Portugal Colonial - "Cela sent la mort": les autochtones canadiens sous le choc après les incendies

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"Cela sent la mort": les autochtones canadiens sous le choc après les incendies
"Cela sent la mort": les autochtones canadiens sous le choc après les incendies / Photo: Mathiew LEISER - AFP

"Cela sent la mort": les autochtones canadiens sous le choc après les incendies

Adrienne Jérôme a le "cœur brisé". Pour cette femme autochtone, l'été restera synonyme d'un "grand choc". Car si le Canada a subi de plein fouet les incendies, personne n'a payé un prix aussi élevé que les peuples amérindiens.

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Souvent isolées, installées au cœur des grandes forêts, ces communautés voient leurs territoires rognés par les flammes et leur mode de vie remis en question.

"L'évacuation en pleine nuit, avec les sirènes qui hurlaient... ça a été un vrai choc. Les enfants pleuraient, ne voulaient pas quitter leurs mères", raconte l'ancienne cheffe de la communauté du Lac-Simon au Québec.

Si les maisons de ce village anishnabé (l'un des peuples appartenant aux premières nations du Canada), ont été épargnées par les flammes, il ne reste des immenses étendues avoisinantes d'épinettes noires, ces arbres si caractéristiques de la forêt boréale, que des squelettes noircis.

"La forêt qui nous protège a disparu", constate, émue, cette femme très respectée dans le village. "C'est notre garde-manger qui est perdu. Il n'y a plus de petits gibiers, ni lièvres, ni perdrix et puis toutes les plantes médicinales ont disparu", détaille celle qui a élevé dix enfants.

La saison historique des feux a contraint des milliers d'autochtones à fuir leur maison. S'ils ne représentent que 5% de la population canadienne, ils constituent en revanche près d'un évacué sur deux.

- Sites sacrés disparus -

Les incendies sont désormais "si dangereux et si rapides" que les évacuations sont de plus en plus nécessaires, explique Amy Cardinal Christianson, chercheuse du service canadien des Forêts.

Or, pour eux, c'est un vrai déchirement, précise-t-elle, car "il y a un manque de confiance dans le fait que les agences de lutte contre les incendies protègent ce que la personne ou la communauté valorise le plus".

Il peut s'agir d'un terrain de chasse, d'un site cérémoniel ou encore d'un troupeau de bétail, ajoute cette membre du peuple métis, l'une des populations originelles du Canada.

"Toutes nos activités sont liées à la forêt. Les gens ne réalisent pas la perte que cela représente pour nous, cela ne peut pas se mesurer au niveau financier", explique Lucien Wabanonik le chef de la communauté.

"Des sites sacrés, des sépultures, des lieux de rencontre ont disparu", énumère cet homme aux gestes lents. "C'est comme si notre église avait disparu."

- "Le feu reviendra" -

C'est la première fois que la communauté du Lac-Simon se retrouve contrainte d'évacuer en raison des feux de forêt. Même si la région a déjà été frappée par le passé par des incendies, ils n'avaient jamais atteint une telle ampleur. La plupart ont été déclenchés par la foudre qui a frappé début juin des zones très sèches.

"Cela sent la mort maintenant", constate Adrienne Jérôme en parcourant les terres brûlées sur lesquelles elle a l'habitude de chasser le petit gibier avec d'autres femmes.

Elle raconte avoir longuement pleuré avec sa sœur en pensant à tous les animaux piégés par les flammes. Depuis, plusieurs cérémonies ont été organisées pour les honorer.

Dans les communautés autochtones, beaucoup demandent que l'on revienne aux brûlages culturels maîtrisés, une pratique millénaire. Cette technique, supprimée par les colons européens, permet de limiter l'ampleur que peuvent prendre les feux de forêts en éliminant notamment une partie de la végétation au sol.

Cela produit "une mosaïque dans le paysage, en créant ou en maintenant des prairies ouvertes, et en favorisant des forêts avec beaucoup de feuillus" qui sont moins susceptibles de brûler que les résineux, explique Amy Cardinal Christianson.

"On est inquiets car on sait que le feu reviendra. Le climat est fragile, on l'a toujours dit, nous. Un virage majeur doit être pris", estime le chef Lucien Wabanonik.

Mais "aujourd'hui, si on est consulté, on est peu écouté", regrette-t-il.

H.Portela--PC