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Inde: tollé après la fermeture du Club de la Presse du Cachemire
Le gouvernement indien a fermé le Club de la presse du Cachemire (KPC), déclenchant un tollé de journalistes locaux et de politiciens, entre autres, y voyant une preuve suplémentaire des efforts déployés par les autorités pour contrôler l'information dans le territoire himalayen contesté.
Le KPC, seul organe de journalistes élu au Cachemire, assurait la liaison avec le gouvernement sur les difficultés rencontrées par les reporters et avait notamment publié des communiqués sur les actions de la police entravant le travail de la presse.
Les autorités ont déclaré lundi que l'association, créée en 2019 après une longue bataille menée par des journalistes locaux, avait "cessé d'exister" en tant qu'organisme enregistré, accusant ses membres d'"illégalités à plusieurs titres".
Selon elles, le club a échoué à se réenregistrer en vertu des lois introduites lorsque la région est passée sous le contrôle direct de l'Inde en 2019, et son comité de gestion n'a pas organisé d'élections.
Le mois dernier, les autorités avaient renouvelé l'enregistrement du club en vertu des nouvelles lois, à l'issue d'un processus rigoureux de six mois. Mais deux jours plus tard, dès que la direction du club a annoncé de nouvelles élections, elles l'ont déclaré en "suspens".
Samedi, un groupe de journalistes pro-gouvernementaux, accompagné de policiers armés et de troupes paramilitaires, ont cerné les locaux du KPC, et se sont autoproclamés aux commandes.
La guilde des rédacteurs en chef de l'Inde a qualifié cette action de "prise de contrôle armée".
Selon Ishfaq Tantray, secrétaire du club, le gouvernement "voulait étouffer la voix des journalistes qui résonnait à travers le forum appelé Kashmir Press Club, le seul organe démocratique et indépendant de journalistes" au Cachemire.
"Il semble que ce coup et ses conséquences ont été entièrement orchestrés pour fermer une fois encore un organe qui permettait aux journalistes de débattre et de discuter librement de leurs opinions", a dénoncé l'ancienne ministre en chef du Cachemire, Mehbooba Mufti, sur Twitter.
Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), basé aux États-Unis, a déclaré que l'objectif de la fermeture était "d'empêcher les journalistes de faire leur travail" et a demandé aux autorités de mettre fin au "harcèlement répété des journalistes" au Cachemire.
Les journalistes y subissent une pression accrue, faisant de plus en plus l'objet d'arrestations, de descentes de police, de poursuites pour des motifs liés au "terrorisme" et de harcèlement pour leurs reportages.
Dans son communiqué lundi, le gouvernement a précisé être attaché à une presse libre et équitable et espéré qu'une "société de bonne foi de tous les journalistes" le contacte pour la "réaffectation" des locaux du KPC.
Le Cachemire, à majorité musulmane, est divisé entre l'Inde et le Pakistan depuis 1947. La partie administrée par l'Inde a connu des décennies de troubles qui ont fait des dizaines de milliers de morts, pour la plupart des civils.
L.Torres--PC