- Le Liberia commencera à juger les crimes de guerre d'ici 5 ans, promet un responsable
- Mayotte: dans un lycée devenu centre d'hébergement, "on fait ce qu'on peut avec les moyens du bord"
- Ski: Hütter gagne le Super-G de St-Moritz, la "quadra" Lindsey Vonn 14e
- Des scientifiques observent un "temps négatif" grâce à des expériences quantiques
- Carambar, 70 ans et une longue succession d'actionnaires
- La star du reggaeton Daddy Yankee trouve un accord avec sa femme sur le contrôle de son label
- Allemagne: Scholz sur les lieux de l'attaque du marché de Noël
- La "loi spéciale" pour pallier l'absence de budget pour 2025 promulguée
- Google, menacé de démantèlement, fait ses contre-propositions à la justice américaine
- Nucléaire : pas encore de raccordement pour l’EPR de Flamanville, selon EDF
- NBA: Cleveland au galop, Embiid fait gagner les Sixers
- Au Sierra Leone, un jeune innovateur en lutte contre la pollution de l'air
- Prévenir la détresse des agriculteurs, le combat d'une cellule de la MSA
- "Pour l'amour du ski", Lindsey Vonn fait son grand retour à Saint-Moritz
- Angleterre: Manchester City, l'empire contre-attaqué
- Les Etats-Unis évitent une paralysie budgétaire avant Noël
- Tel-Aviv frappé par un "projectile" tiré depuis le Yémen
- Après le départ d'Emmanuel Macron, les habitants de Mayotte attendent encore de l'aide
- Allemagne: mystère autour des motivations de l'attentat de Magdebourg
- Allemagne: le Bayern retrouve Harry Kane et sa maîtrise avant la trêve hivernale
- Séquestration de Paul Pogba:: "Je peux enfin tourner la page", réagit le footballeur au lendemain du jugement
- Attentat sanglant à la voiture bélier en Allemagne, un suspect arrêté
- Coupe de France: sérieux, Lille coupe court au rêve de Rouen
- Le Salvador condamné par la Cour interaméricaine pour avoir empêché une femme d'avorter
- Wall Street termine en hausse, moins inquiète de l'inflation
- Boxe: avantage de 25 kilos pour Fury sur Usyk avant leur revanche
- La Colombie condamnée pour avoir violé les droits d'un peuple autochtone pour de l'extraction minière (CIDH)
- Italie: Matteo Salvini relaxé dans son procès pour séquestration de migrants en mer
- Volkswagen épargne ses usines en Allemagne mais va sabrer dans la production
- Enquête sur ChatGPT: l'Italie inflige une amende de 15 millions d'euros à OpenAI
- Matteo Salvini relaxé dans son procès pour séquestration de migrants en mer
- Les Etats-Unis au bord de la paralysie budgétaire avant Noël
- La Bourse de Paris ferme en légère baisse, lestée par la Fed
- Orange s'offre les contenus Disney, qui quittent le giron de Canal+
- Canada: Trudeau change un tiers de son gouvernement en pleine crise politique et tensions avec Trump
- Un accord Suisse-UE "historique" mais déjà critiqué dans le pays alpin
- Sur les bords de l'Oskil, la peur d'un retour de l'armée russe
- La Fonderie de Bretagne et ses 350 emplois menacés, Renault accusé de "cynisme"
- Six morts en Russie et un à Kiev dans des frappes de missiles croisées
- Emoi en Allemagne après un soutien appuyé de Musk à l'extrême droite
- Nucléaire: le raccordement du réacteur EPR de Flamanville au réseau attendu dans la nuit
- Paul Watson, ardent défenseur des baleines, est arrivé en France
- Soumission chimique: le détournement de médicaments, cible de futures mesures
- Joe Biden, la disparition
- Le nouveau dirigeant syrien a rencontré une délégation américaine, une première
- Rennes bascule dans le dur de la drogue
- "Je suis toujours en vie", plaisante le roi Charles III
- Macron quitte Mayotte après une réunion de crise sur l'archipel dévasté
- Biathlon: la Française Justine Braisaz-Bouchet remporte le sprint du Grand-Bornand
- Wall Street ouvre en baisse, plombée par les incertitudes
Béatrice Zavarro, avocate de Pelicot, "seule face au monde" mais sereine
Petit gabarit, allure discrète, Béatrice Zavarro pourrait aisément passer inaperçue dans la salle des pas perdus du tribunal d'Avignon. Sereine, elle porte pourtant sur ses épaules l'immense charge de la défense de Dominique Pelicot, un des pire criminels sexuels de ces dernières décennies.
"Je suis seule face au monde", explique l'avocate, avec le ton posé et calme qui la caractérise depuis l'ouverture du procès des viols de Mazan, le 2 septembre, devant la cour criminelle de Vaucluse, où comparaissent son client, 71 ans, et 50 coaccusés.
