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Le président iranien chez l'allié irakien pour sa première visite à l'étranger
Le président iranien Massoud Pezeshkian est arrivé mercredi en Irak pour sa première visite à l'étranger depuis son élection, un déplacement de trois jours visant à consolider l'étroite alliance entre les deux pays voisins.
Avant son arrivée, une "explosion" a eu lieu mardi soir sur une base de la coalition internationale antijihadiste dirigée par les Etats-Unis à l'aéroport de Bagdad. Les forces irakiennes ont dit ignorer son origine et assuré que le trafic aérien n'avait pas été perturbé.
Allié incontournable de l'Irak, l'Iran jouit d'une forte influence auprès des principaux partis politiques chiites irakiens, mais aussi des groupes armés, les ex-paramilitaires du Hachd al-Chaabi, qui ont été enrôlés dans l'appareil sécuritaire.
M. Pezeshkian a été accueilli par le Premier ministre Mohamed Chia al-Soudani à l'aéroport de Bagdad, où ils ont écouté une fanfare militaire jouer les deux hymnes nationaux.
Il s'est ensuite recueilli devant un mémorial à l'aéroport dédié au général iranien Qassem Souleimani et un influent chef du Hachd, tous deux tués en janvier 2020 par un drone armé américain.
Lors de sa visite, le président iranien se rendra dans les villes saintes chiites de Najaf et Kerbala (centre) et dans la région autonome du Kurdistan (nord) qui entretient avec Téhéran des relations en dents de scie.
"Ce voyage sera utile pour créer et approfondir les liens économiques, culturels, politiques et sécuritaires" avec l'Irak, "afin de résoudre de nombreux problèmes qui pourraient exister", a dit M. Pezeshkian avant de quitter Téhéran.
Selon les services de M. Soudani, il assistera à la signature "d'une série de protocoles d'accords dans les domaines de la coopération fiscale, de l'agriculture, des ressources naturelles, des communications et du tourisme".
- "Pression des sanctions" -
Après une guerre entre l'Irak et l'Iran dans les années 1980, les liens entre les deux pays à majorité chiite se sont considérablement resserrés depuis l'invasion de l'Irak en 2003 par les Etats-Unis qui renversa le régime de Saddam Hussein.
Mais poursuivant un délicat exercice d'équilibriste, le gouvernement irakien maintient également des relations stratégiques avec l'allié américain, notamment sur le plan militaire.
M. Pezeshkian, qui a pris ses fonctions fin juillet, s'est engagé à consolider les relations avec ses voisins, afin d'atténuer l'isolement international de l'Iran et limiter l'impact des sanctions américaines sur son économie.
"Les relations avec les pays voisins peuvent réduire considérablement la pression des sanctions", déclarait-il en août.
L'Iran subit depuis des années des sanctions occidentales, en particulier après le retrait unilatéral des Etats-Unis, ennemi juré de Téhéran, de l'accord international sur le nucléaire iranien en 2018 sous le présidence de Donald Trump.
Mardi, les gouvernements américain, français, allemand et britannique ont annoncé de nouvelles sanctions contre Téhéran, visant notamment la compagnie aérienne Iran Air, après avoir accusé Téhéran d'avoir livré des missiles balistiques à la Russie pour frapper l'Ukraine.
L'Iran a démenti ces accusations et menacé de prendre des "mesures" non précisées contre les Européens.
La visite de M. Pezeshkian intervient aussi dans un contexte de fortes tensions au Moyen-Orient en raison de la guerre entre Israël et le Hamas palestinien à Gaza.
- "Marché irakien" -
Les deux alliés font partie de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep).
En vertu d'une dérogation régulièrement renouvelée aux sanctions américaines, l'Irak reçoit des millions de mètres cubes de gaz par jour depuis l'Iran pour alimenter ses centrales électriques, des importations couvrant 30% de ses besoins en électricité.
Et les échanges hors pétrole entre l'Iran et l'Irak se sont élevés à près de 5 milliards de dollars depuis mars 2024, selon des médias iraniens.
Pour le politologue irakien Ali al-Baidar, "l'Iran a besoin du marché irakien pour ses exportations, tout comme il a besoin des importations énergétiques irakiennes".
Au Kurdistan, les discussions de M. Pezeshkian devraient porter sur l'opposition kurde iranienne, installée dans cette région depuis des décennies et ciblée ces dernières années par des frappes de l'Iran.
En mars 2023, Téhéran a signé un accord de sécurité avec le gouvernement irakien qui s'est engagé à désarmer ces mouvements et à les éloigner de la frontière.
L'Iran les accuse d'introduire clandestinement des armes en provenance d'Irak et d'avoir encouragé les manifestations déclenchées par la mort en septembre 2022 de Mahsa Amini, après son arrestation par la police des moeurs iranienne.
E.Raimundo--PC