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Explosions à Kiev, mobilisation générale en Ukraine face à l'invasion russe
Des explosions ont été entendues vendredi matin à Kiev - des tirs "horribles" de missiles russes selon le chef de la diplomatie ukrainienne - au lendemain de l'attaque déclenchée par Vladimir Poutine en Ukraine, dont le président a décrété la mobilisation générale.
"Des tirs horribles de missiles russes sur Kiev. La dernière fois que notre capitale a connu quelque chose de semblable, c'était en 1941 quand elle a été attaquée par l'Allemagne nazie", a affirmé le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kouleba, sur son compte Twitter.
Deux fortes détonations ont été entendues vendredi à l'aube dans le centre de Kiev, a constaté une journaliste de l'AFP, au deuxième jour de l'invasion par la Russie de l'Ukraine, où des combats meurtriers opposent les belligérants jusqu'aux portes de la capitale.
L'armée de terre ukrainienne a indiqué que des "tirs de missiles" visaient Kiev, précisant en avoir détruit deux en vol. Selon le maire de la ville, Vitali Klitschko, ces tirs auraient blessé trois personnes, dont une grièvement, dans un quartier résidentiel du sud-est de la capitale.
La progression des forces russes fait redouter un assaut et la multiplication d'attaques ciblées sur Kiev et des cibles stratégiques et gouvernementales.
Le gouverneur de la région de Soumy (nord-est), Serhiï Jyvytskiï - cité par l'agence de presse UNIAN - a déclaré que "des engins (russes, ndlr) sont partis de Soumy en direction de Kiev, beaucoup d'engins".
Le ministère ukrainien de la Défense a également signalé vendredi un tir de missile russe tôt le matin contre une unité de gardes-frontières dans la région de Zaporijjia, qui, selon cette source, a fait des "morts et des blessés".
- "Seule" -
Afin de contrer l'invasion russe, le président Volodymyr Zelensky a décrété jeudi soir la mobilisation générale et le rappel des réservistes sous 90 jours dans toutes les régions ukrainiennes.
Le dirigeant a par ailleurs regretté que l'Ukraine soit "laissée seule" face à l'armée russe alors que l'Alliance atlantique a indiqué qu'elle n'y enverrait pas de troupes pour la soutenir. "Qui est prêt à combattre avec nous ? Je ne vois personne. Qui est prêt à donner à l'Ukraine la garantie d'une adhésion à l'Otan ? Tout le monde a peur", a-t-il dénoncé.
Les forces militaires des Etats de l'Otan ont été placées en état d'alerte et certaines unités vont faire mouvement pour renforcer le flanc est de l'alliance. Un sommet de l'Alliance atlantique consacré à la crise en Ukraine se déroulera en visioconférence vendredi.
Les Etats-Unis, qui n'enverront pas de troupes en Ukraine, défendront "le moindre pouce de territoire de l'Otan", a assuré le président Joe Biden. Le Pentagone dépêchera toutefois quelque 7.000 soldats de plus en Allemagne.
De son côté, la France va accélérer le déploiement dans le cadre de l'Otan de soldats en Roumanie, pays frontalier de l'Ukraine, a annoncé le président Emmanuel Macron à l'issue d'un sommet exceptionnel de l'UE, jugeant également utile de "laisser ouvert le chemin" du dialogue avec Moscou pour obtenir un arrêt de son offensive.
L'invasion a provoqué un tollé dans la communauté internationale, surtout côté occidental.
Les Etats-Unis et l’Albanie ont demandé un vote du Conseil de sécurité de l'ONU vendredi à 20H00 GMT sur un projet de résolution condamnant l’invasion de l’Ukraine et réclamant à la Russie le retrait immédiat de ses troupes.
Joe Biden, pour qui le maître du Kremlin va devenir "un paria sur la scène internationale", a imposé des restrictions aux exportations de produits technologiques vers la Russie.
Les dirigeants des 27 pays de l'UE ont durci les sanctions contre la Russie, dans les secteurs de l'énergie, de la finance et des transports, sans aller jusqu'à l'exclure du système d'échanges bancaires internationaux Swift. "Les dirigeants russes devront faire face à un isolement sans précédent", a promis la présidente de la Commission Ursula von der Leyen.
Moscou a de son côté promis une réplique "sévère" à ces mesures.
- Au moins 137 morts côté ukrainien -
Au lendemain du déclenchement de l'offensive russe, le président Zelensky a dressé vendredi le bilan des pertes côté ukrainien, civiles et militaires: au moins 137 morts et 316 blessés.
L'armée ukrainienne a estimé les pertes matérielles russes à plus de 30 tanks, quelque 130 véhicules blindés de combat, sept avions et six hélicoptères.
Les deux camps faisaient des déclarations invérifiables, mais l'armée russe gagnait du terrain. Dans la région de Kherson, elle est présente dans plusieurs zones et contrôle Genichesky, ville à 300 km à l'ouest de la frontière russe.
L'offensive russe a commencé jeudi à l'aube, après la reconnaissance lundi par Vladimir Poutine de l'indépendance de territoires séparatistes ukrainiens du Donbass.
"J'ai pris la décision d'une opération militaire spéciale" ayant pour but "une démilitarisation et une dénazification de l'Ukraine", a martelé le président russe à la télévision en annonçant cette opération, mais "nous n'avons pas dans nos plans une occupation des territoires ukrainiens".
Pour justifier cette intervention, il a réitéré ses accusations, infondées, d'un "génocide" orchestré par Kiev dans les "républiques" rebelles prorusses, cité un appel à l'aide des séparatistes et dénoncé la politique "agressive" de l'Otan.
- "J'ai vite fait mes bagages" -
Environ 100.000 personnes ont fui leurs foyers en Ukraine et des milliers ont quitté leur pays, a déploré le Haut-commissariat de l'ONU pour les réfugiés. L'UE s'est dite "pleinement préparée" à les accueillir.
Quelque 200 d'entre elles ont passé la nuit dans la gare polonaise de Przemysl (sud-est). "J'ai entendu les explosions à côté de mon immeuble... et j'ai vite fait mes bagages, j'ai presque tout pris avec moi", a raconté Olha, une enseignante de 36 ans de l'Institut polytechnique de Kiev.
A Moscou, des rassemblements contre la guerre ont eu lieu dans le centre de la capitale ainsi qu'à Saint-Pétersbourg. Plus de 1.700 personnes ont été interpellées sur l'ensemble du territoire russe, selon une ONG. D'autres rassemblements ont eu lieu dans plusieurs villes du monde.
Vladimir Poutine a averti les Occidentaux "qui tenteraient d'interférer", que "la réponse de la Russie sera immédiate et entraînera des conséquences que vous n'avez encore jamais connues".
L'offensive russe intervient huit ans après l'annexion par la Russie de la Crimée et le parrainage par Moscou de la prise de contrôle de régions du Donbass par des séparatistes prorusses, déclenchant un conflit régional qui a fait plus de 14.000 morts.
burx-cat-bds-ayv/am/roc
A.Seabra--PC