50 hommes qu'il avait invités sur internet pour venir violer son épouse, après l'avoir droguée, pendant dix ans.
"Chef d'orchestre" de cette affaire criminelle hors norme, Dominique Pelicot reconnaît les faits et souhaite même la peine maximale de 20 ans de réclusion. Mais il n'entend pas tomber seul: ils "savaient tous" qu'ils venaient pour violer Gisèle Pelicot, affirme-t-il.
Eux nient, l'accusant en retour de les avoir manipulés.
Situation inaccoutumée donc, où l'avocate du principal accusé soutient l'argumentation des parties civiles, au risque d'endosser un inattendu rôle de procureure.
"A partir du moment où je défends un homme dont on me dit qu'il est un menteur, un manipulateur, qu'il a berné tout le monde, je dois tenter de rétablir la vérité", se justifie Me Zavarro: "ma mission, c'est qu'on arrive à comprendre, même si on le déteste", comment il a pu réaliser "ces faits détestables".
- "Monstre" ou faits "monstrueux" ? -
"Elle est sur un fil. Sa position est loin d'être évidente mais elle la tient avec beaucoup de finesse. Ne pas réduire +le monstre+ à ses crimes, faire oublier la face B pour rappeler la face A, les deux coexistant dans cette personnalité clivée", reconnaît Antoine Camus, un des avocats des parties civiles.
Ce qualificatif de "monstre", la Marseillaise de 55 ans aux lunettes rondes et rouges le réfute, se considérant seulement comme "l'avocate de quelqu'un qui a commis quelque chose de monstrueux". Et de rappeler qu'en "France, dans un État de droit, chacun a le droit d'être défendu".
Si elle n'a pas reçu de menaces directes -elle est absente des réseaux sociaux-, son secrétariat reçoit de nombreux appels malveillants. "Vous devriez faire attention...", lui avait glissé un badaud début septembre, sibyllin.
"J'ai décidé de défendre Dominique Pelicot parce qu'il me l'a demandé. Il m'a accordé sa confiance", explique l'avocate, payée via l'aide juridictionnelle -un mécanisme financé par l'Etat dont peut bénéficier chaque détenu-, reconnaissant avoir "sous-estimé l'impact médiatique" de ce procès au retentissement mondial.
C'est un de ses ex-clients qui l'avait recommandée à Dominique Pelicot, quand les deux hommes s'étaient connus à la prison marseillaise des Baumettes.
Fille de commerçants, cette amatrice de polars et de marche qui "déteste paradoxalement la dispute", admiratrice de ses confrères Henri Leclerc et Sophie Bottai, à côté desquels elle se "sent très très petite", avait prêté serment en janvier 1996 au barreau de Marseille, "ville magnifique" où elle a toujours vécu.
"Le pénal m'intéressait beaucoup. J'étais pas forcément destinée à ce domaine-là, mon gabarit, ma voix, ou le fait d'être une femme pouvait peut-être arrêter certains". Mais, "pour faire ce métier, il faut aimer les gens", pour leur "redonner un peu de dignité".
- "Main de velours" -
"Opiniâtre, très calme et courageuse, car elle a le mauvais rôle", selon son confrère Patrick Gontard, 45 ans de métier, Me Zavarro a par le passé défendu Christine Deviers-Joncour dans l'affaire politico-financière Elf, et représenté le père de Madison, fillette de cinq ans enlevée puis tuée en 2006 dans le sud-est de la France.
"Elle prend ses dossiers à bras le corps mais dans une main de velours", selon Myriam Gréco, qui défendait alors le meurtrier de Madison, décrivant "un petit bout de femme qui peut sortir ses griffes, mais sans esbroufe".
Un caractère qui semble correspondre à sa personnalité: sa robe d'avocate rapiécée ou son cabinet défraîchi du cœur de Marseille témoignent de son refus des effets de manche.
À Avignon, où elle réside momentanément, pour les quatre mois de ce procès emblématique des violences sexuelles, elle loge en périphérie, dans un quartier populaire. Deux fois par jour, elle parcourt en marchant les quelque deux kilomètres jusqu'au tribunal, pour "se libérer l'esprit", inlassablement accompagnée de son mari, Édouard.
"Elle intériorise beaucoup, se livre peu, est dure au mal, donc je fais le bouffon de service pour la requinquer", atteste son conjoint depuis 30 ans, parfois confondu comme son garde du corps en raison de sa taille imposante.
Pour Me Zavarro, ce procès constitue "un épisode essentiel dans l'évolution du sujet qu'est le viol", avec "un premier palier qui est Gisèle Halimi (NDLR: avocate de ce procès emblématique de 1978 qui contribua à faire reconnaître le viol comme un crime) et un deuxième palier qui sera Gisèle Pelicot".
O.Gaspar--PC