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Kiev accuse la Russie de mener des "activités génocidaires" avec des mines antipersonnel
La Russie mène des "activités génocidaires" en utilisant des mines antipersonnel en Ukraine, a affirmé mardi un représentant du ministère ukrainien de la Défense, lors d'un sommet international à Siem Reap, au Cambodge.
Moscou a disséminé ces charges explosives dans "les villes, les exploitations agricoles, les stations de transport public", a accusé Oleksandr Riabtsev, affirmant que ces menaces concernaient des régions où résident quelque six millions d'Ukrainiens.
Un peu plus tôt dans la journée, Kiev a annoncé qu'elle renonçait à son engagement de détruire ce qu'il reste du stock de près de six millions de mines antipersonnel hérité de l'époque soviétique, pris dans le cadre de la Convention d'Ottawa.
"Malheureusement, la mise en oeuvre de cette obligation n'est pas possible à l'heure actuelle", a affirmé Yevhenii Kivshyk, un autre représentant du ministère ukrainien de la Défense, lors de la même conférence.
"L'agression massive, non provoquée et injustifiée de la Fédération de Russie contre l'Ukraine a entraîné des ajustements aux plans de destruction des stocks", a-t-il exposé.
Le responsable a justifié cette décision par le redéploiement des ressources financières pour l'effort de guerre, les bombardements "constants" et "l'occupation" des forces armées russes dans certains territoires où se trouvent des dépôts.
Dans son discours devant les délégués, M. Kivshyk n'a pas fait référence à l'offre américaine de fournir à Kiev des mines antipersonnel, destinées selon Washington à ralentir l'avancée des troupes de Moscou dans l'est de l'Ukraine.
Il n'a pas non plus précisé ce que le stock ukrainien allait devenir. Sur les six millions de mines terrestres laissées par l'URSS, plus de 2,5 millions ont déjà été "complètement détruites", a-t-il détaillé.
La proposition américaine a provoqué un tollé dans les rangs des associations de défense des droits humains.
- "Mépris flagrant" -
Mardi à Siem Reap, plus d'une centaine de personnes ont manifesté aux abords du sommet pour rappeler l'horreur provoquée par ces munitions antipersonnel qui tuent majoritairement des civils, très longtemps parfois après la fin des hostilités militaires.
"Non aux transferts américains de mines antipersonnel à l'Ukraine" ou "une mine donnée à l'Ukraine aujourd'hui peut tuer un enfant ukrainien demain", pouvait-on lire sur les pancartes brandies par des manifestants, pour certains estropiés par l'explosion d'un mine et vivant avec une prothèse.
Siem Reap accueille depuis lundi, et jusqu'à vendredi, la 5e conférence de la Convention d'Ottawa. Le sommet examine, tous les cinq ans, la mise en oeuvre de ce texte qui interdit à ses signataires l'acquisition, la production, le stockage et l'utilisation des mines antipersonnel.
Le texte est reconnu par 164 pays ou territoires, dont l'Ukraine, mais pas les Etats-Unis ni la Russie.
En utilisant les mines américaines, Kiev ferait preuve d'un "mépris flagrant pour les obligations qui lui incombent", a fustigé Tamar Gabelnick, directrice de la Campagne internationale pour l'interdiction des mines antipersonnel (ICBL).
"Ces armes n'ont pas leur place dans la guerre d'aujourd'hui", a-t-elle insisté. "Le peuple ukrainien a souffert assez longtemps des horreurs de ces armes."
"Nous sommes fatigués. Nous ne voulons plus voir de victimes comme moi, nous ne voulons plus voir de souffrances", a déclaré à l'AFP Alex Munyambabazi, qui a perdu une jambe dans le nord de l'Ouganda en 2005. "Pas d'excuses, pas d'exceptions", a-t-il insisté.
Les mines et les restes explosifs de guerre (REG) sont des armes de guerre qui tuent ou blessent très majoritairement des civils, et le nombre de victimes a augmenté l'an dernier de 20% par rapport à 2023, tuant ou blessant 5.757 personnes, selon les chiffres de l'ICBL.
L'organisation, prix Nobel de la paix 1997, a dénombré 1.003 victimes en Birmanie, le pays le plus meurtri devant la Syrie (933), l'Afghanistan (651) et l'Ukraine (580).
Nogueira--PC