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Insecticide avalé, compléments alimentaires aux amphétamines... le Centre antipoison de Paris veille
Insecticide avalé, compléments alimentaires aux amphétamines... le Centre antipoison de Paris veille / Photo: STEPHANE DE SAKUTIN - AFP

Insecticide avalé, compléments alimentaires aux amphétamines... le Centre antipoison de Paris veille

Une adolescente avale de l'insecticide pour un "challenge" sur Tik Tok, un jeune convulse après avoir pris une nouvelle drogue appelée PTC pour "Pète ton crâne", une famille s'intoxique au monoxyde de carbone: le Centre antipoison de Paris "vit au rythme des intoxications".

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"Quand un truc se passe, ça finit toujours par appeler chez nous: on sait qu'on est un bon observatoire", affirme le Dr Jérôme Langrand, chef de la structure, à l'AFP.

Créé en 1959 et abrité dans l'hôpital Lariboisière-Fernand Widal (AP-HP), le centre antipoison de la capitale - neuf existent en France - répond aux urgences, en lien avec le Samu et les pompiers, en cas d'intoxication - accident domestique, industriel, pollution de l'environnement.

Des médecins, pharmaciens et infirmiers spécialisés en toxicologie médicale y apportent 24h/24, au 01 40 05 48 48, une aide au diagnostic et au traitement de 40.000 cas d'intoxication par an en Ile-de-France ainsi qu'en Guyane, Guadeloupe, Martinique et à Saint-Pierre-et-Miquelon.

"En fonction de ça et des connaissances qu'on a sur les compositions des produits, médicaments, des champignons, plantes ou serpents en cause, on va donner des conseils pour la prise en charge, souvent au domicile dans des cas simples ou à l'hôpital pour les plus graves", complète-t-il.

- Challenges "bêtes" sur Tik Tok -

Par nostalgie, il conserve une vieille armoire métallique renfermant des centaines de fiches cartonnées - désormais informatisées. Elles listent la composition fournie par l'industriel - une obligation légale- de shampooings, détergents, colles ou vernis, qui, ingérés ou appliqués sur la peau, sont source d'intoxication.

Des produits récents et destinés à la consommation inquiètent aussi, tels les sachets de nicotine ou "pouches", qui doivent être interdits prochainement. "Mis sous la gencive, ils font arriver rapidement une quantité de nicotine importante dans le sang, ce qui donne un effet +flash+", explique le médecin.

"Des jeunes de 15 à 20 ans vont avoir un malaise, des sueurs froides, le cœur qui bat vite, une tension qui diminue, des vomissements, des nausées et parfois, plus grave, des convulsions, des troubles du rythme cardiaque", outre une possible "accoutumance à la nicotine", expose-t-il.

Plus grave encore, des adolescents "convulsent après avoir consommé des cannabinoïdes de synthèse, les +Bouddha Blue+ ou PTC pour +Pète ton crâne+", poursuit Dr Langrand.

Il rapporte aussi de nombreux "accidents bêtes liés à des challenges sur TikTok" - récemment, une "adolescente s'est filmée en train de se mettre de l'insecticide dans la bouche"- ou une forte croissance d'intoxications avec des "compléments alimentaires frauduleux".

- Alerter et informer -

"Via les réseaux sociaux, des influenceurs conseillent des compléments alimentaires censés contenir des herbes, des choses naturelles, pour perdre du poids, ou en prendre", rapporte le médecin. "Au labo, on retrouve des amphétamines, des substances interdites vendues par des personnes basées hors de France". Alertée, la répression des fraudes prend le relais pour interdire ces produits.

Les centres antipoison ont aussi pour mission de surveiller les effets toxiques des produits domestiques ou industriels (plomb, mercure...) pour alerter et informer le public, d'évaluer les effets indésirables des médicaments et d'assurer une consultation sur les pathologies professionnelles et la santé environnementale.

Première cause de mort toxique accidentelle en France, le monoxyde de carbone dégagé par la mauvaise combustion d'un appareil de chauffage (gaz, bois, charbon, essence, fuel...) est inodore et peut tuer en quelques minutes: il occupe souvent les centres antipoisons.

"Il y a un mois, un papa est parti à la pêche avec son fils de 10 ans: pour chauffer leur tente la nuit, ils ont mis un brasero. L'enfant ne s'est pas réveillé, il était décédé. Le papa ne s'est rendu compte de rien, lui n'a eu aucun symptôme", relate avec émotion l'infirmière Edwige Biaou.

"Avec la cherté de l'électricité", dit-elle, "ces cas sont récurrents: les pompiers viennent et trouvent des personnes décédées à cause d'un brasero à charbon rentré dans la maison".

A.Silveira--PC