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Birmanie: dans des usines de textile, salaire de misère et peur du lendemain
Birmanie: dans des usines de textile, salaire de misère et peur du lendemain / Photo: Ye Aung THU - AFP/Archives

Birmanie: dans des usines de textile, salaire de misère et peur du lendemain

Dans la banlieue de Rangoun, Wai Wai saute le petit-déjeuner avant d'aller travailler dans une usine de confection de vêtements, pour économiser quelques kyats qui l'aideront à survivre dans une Birmanie en proie à la guerre civile.

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Pour une rotation de 12 heures, elle gagne environ 6.800 kyats par jour (3 euros, au taux de change officiel), qui doivent suffire à payer son loyer, sa nourriture et ses vêtements.

Son maigre salaire doit aussi aider ses parents restés dans l'Ouest du pays, où le conflit entre la junte et des groupes ethniques rebelles a terrassé l'économie et gonflé le prix des denrées essentielles.

Wai Wai et sa sœur ne mangent de la viande qu'une fois par semaine.

"On réduit les dépenses autant que possible. Même si on veut sortir, on se contrôle pour ne pas y aller", explique-t-elle à l'AFP, sous un pseudonyme pour des raisons de sécurité.

Chaque jour, des centaines d'ouvrières, principalement des femmes, travaillent de longues heures dans des usines de confection de vêtements à Hlaing Tharyar, près de Rangoun, la capitale économique de la Birmanie.

Il y a plusieurs années, l'activité fleurissait, avec des commandes d'Adidas, GAP, H&M ou Zara, à la faveur de politiques d'ouverture aux échanges internationaux qui ont transformé un pays longtemps considéré comme autarcique.

- Emploi en berne -

Mais le coup d'Etat de février 2021 a coupé court au mouvement et mis à genoux l'économie, entre inflation galopante, coupures de courant et fuite des capitaux.

Dans une usine voisine, Thin Thin Khine et ses deux sœurs travaillent 12 heures par jour pour confectionner des uniformes d'entreprise, pour un salaire mensuel d'environ 350.000 kyats (150 euros) qui couvre à peine les dépenses de sa famille.

"Toutes mes sœurs travaillent, mais il ne reste pas d'argent du tout", déclare-t-elle.

"On n'a plus les moyens de s'acheter de nouveaux vêtements, des produits de beauté ou de soins personnels", décrit-elle.

A mesure que s'intensifiait la répression, des entreprises étrangères ont commencé à quitter le pays.

Inditex, propriétaire de Zara, a indiqué à l'AFP avoir cessé de sous-traiter en Birmanie.

H&M "met progressivement fin à ses activités dans le pays", a déclaré un porte-parole à l'AFP, sans donner de date de sortie.

D'autres ont fait le choix de rester, comme Adidas, qui a déclaré à l'AFP travailler en étroite collaboration avec ses fournisseurs locaux. L'usine de Wai Wai fonctionne pour le compte de clients chinois et de la marque danoise Bestseller.

Les estimations des recettes d'exportation de l'industrie de l'habillement varient: de 3 milliards de dollars l'an dernier selon le ministère du Commerce birman, à 7,6 milliards de dollars en 2022 selon la Chambre de commerce européenne en Birmanie. L'Europe, qui représente plus de la moitié des exportations, est le principal client étranger de vêtements birmans.

- Vies qui "s'effondrent" -

Mais l'emploi n'a pas retrouvé son niveau d'avant la pandémie et le putsch: les usines employaient 500.000 travailleurs en janvier 2022, contre 700.000 travailleurs en 2019, a relevé l'Organisation mondiale du travail.

Les employeurs font face aux difficultés d'approvisionnement en électricité et à la hausse du coût des matières premières.

En mai, la junte a admis que le pays n'était en capacité de produire qu'un peu plus de la moitié de ses besoins quotidiens en électricité.

Pour maintenir les lumières allumées et les machines en marche, les entreprises ont recours à des générateurs qui coûtent cher, et qui restent vulnérables aux pénuries de diesel frappant Rangoun.

"La situation actuelle fait que maintenant, nous investissons plus d'argent et obtenons moins de bénéfices", explique Khin Khin Wai, qui gère une petite usine de confection textile.

"Nos vies ne progressent pas d'année en année, elles s'effondrent", poursuit-elle.

Les employeurs paient "le salaire le plus bas possible... La situation serait meilleure si on pouvait payer plus, mais nous ne sommes pas en position de le faire", conclut-elle.

Ferreira--PC