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Macron appelle à la "résilience" au Salon de l'agriculture en pleine guerre en Ukraine
Il est venu parler "souveraineté alimentaire" et "plan de résilience": mobilisé par l'invasion russe en Ukraine, le président Emmanuel Macron a inauguré samedi le Salon de l'agriculture lors d'une visite au pas de charge.
"Cette guerre durera" et "il faut nous y préparer", a prévenu avec gravité le président, les traits tirés, à la fin d'une prise de parole d'une petite demi-heure. Il s'exprimait juste avant l'ouverture du salon au public porte de Versailles à Paris, à quelques pas de cochons, vaches et moutons de l'élite du cheptel français.
"Ce que nous sommes en train de vivre ne sera pas sans conséquences sur le monde agricole et les filières qui sont les vôtres", a averti le chef de l'Etat, au moment où les professionnels craignent des mesures de rétorsion sur les exportations après les sanctions prises contre la Russie.
Il a évoqué des conséquences "sur l'augmentation des coûts de l'énergie, (...) l'alimentation du bétail, son coût, peut-être même la capacité à fournir".
- Accueil bienveillant -
"Nous sommes en train de bâtir (...) un plan de résilience, d'abord pour sécuriser pour nos filières, nos intrants, ensuite pour essayer au maximum de bâtir des boucliers en termes de coûts aux niveaux national et européen", a toutefois souligné M. Macron.
Les contours de ce plan devraient être précisés dans la semaine à venir, d'après le gouvernement.
Tout à la joie de cette 58e édition après une année blanche pour cause de pandémie, le monde agricole a donc eu droit à un message présidentiel empreint de gravité. Arrivé sur place vers 07H30, M. Macron est reparti peu avant 09H00, alors qu'il avait passé pas moins de douze heures dans les travées du salon lors de sa dernière édition en 2020.
Juste avant son intervention, le président avait reçu un accueil bienveillant des personnes présentes. "Merci pour ce que vous faites", "bon courage", pouvait-on entendre.
- Flambée des coûts -
Emmanuel Macron a coupé le traditionnel ruban d'inauguration sous le regard de Neige, la vache égérie de l'événement, avant que le Premier ministre Jean Castex ne prenne le relais pour parcourir le salon et défendre le bilan du quinquennat à six semaines de l'élection présidentielle.
M. Castex s'est félicité de venir "célébrer ce grand moment" de réunion du monde agricole. Il a goûté du reblochon produit avec du lait de Neige et commencé à arpenter les allées de la foire où les exposants venus des quatre coins du pays s'activaient dans des odeurs de confit de canard et de charcuterie.
A ses côtés, le ministre de l'Agriculture Julien Denormandie a estimé que la crise russo-ukrainienne, si grave soit-elle, n'entraînait pas un risque "de pénurie" alimentaire pour la France, mais plutôt une inquiétude sur les prix de l'énergie (y compris le gaz qui sert à fabriquer les engrais), des céréales et huiles végétales qui nourrissent le bétail.
Les coûts de production des agriculteurs, surtout les éleveurs, avaient déjà flambé en 2021. Ce qui rendait déjà difficiles les négociations commerciales en cours entre les supermarchés et leurs fournisseurs de l'agroalimentaire, qui déterminent le prix des produits mis en rayon pendant l'année et, in fine, le revenu des agriculteurs.
Emmanuel Macron a appelé les acteurs de l'alimentation "à la responsabilité" pour que ces négociations, qui s'achèvent mardi, aboutissent à une "juste rémunération" du travail des agriculteurs. "La pression continuera à être mise sur les transformateurs et les distributeurs, et jusqu'à la dernière minute nous ne lâcherons rien", a-t-il martelé.
Plusieurs prétendants à l'Elysée doivent se plier à la tradition de la visite du salon ouvert jusqu'au dimanche 6 mars, dont le communiste Fabien Roussel, la LR Valérie Pécresse, la socialiste Anne Hidalgo, la candidate RN Marine Le Pen et son rival d'extrême droite Eric Zemmour.
"C'est un salon particulier parce qu'il y a les élections présidentielles" et "parce qu'on est en crise de vocation": "On perd en gros 100.000 agriculteurs tous les dix ans et il est bien qu'il y ait un débat sur la vision du métier", a souligné le président du salon Jean-Luc Poulain.
En début de matinée, les visiteurs se pressaient déjà devant les guichets. Ils étaient 630.000 en 2019, dernière édition avant la crise sanitaire.
"On est parties tôt ce matin en bus du Calvados, seulement pour la journée", racontait Sylvie Marie, 48 ans, femme de ménage, venue avec sa mère, sa sœur et sa fille. "C’est un vrai plaisir de revenir. Pour moi c'est un moyen de prendre l'air, voir du monde. Ça fait deux ans qu'on ne sort pas alors vous comprenez, ça fait du bien", se réjouissait-elle auprès de l'AFP.
"On va voir les cochons!", hurlait Thomas, 8 ans, qui découvre avec effarement que le cul noir du Limousin n'est pas rose et lisse mais "a des poils partout" avec des taches noires. Non loin, une famille cédait au plaisir du selfie devant la Charolaise "Obama", colosse laineux et fameuse race à viande.
Dès 09H00, de nombreux visiteurs se pressaient dans les travées, n'échappant pas, même masqués, aux premières effluves de soupe à l'ail et steaks saignants.
sb-jri-pab-adr/pn/vk
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