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Après la polémique, Radio France suspendu aux lèvres de Guillaume Meurice

Après la polémique, Radio France suspendu aux lèvres de Guillaume Meurice

Stop ou encore ? Sanctionné par sa direction, l'humoriste Guillaume Meurice doit faire dimanche soir son retour très attendu à l'antenne de France Inter, au terme de deux semaines agitées par sa blague polémique sur le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

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Signe de la tension qui entoure ses propos, dans le contexte très sensible du conflit entre Israël et le Hamas: cette émission, "Le grand dimanche soir", présentée par Charline Vanhoenacker, aura exceptionnellement lieu sans public, de 18h à 20h.

Une décision prise "pour la sécurité des équipes", selon le groupe public Radio France, à cause de menaces de mort reçues par Guillaume Meurice.

Point de départ de l'affaire: une blague qu'il a faite lors du précédent numéro, le 29 octobre. En évoquant des idées de "déguisement pour faire peur" à Halloween, il a suggéré un "déguisement Netanyahu", "une sorte de nazi mais sans prépuce".

Cette séquence a suscité nombre de réactions indignées d'auditeurs, qui y ont vu une dimension antisémite, et des saisines de l'Arcom, le régulateur de l'audiovisuel.

Elle a également valu à l'humoriste de 42 ans un "avertissement" de la direction de Radio France lundi, qu'il entend contester en justice.

- "Etanchéité" humour/info -

Cette sanction rare s'est doublée d'un message envoyé par la présidente du groupe public, Sibyle Veil, à l'ensemble des 4.000 salariés.

Elle y a rappelé "le devoir de responsabilité des médias, singulièrement d'un média de service public", dans le contexte géopolitique actuel.

"Cette exigence de responsabilité, de rigueur et de modération ne peut pas s'arrêter aux portes de nos rédactions, au risque de porter atteinte à tout le travail qui est fait", a-t-elle ajouté.

"L'époque est ainsi faite qu'une phrase malheureuse viralisée (sur les réseaux sociaux, NDLR) peut ternir le travail de toute une chaîne", a poursuivi Mme Veil.

Son argumentaire a surpris au sein de la rédaction.

"Il n'y a pas de malaise sur la chronique. Mais il y a des interrogations sur le fait que, dans son message, la présidente de Radio France mêle la rédaction à cette histoire de chronique", fait-on valoir à la Société des journalistes (SDJ) de France Inter, interrogée par l'AFP.

Pour les reporters sur le terrain, "c'est compliqué de travailler" sur ce conflit sensible, "mais pas plus qu'avant la chronique de Guillaume Meurice", a-t-on indiqué de même source, en soulignant "l'étanchéité" historique entre l'humour et l'information sur France Inter.

La SDJ d'Inter s'est en outre étonnée que le message de la direction ait été envoyé à l'ensemble des 4.000 salariés de Radio France, ce qui a "peut-être ajouté une pièce" dans la machine.

- Pas de mea culpa -

De source interne, la direction espérait que l'humoriste fasse un mea culpa, dans l'espoir de mettre fin à la polémique.

C'est ce qu'a fait Charline Vanhoenacker sur le réseau social X (ex-Twitter): elle a reconnu le 1er novembre que la "tension" actuelle avait "été mal jaugée", tout en condamnant la "violence" des accusations d'antisémitisme.

La veille, la directrice d'Inter, Adèle Van Reeth, avait confessé son "malaise" devant un humour "discutable" et un "choix des mots (...) particulièrement malvenu".

Pour sa part, Guillaume Meurice a estimé, lundi dans le journal Le Monde, qu'il n'avait "pas commis de faute", faisant valoir que "la limite, c'est la loi": "Je pratique l'humour, la caricature, la satire politique, et l'outrance en fait partie".

En plus de la scène, l'humoriste aux cheveux poivre et sel pratique l'exercice sur France Inter depuis 2012. C'est là qu'il a développé ses chroniques et ses micro-trottoirs satiriques, à l'humour engagé très à gauche.

En mai, il a attaqué en justice les éditions Le Robert après l'annulation de la publication d'un de ses livres qui écornait le milliardaire Vincent Bolloré. Le Robert est une filiale d'Editis et donc de Vivendi, groupe de M. Bolloré, aux opinions réputées ultra-conservatrices.

H.Portela--PC