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Dans les camps de réfugiés rohingya du Bangladesh, un espoir nommé Yunus
Dans les camps de réfugiés rohingya du Bangladesh, un espoir nommé Yunus / Photo: Munir UZ ZAMAN - AFP

Dans les camps de réfugiés rohingya du Bangladesh, un espoir nommé Yunus

Depuis sept ans, des centaines de milliers de réfugiés de la minorité musulmane rohingya qui ont fui les persécutions en Birmanie survivent dans l'ennui, la misère et la violence des camps de réfugiés du Bangladesh, à la frontière des deux pays.

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L'arrivée au pouvoir à Dacca du gouvernement intérimaire du prix Nobel de la paix Muhammad Yunus, après la chute en août de l'ex-Première ministre Sheikh Hasina, a fait souffler parmi eux un nouveau vent d'espoir.

"Nous et nos enfants vivons dans la peur des fusillades la nuit", confie à l'AFP Shonjida, une enseignante de 42 ans. "Nous espérons que le nouveau gouvernement nous apportera de l'aide, la paix, à manger et la sécurité."

En 2017, Sheikh Hasina avait été applaudie pour avoir ouvert son pays à quelque 750.000 Rohingya victimes de la répression des autorités birmanes.

Mais très vite, les autorités du Bangladesh, un des pays plus pauvres du monde, ont été dépassées par le nombre des réfugiés qui se pressaient à leur porte, aujourd'hui évalué à un million.

Shonjida, qui préfère taire son nom pour sa sécurité, fait la classe à des enfants d'âge scolaire dans l'une des rares "écoles" de fortune de son camp. Leur statut interdit à ses élèves l'accès au système éducatif du Bangladesh.

"Nous voulons que le gouvernement permette à nos enfants d'étudier", décrit l'enseignante. "S'il augmentait le nombre d'écoles, nous lui en serions très reconnaissants."

L'accès à l'éducation est loin d'être la seule préoccupation de ses jeunes élèves.

- "Ça suffit les fusillades!" -

Nombre d'entre eux ne mangent pas à leur faim, victimes de la baisse de l'aide internationale. Surtout, ils sont confrontés à la violence quotidienne que se livrent plusieurs groupes armés rivaux pour le contrôle des camps de réfugiés.

Ces incidents y ont fait plus de 60 victimes depuis le début de l'année, selon des médias locaux.

"Nous voulons la paix, ça suffit les fusillades", plaide Shonjida. "Maintenant qu'un nouveau gouvernement est au pouvoir (au Bangladesh), nous espérons qu'il nous apportera la paix, à manger et la sécurité."

La gestion des camps par l'ex-Première ministre bangladaise a fait régulièrement l'objet de critiques de la part des ONG de défense des droits humains.

Pour alléger la surpopulation des camps, Mme Hasina a ainsi ordonné à partir de la fin 2020 le déplacement de 36.000 réfugiés dans l'île de Bhashan Char, souvent contre leur gré.

L'un de ces déplacés avait alors décrit à l'ONG Human Rights Watch son nouveau lieu de résidence comme "une île-prison au milieu de la mer".

La situation désespérée des réfugiés a convaincu certains de tenter de rallier d'autres pays de la région à bord d'embarcations de fortune lancées dans le Golfe du Bengale. Beaucoup y ont péri noyés.

En prenant les rênes du Bangladesh, Muhammad Yunus a promis, avec son gouvernement intérimaire, de soutenir les Rohingya.

"Nous avons vu sur Facebook et YouTube que beaucoup de responsables de notre communauté ont parlé avec eux, les ont rencontrés", se réjouit un des responsables des déplacés, Hamid Hossain, 48 ans. "Je suis plus optimiste maintenant."

- "Comment rentrer?" -

Le prix Nobel de la paix a ajouté que son pays avait besoin "des efforts constants de la communauté internationale" pour y parvenir.

Cette semaine, il a profité de l'Assemblée générale annuelle de l'ONU à New York pour s'entretenir avec le président américain Joe Biden.

Rencontre fructueuse, puisque les Etats-Unis ont annoncé une aide supplémentaire de 199 millions de dollars pour les réfugiés rohingya.

Muhammad Yunus pousse également pour reloger certains d'entre eux dans des pays tiers.

Jusque-là, les plans internationaux destinés à permettre le retour des réfugiés en Birmanie ont tous échoué. La plupart des Rohingya eux-mêmes ne le souhaitent d'ailleurs pas.

"Il y a des combats et des morts en Birmanie, comment est-ce que nous pourrions rentrer chez nous?", interroge Mohammad Johar, 42 ans, sous le toit de sa hutte du camp de Kutupalong.

Depuis le putsch de 2021 en Birmanie, les régions où sont implantées les communautés rohingya sont le théâtre d'un conflit meurtrier entre des mouvements rebelles et l'armée de la junte birmane.

"Je n'ai aucun espoir de pouvoir rentrer chez moi", confie Ali Akbor, 55 ans, dans sa petite boutique de bric et de broc du camp de Noyapara. "Alors si au moins il (le gouvernement Muhammad Yunus) pouvait nous garantir la sécurité ici..."

G.M.Castelo--PC