attaque pour bloquer Kiev depuis le nord-est (du pays), mais elles ont été arrêtées par les forces armées ukrainiennes", a-t-elle encore affirmé.
A travers le pays, des dizaines de militaires ukrainiens ont perdu la vie dans les combats, selon l'armée ukrainienne qui affirme aussi infliger de lourdes pertes à l'armée russe. Moscou ne donne aucune information quant à son bilan.
Sur la route entre Kramatorsk et Dnipro, deux villes de l'est de l'Ukraine, des journalistes de l'AFP ont constaté la présence de très nombreux convois militaires ukrainiens. Des check-points ont été instaurés aux entrées et sorties de chaque grande ville de cette zone.
La Pologne affirme que 115.000 Ukrainiens ont franchi la frontière depuis jeudi. Neuf centres d'accueil ont été mis en place.
- Censure en Russie -
"Nous avons quitté notre maison très, très vite parce que nous avions peur d'un assaut massif", a raconté à l'AFP Dania, parmi les réfugiés.
Le Haut-commissariat des Nations unies aux réfugiés (UNHCR) avait auparavant estimé à plus de 116.000 le nombre de réfugié à avoir fui vers les pays voisins, comme la Hongrie, la Moldavie, la Slovaquie et la Roumanie.
Vladimir Poutine paraît résolu à poursuivre son offensive, jusqu'à déloger du pouvoir à Kiev ceux qu'il qualifie de "drogués" et "néonazis". Il a aussi appelé l'armée ukrainienne à prendre le pouvoir.
Selon Moscou, il s'agit d'une opération militaire de "maintien de la paix".
Le régulateur russe des médias a d'ailleurs ordonné samedi aux médias nationaux de supprimer toute référence à des civils tués par l'armée russe en Ukraine ainsi que les termes "invasion", "offensive" ou "déclaration de guerre".
- Sanctions occidentales -
Le camp occidental se concentre sur le durcissement des sanctions contre la Russie après avoir restreint son accès aux marchés financiers et aux technologies, et en envisageant donc maintenant une limitation ou exclusion de la la Russie du système interbancaire Swift.
Les Occidentaux avaient déjà franchi un palier vendredi en imposant des sanctions personnelles à Vladimir Poutine et à son chef de la diplomatie, Sergueï Lavrov.
Les sanctions touchent notamment le domaine aérien, et l'Allemagne, dont la compagnie Lufthansa a annoncé suspendre ses vols en Russie pour 7 jours, a indiqué samedi envisager de fermer son espace aérien aux compagnies russes.
Les autorités françaises ont de leur côté indiqué avoir intercepté dans la Manche un navire de commerce russe de 127 mètres soupçonné d'appartenir à une entreprise visée par les sanctions prises par l'UE.
Dans le monde entier, des sportifs, notamment des footballeurs, ont avant le début de rencontres exprimé leur solidarité envers l'Ukraine et leur opposition à l'offensive russe.
burx/lpt/thm/mm/lpt/fjb
E.Paulino--PC