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Budgets: Barnier entame avec Le Pen ses entretiens avec ses opposants
Michel Barnier va-t-il chuter sur les budgets ? Le Premier ministre a entamé lundi matin ses consultations des groupes parlementaires d'opposition en commençant par Marine Le Pen qui, avec les députés Rassemblement national, menace de plus en plus ouvertement de censurer le gouvernement.
La cheffe de file des députés d'extrême droite est arrivée sans un mot vers 8H30 accompagné du député Jean-Philippe Tanguy, qui avait dit être prêt à voter "contre" le budget, et Renaud Labaye, secrétaire général du groupe à l'Assemblée nationale.
"Michel Barnier crée les conditions d'une censure", a jugé dimanche le vice-président Sébastien Chenu. Et le RN de lister ses griefs: revalorisation des retraites, taxe sur l'électricité, "hausse de la contribution de la France à l'Union européenne", ou encore l'absence d'économies sur "le millefeuille de l'Etat" et "sur l'immigration".
Michel Barnier avait déjà reçu plusieurs responsables de l'opposition avant sa déclaration de politique générale, mais pas Marine Le Pen ni son homologue pour La France insoumise Mathilde Panot, qui doit être reçue en fin d’après midi.
Celle-ci entend lui répéter "qu'il n'a pas de légitimité démocratique" et que LFI déposera, avec le reste de la gauche, une motion de censure en cas de recours au 49.3 sur le budget.
En recevant les groupes d'opposition, le Premier ministre veut marquer sa volonté "d'écoute" et de "dialogue constructif", selon son entourage.
Ce "moment important" portera "sur les textes financiers mais aussi sur les autres enjeux du pays", ajoute cette source. Ce qui pourrait inclure côté Marine Le Pen le futur texte sur l'immigration ou la proportionnelle, deux revendications du RN pour ne pas voter la motion de censure.
- "Stabilité" -
Les nuages s'amoncellent au-dessus de Matignon sur le plan budgétaire, avec la perspective d'un déclenchement de l'article 49.3 approchant à grand pas.
Faute de majorité à l'Assemblée où, contrairement à Elisabeth Borne, il a préféré laisser les débats se dérouler, Michel Barnier a dit qu'il emploierait "probablement" dans les prochaines semaines cette arme constitutionnelle qui permet l'adoption du texte sans vote, sauf si une motion de censure venait renverser le gouvernement.
Ce qui supposerait que le RN joigne ses voix à une motion déposée par la gauche.
Cette "coalition des contraires", "je sais que ce n'est pas ce que souhaitent les Français, qui souhaitent aujourd'hui la stabilité, la sérénité", a dit jeudi le Premier ministre. Comme Emmanuel Macron qui depuis l'Argentine a également souhaité "la stabilité".
Mais selon un sondage Ipsos pour La Tribune Dimanche, 53% des Français souhaitent voir le gouvernement tomber. Et la cote de Michel Barnier chute dans un autre sondage Ifop pour le JDD, à 36% contre 45% lors de sa nomination début septembre.
Si le gouvernement est renversé, le budget n'est pas non plus adopté. La porte-parole du gouvernement Maud Bregeon a mis en garde dans Le Parisien contre "un scénario à la grecque" en pointant le risque de crise financière.
"Il n'y a personne de responsable dans le pays qui puisse souhaiter que tombe un gouvernement qui a été nommé il y a deux mois", a abondé l'allié du gouvernement François Bayrou.
-"Ne pas faire peur aux Français"-
"Il ne faut pas faire peur aux Français pour rien", a répliqué le vice-président du RN Sébastien Chenu, évoquant l'adoption d'une "loi spéciale" budgétaire en cas de censure.
Trois textes budgétaires sont susceptibles d'être soumis au 49.3. D'abord, le budget de la Sécurité sociale. Après un vote sur l'ensemble du texte mardi au Sénat, une Commission mixte paritaire députés-sénateurs (CMP) devrait être réunie mercredi. Le "socle commun" gouvernemental y est majoritaire. Mais les macronistes menacent de la faire capoter, vent debout contre la réduction des allègements de cotisations patronales sur les salaires.
Une CMP conclusive déboucherait sur un vote définitif dans les deux chambres, avec 49.3 probable à l'Assemblée.
Le projet de loi de Finances de fin de gestion pour 2024, également: déjà rejeté en première lecture à l'Assemblée, il est examiné lundi matin au Palais du Luxembourg.
Mais les regards se tournent surtout vers le budget de l'Etat qui devrait être le moment décisif.
Celui-ci arrive en séance lundi au Sénat, avec un vote solennel prévu le 12 décembre, prélude à la réunion d'une CMP.
Selon le président de la commission des Finances Eric Coquerel (LFI), la lecture définitive de l'Assemblée interviendra le 18 décembre avec très probablement un 49.3 et un vote sur une motion de censure deux jours plus tard.
Outre Mmes Le Pen et Panot, Michel Barnier reçoit également lundi Stéphane Lenormand (Liot), Eric Ciotti (UDR).
A.Silveira--PC