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A Mayotte, la gestion des déchets s'organise mais les difficultés demeurent
Des montagnes d'ordures en tout genre continuent de joncher des rues et routes de Mayotte. Près de deux semaines après le passage du cyclone Chido, le traitement des déchets tente de repartir mais d'importantes disparités demeurent.
A la sortie du village de Sada, dans le centre-ouest de l'archipel, l'air est irrespirable. La mini-déchèterie expérimentale du village a tenu bon malgré le cyclone.
"Ce site n'avait pas du tout vocation à être une déchèterie" classique, soupire Attoumani Ouirdane, responsable du service environnement et cadre de vie de la mairie de Sada.
Vêtu de son gilet orange aux rayures jaune fluo et de son masque, il coordonne les différents camions arrivant pour déverser tout ce qui a pu être ramassé dans les environs.
- Décharges sauvages -
"Ici, il y avait plutôt des déchets verts, de l'électroménager, des encombrants type fauteuil. Mais depuis le cyclone, il nous fallait bien collecter les déchets quelque part en attendant que les quais de transfert et l'ISDND (Installation de Stockage de Déchets Non Dangereux) de Dzoumogné soient de nouveau opérationnels", explique-t-il.
Le dispositif de gestion des déchets a fêté ses dix ans cette année. Il a remplacé des décharges sauvages qui étaient installées sur le territoire et est composé de l'ISDND et de quatre quais de transfert, répartis sur tout le territoire.
"Deux quais de transfert sont ouverts depuis hier (mercredi). L'ISDND ainsi que les deux autres quais étaient très endommagés", indique Houssamoudine Abdallah, président du Syndicat intercommunal d'élimination et de valorisation des déchets de Mayotte (Sidevam) et maire de la commune de Sada.
"C'est un travail qui va prendre des mois, mais dans une semaine, nous aurons de la visibilité", ajoute-t-il.
Le traitement des déchets semble donc prêt à être relancé. Habituellement, le Sidevam gère près de 250 tonnes de déchets par jour. Le Syndicat s'attend à ce que ce chiffre triple pendant cette gestion de crise. Plus de 20 camions de Vinci et Colas vont prêter main forte.
"Il était important de savoir où rassembler ces déchets. On a pris un peu de temps mais aujourd'hui, les points sont à peu près identiques dans toutes les communes, donc ça va pouvoir se mettre en place. Je pense qu'on va voir dans les jours qui viennent vraiment une différence", promet Maxime Ahrweiller, secrétaire générale pour les affaires régionales à la préfecture.
Mais sur le site du quai de transfert de Malamani, le réseau téléphonique n'est pas rétabli. "La communication a été un gros problème pour nous", souligne le président du Sidevam. "Aujourd'hui, nous devons aller plus vite car nous n'avons probablement que 1% des déchets ménagers qui sont là... Le travail est énorme".
Dans le village de Sada, le réseau Starlink attire tous ceux en quête de connexion. Les déchets ne semblent pas un problème: ils sont regroupés à des endroits précis et ne gênent plus la circulation.
- Déchets empilés -
Mais en faisant le tour du territoire, les situations sont différentes d'une localité à l'autre.
A Mamoudzou, tout n'a pas encore été débarrassé. Certaines ruelles restent inaccessibles. Au nord, lassés d'attendre, les habitants ont commencé à rassembler leurs déchets et à les brûler.
La secrétaire générale assure elle que les pouvoirs publics sont bien aux côtés des collectivités: "l'Etat peut intervenir à la demande, mais nous n'avons pas forcément besoin de l'armée. Nous avons de gros moyens déployés, des entreprises réquisitionnées, et pour l'instant la mobilisation dans les communes est plutôt exemplaire".
Si aux abords de la déchèterie de Sada, les odeurs sont pestilentielles, au cœur du village, à quelques kilomètres de là, routes et rues sont dégagées. Les déchets sont certes nombreux, mais empilés le long de la route nationale en petits tas, bien loin des nombreuses habitations en bord de mer.
"Dès le premier jour, nous nous sommes mis ensemble pour nettoyer les rues", raconte Némati Baco, étudiante de 22 ans.
La jeune fille, arrivée à Mayotte il y a deux mois pour un stage, devait rentrer dimanche à Lille, où elle étudie. "On m'a expliqué que je ne suis pas prioritaire. Je prends mon mal en patience. (...) Tout le monde s'entraide. Dès le deuxième jour, nous commencions à dégager les voies".
P.Mira--PC