Portugal Colonial - "Pas le temps de souffler": les réparateurs de clim débordés en Arabie saoudite

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"Pas le temps de souffler": les réparateurs de clim débordés en Arabie saoudite
"Pas le temps de souffler": les réparateurs de clim débordés en Arabie saoudite / Photo: Haitham EL-TABEI - AFP

"Pas le temps de souffler": les réparateurs de clim débordés en Arabie saoudite

Suant à grosses gouttes, Mohammed Sayed répare un climatiseur tombé en panne en plein été en Arabie saoudite, une saison particulièrement chargée pour la batterie de techniciens à l'oeuvre dans le royaume, accro à l'air conditionné.

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Ce Soudanais de 28 ans enchaîne les interventions dans la capitale, Ryad, où des températures quotidiennes de 40 degrés ont rendu la population dépendante de ces machines très énergivores, malgré les efforts des autorités pour en limiter l'usage.

"Durant la saison estivale, la pression de travail est énorme. C'est très stressant (...), nous n'avons pas le temps de souffler", raconte M. Sayed à l'AFP pendant que son collègue remplace des filtres d'une clim dans une villa de l'est de Ryad.

L'équipe en profite aussi pour inspecter le ventilateur, le compresseur et le niveau du gaz fréon de l'appareil, sous le regard de Mishal Ayyad, le propriétaire des lieux.

"Le climatiseur est le coeur battant de la maison saoudienne", commente le client, reconnaissant.

Des chambres aux salons, en passant par la cuisine, les pièces sont souvent toutes dotées de climatiseurs individuels, branchés 24 heures sur 24 durant les mois de fortes chaleurs, entre avril et octobre.

Cette utilisation intensive occasionne des pannes fréquentes et le recours à des techniciens comme Mohammed Sayed et son équipe, appelés à réparer des dizaines d'unités par jour.

Leur activité se poursuit même aux heures les plus chaudes de la journée, entre 12 et 15 heures, alors que le travail en plein air est officiellement interdit durant cette plage horaire de juin à septembre.

"Malheureusement, nous sommes obligés de travailler durant ce créneau, mais j'essaie autant que possible de travailler à l'intérieur des maisons, pas sur les unités extérieures", explique le Soudanais.

Fait ironique, les réparateurs, eux, ont du mal à se rafraîchir pendant leurs déplacements, la clim de leur camionnette n'était pas assez puissante pour refroidir le véhicule entre deux arrêts.

- 70% de la consommation -

L'Arabie saoudite est habituée aux fortes chaleurs en été, ceux qui ne voyagent pas à l'étranger se raccrochant à l'air conditionné.

Selon le cabinet d'études Enerdata, la climatisation absorbe plus de 70% de la consommation d'électricité des ménages, la part la plus élevée au monde.

Le Centre saoudien pour l'efficacité énergétique, créé en 2010, a tenté ces dernières années d'imposer de nouvelles normes d'isolation pour les bâtiments et des normes d'efficacité pour les climatiseurs individuels. Selon lui, l'amélioration de l'isolation pourrait, à elle seule, réduire la consommation d'énergie de ces machines de 40%.

Des mécanismes de subventions ont également été mis en place pour encourager les ménages à changer leurs vielles fenêtres, ou se doter de climatiseurs moins énergivores.

La région du Golfe, l'une des plus chaudes au monde, "s'orientera progressivement vers des solutions plus efficaces pour les systèmes de refroidissement, comme des systèmes reposant sur l'énergie solaire et les énergies renouvelables", prévoit Ibrahim al-Ghitani, un expert du secteur de l'énergie basé aux Emirats arabes unis.

- Colère des clients -

En attendant, de nombreux Saoudiens continuent d'utiliser d'anciens appareils, donnant du travail aux sociétés de réparation comme celle de Fares al-Farid, qui dit avoir embauché 25 nouveaux employés cette année.

Sur le réseau social X (ex-Twitter), cet entrepreneur de Ryad partage avec ses 100.000 abonnés, de précieux conseils sur les moyens d'entretenir leurs climatiseurs, publiant des vidéos qui décryptent les fonctionnalités des télécommandes ou les bruits étranges émis par l'appareil.

"Mieux vaut entretenir la clim lorsqu'elle marche, que de la réparer lorsqu'elle tombe en panne", explique M. Farid.

Selon lui, l'été est la meilleure saison pour les affaires, même si son téléphone n'arrête pas de sonner. "Notre plus grand ennemi, c'est l'hiver", ajoute-t-il en riant.

Le technicien Mohammed Sayed, lui, ne redoute qu'une chose: la colère des clients lorsqu'il échoue à réparer leur appareil sur place car, dit-il, "personne ne veut rester sans clim l'été en Arabie saoudite".

R.Veloso--PC