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Procès des otages en Syrie: la perpétuité requise pour "oublier" le "sociopathe" Mehdi Nemmouche
Sans surprise, l'accusation a requis mercredi au procès des ex-otages du groupe Etat islamique (EI) en Syrie la réclusion criminelle à perpétuité contre Mehdi Nemmouche, ce "véritable sociopathe dénué de toute empathie" méritant une peine "qui protège définitivement la société".
"Face a ce criminel sans état d'âme, cet homme refusant de reconnaître contre l'évidence" son implication, "vous savez qu'il n'existe aucune lueur d'espoir", a déclaré l'avocat général Benjamin Chambre.
Les deux représentants du parquet antiterroriste avaient laissé peu de doute pendant ces huit heures de réquisitions sur la peine qu'ils réclameraient contre celui qu'ils ont défini comme l'"un des jihadistes les plus pervers et les plus cruels de ces dix dernières années", parmi les "plus dangereux" de France.
Ils ont demandé que la peine soit assortie de la période de sûreté maximale de 22 ans, pendant laquelle il ne pourra pas demander de libération anticipée.
Mehdi Nemmouche, qui jure n'avoir été que "combattant" de l'EI mais "jamais" geôlier, est "doté d'une véritable intelligence" doublée d'"une absence totale d'empathie et de remords", martèle pendant les réquisitions Benjamin Chambre.
Face à lui, l'accusé de 39 ans, pull gris, cheveux noirs et rasé de près, écoute, tranquillement accoudé au box.
A l'audience encore, ils ont été "formels", martèle l'avocat général: Mehdi Nemmouche est "sans l'ombre d'un doute" ce geôlier trop bavard qui leur disait "vous viendrez témoigner à mon procès", ce fan de l'émission "Faites entrer l'accusé" qui leur chantait du Charles Aznavour.
Celui qui idolâtrait Mohammed Merah et rêvait lui aussi de "fumer une petite juive", prenait plaisir à raconter comment il "violait les femmes et tuait les hommes" dans les villages chiites.
- "Déshumanisés" -
Dans la matinée, l'accusation avait commencé son réquisitoire en disant son "admiration" face au "courage" des otages ayant survécu au "Guantanamo à l'envers" et venus à la barre raconter leur supplice, "sans haine" mais pour "la justice".
Entre 2012 et 2014 et de "façon systématique", un total de 25 journalistes et humanitaires européens ou nord-américains avaient été enlevés en Syrie par le groupe naissant Etat islamique, dont 16 "sont revenus de l'enfer" alors que les autres ont été "sauvagement assassinés" dans des vidéos de propagande qui ont fait le tour du monde.
Sur place ils étaient "déshumanisés", appelés "par des chiffres" plutôt que leurs noms, "obligés d'imiter des cris d'animaux". Comme des milliers d'hommes et femmes syriens, eux "torturés des nuits entières sans interrogatoire, simplement pour les amener à la mort".
Mehdi Nemmouche n'a rien admis à l'audience.
"Où est-il le fier jihadiste si désireux de rentrer dans l'histoire ? Il se dérobe, il se cache, il se réfugie derrière une mystification de son engagement aux antipodes de son sadisme avéré", provoque l'avocat général.
Mehdi Nemmouche reste de marbre, laissant de temps en temps échapper un sourire.
Le magistrat rappelle qu'il n'avait pas non plus reconnu sa responsabilité au procès du musée juif en 2019. Il a été condamné à la perpétuité.
Ici principal accusé, il était pourtant loin d'être un haut responsable de l'EI en Syrie -un simple gardien, du "menu fretin", tacle Benjamin Chambre- et il faut "veiller à ne pas tomber dans l'écueil de la starification de cet homme qui ne le mérite pas".
"Nous ne retiendrons de lui que l'incarnation d'un jihad barbare", dit-il à la cour. Et pour "celui qui rêvait d'être l'un des héros de +Faites entrer l'accusé+, il conviendra, par votre décision, que vous fassiez oublier l'accusé".
S.Pimentel--PC