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En Espagne, Ouigo affiche ses ambitions et fait fi des critiques
Trois ans et demi après son lancement en Espagne, la compagnie Ouigo a inauguré mardi deux nouvelles liaisons entre Madrid et l'Andalousie (sud) et affiche ses ambitions, malgré les critiques du ministre des Transports, qui accuse l'opérateur low-cost de concurrence déloyale.
Ces ouvertures de lignes, les dernières prévues dans le cadre de son plan de déploiement engagé en 2021, marquent "l'aboutissement de plus de six ans de travaux", a souligné lors d'une conférence de presse le président de Ouigo Espagne et directeur de la branche TGV France et Europe de SNCF Voyageurs, Alain Krakovitch.
Elles vont permettre à Ouigo Espagne, une filiale de SNCF Voyageurs, de desservir un total de 15 villes sur le territoire espagnol et "de gagner de l'argent en 2025", pour la première fois de son histoire, a insisté le patron de l'opérateur ferroviaire, en évoquant un long "parcours d'obstacles" technologiques et réglementaires.
La compagnie prévoyait à l'origine d'être rentable en 2024. Mais le retard pris sur le lancement des liaisons avec l'Andalousie, initialement prévu en octobre, et les intempéries meurtrières de fin octobre, qui ont interrompu les liaisons avec Valence durant trois semaines, l'ont obligé à revoir ses plans.
Selon Ouigo, trois allers-retours seront proposés chaque jour entre Madrid et Séville à partir de jeudi - jour de l'ouverture de cette liaison au grand public - dont deux avec des arrêts à Cordoue. Deux allers-retours seront par ailleurs assurés entre la capitale espagnole et Malaga.
Au total, Ouigo Espagne "offrira 35.000 places par semaine entre Madrid et l'Andalousie", avec des premiers prix à neuf euros, a souligné sa directrice générale, Hélène Valenzuela. Cela représentera "un tiers" de l'activité du groupe en Espagne, a-t-elle précisé.
- "Pas subventionnés" -
L'opérateur low-cost, qui a investi près de 700 millions d'euros en Espagne, y a démarré son activité en mai 2021, avec le lancement de liaisons entre Madrid et Barcelone - où ses trains affichent actuellement un taux de remplissage de 95% en moyenne.
Cela a mis fin au monopole de la Renfe, opérateur historique espagnol, et marqué le début de la libéralisation du transport ferroviaire dans le pays. A suivi fin 2022 le lancement de la compagnie Iryo, propriété de Trenitalia, ce qui a déclenché une féroce guerre des prix.
Une concurrence jugée saine par Ouigo, qui a depuis 2021 ouvert des liaisons avec Valence, Alicante, Murcie ou Valladolid et qui n'écarte pas de nouvelles ouvertures de lignes dans le cadre d'un appel d'offre du gestionnaire du réseau ferré Adif.
Mais le sujet reste une source de crispations avec la Renfe et son ministre de tutelle, Oscar Puente.
Dans un entretien accordé fin septembre au quotidien El Pais, ce proche du Premier ministre socialiste Pedro Sánchez a accusé une nouvelle fois Ouigo de vendre à perte ses billets pour accroître ses parts de marché - une politique qui serait impossible selon lui sans le soutien de l'État français, la SNCF étant une entreprise publique.
M. Puente, qui avait annoncé en juin porter plainte à Bruxelles contre Ouigo - une procédure dont la compagnie low-cost n'a à ce stade pas eu de nouvelles - a par ailleurs dénoncé un supposé manque de "réciprocité" de la France, accusée de freiner le déploiement des trains de la Renfe sur son territoire.
Des accusations rejetées par Alain Krakovitch, qui a nié mardi tout "dumping" et défendu la politique tarifaire de Ouigo, à l'origine selon lui d'une démocratisation de l'usage du train - les prix moyens de la grande vitesse ayant baissé de 40% depuis 2021, selon le gendarme espagnol de la concurrence (CNMC).
"Ouigo en Espagne se comporte comme un opérateur privé classique (...) Il n'y a pas du tout de financement public pour Ouigo Espagne, aucune aide d'Etat", a assuré le patron de l'opérateur à bas coût, qui revendique une part de marché "de 16% à 25%" sur les lignes où Ouigo opère.
M. Krakovitch a également nié tout manque de réciprocité, assurant que les retards de la Renfe en France étaient liés à ses choix technologiques, qui compliquent l'homologation de ses trains. "Trenitalia n'a pas eu spécialement de problème pour rentrer en France. Ça montre bien qu'on ne met pas de barrières", a-t-il assuré.
F.Ferraz--PC