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A Mayotte, dévasté par un cyclone, un couvre-feu imposé à compter de mardi soir
A Mayotte, un couvre-feu sera instauré dès mardi soir de 22H00 à 04H00 du matin, après le passage dévastateur et meurtrier du cyclone Chido, une "tragédie" pour Emmanuel Macron qui a annoncé qu'il se rendrait dans l'archipel "dans les prochains jours".
Ce couvre-feu est mis en place pour des raisons de sécurité, afin d'éviter les pillages, trois jours après le passage de ce cyclone, dans l'archipel meurtri qui est en manque de tout et où les habitants doivent faire face à une situation sanitaire qui se dégrade.
Les autorités observent un afflux des personnes vers les stations-services, dont les deux tiers sont réquisitionnées pour les véhicules de secours. Selon elles, des "tensions commencent à apparaître" et un escadron de gendarmerie a été déployé pour "renforcer la sécurisation".
Mardi midi, le réseau de téléphonie mobile demeurait toujours indisponible à 80%, selon les autorités.
Très entravés par des chutes d'arbres et des débris divers, les opérations de déblaiement se poursuivent: entre 70 et 75% du réseau départemental et national était dégagé mardi.
Pour l'heure, le bilan officiel provisoire s'élève à 21 morts à l'hôpital et le préfet local a mis sur pied une "mission de recherche des morts". Mais les autorités redoutent "plusieurs centaines" de morts, peut-être même "quelques milliers" dans ce territoire et département le plus pauvre de France. "Le bilan sera lourd, trop lourd", a prédit lundi le ministre démissionnaire de l'Intérieur Bruno Retailleau.
Le décompte est d'autant plus compliqué que Mayotte est une terre de forte tradition musulmane et que, selon les rites de l'islam, de nombreux défunts ont vraisemblablement été enterrés dans les 24 heures.
"70% des habitants ont été gravement touchés", a expliqué M. Retailleau, annonçant l'arrivée "dans les prochains jours" de 400 gendarmes supplémentaires pour prêter main forte aux 1.600 gendarmes et policiers présents sur l'archipel.
Il a également tué au Mozambique au moins 34 personnes, fait plus de 300 blessés et détruit plus de 20.000 maisons, a annoncé mardi l'Institut national de gestion des risques et désastres.
Chido a probablement été favorisé par des eaux de surface proches de 30°C, ce qui fournit plus d'énergie aux tempêtes, un phénomène de réchauffement climatique déjà observé ailleurs cet automne.
- "Besoins vitaux" -
Trois jours après la catastrophe, la priorité est d'assurer les "besoins vitaux" des habitants en eau et en nourriture, a insisté lundi Bruno Retailleau.
"On commence à manquer d'eau. Il nous reste quelques bouteilles mais il n'y a quasiment plus de stocks dans les magasins", s'inquiète auprès de l'AFP Antoy Abdallah, 34 ans, habitant de Tsoundzou.
Sur l'archipel, premier désert médical de France, l'unique hôpital, très endommagé, "reprend progressivement son activité" et sera soutenu par un hôpital de campagne dès jeudi, a indiqué M. Retailleau.
Lundi, 25 premiers patients "en situation urgente" ont été évacués vers La Réunion.
Le bâtiment de soutien et d'assistance outre-mer (BSAOM) Champlain, qui a appareillé de La Réunion, doit arriver jeudi matin à Mayotte avec 180 tonnes de fret à bord, selon la même source.
Autre priorité des autorités, l'envoi de tentes et de bâches pour rétablir des habitats, totalement détruits ou dont la toiture a été arrachée par des rafales de vent qui ont atteint plus de 220 km/h.
- Solidarité nationale -
Face à l'urgence, le nouveau Premier ministre François Bayrou a appelé à la "solidarité nationale" lundi soir, depuis son conseil municipal à Pau. Un déplacement au détriment de la réunion à Paris de la cellule de crise qui a suscité de vives critiques.
La solidarité s'organise déjà sur le terrain malgré des conditions dégradées, alors qu'une grande partie de l'archipel est toujours privée d'électricité, de réseau mobile et d'internet.
Les secours cherchent toujours des sinistrés et s'attendent à trouver de nombreuses victimes dans les décombres des bidonvilles, très peuplés, notamment dans les hauteurs de Mamoudzou, la capitale ayant appelé lundi ses habitants majeurs et en "bonne condition physique" à "renforcer les équipes sur le terrain".
Selon Florent Vallée, de la Croix-Rouge française, "des familles entières" et "beaucoup d'enfants mineurs seuls" et "délaissés" vivent dans les bangas, ces petites maisons traditionnelles désormais détruites.
burs-mli-sm-aco-tll-mra/cal/pta
E.Paulino--PC